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Rencontre longévitiste francophone: « La mort de la mort » (de vieillesse, c’est pour quand?)

Jeudi 25 février 2021 19 h 30 – 21 h 30 (heure de Paris)

Vous pouvez vous inscrire en suivant ce lien

Voici le lien zoom pour participer

Cette rencontre entre longévististes francophones est une occasion d’échanger sur le temps attendu, où « La mort de la mort » de vieillesse sera une réalité, inspirée peut-être par le livre de José Cordeiro, qui nous fera le plaisir de nous le présenter.

Déroulé de la rencontre:

19 h 30 – 20 h. Trois interventions

Olivier Roland: Introduction générale au longévitisme. Pourquoi? Pour quand? Pour qui?,

Didier Coeurnelle: Les principales pistes de réjuvénation. Quelques aspects scientifiques, politiques et sociaux

José Cordeiro présente le livre « La mort de la mort ». Livre coécrit avec David Wood qui sort ce début d’année en français et a déjà eu les honneurs de la presse.

Présentation de Heales (Virginie Stephenne, collaboratrice scientifique Heales) et présentation des 2 études de longévité soutenues par Heales (Marion Steenacker, conseillère scientifique Heales).

20 h – 20 h 40. Débat général animé par Virginie Stephenne, collaboratrice scientifique de Heales,

20 h 40 – 21 h 10 Deux groupes de discussion pendant 25 minutes, chacun partant d’un des intervenants, pour a) échanger des idées, b) plus de convivialité, c) si possible développer des propositions d’actions. 

21 h 10 – 21 h 20. Synthèses et conclusions.

Études financées par Heales: Effet du plasma de jeunes rats sur la durée de vie de rats vieillissants. 21 décembre 2020

Études financées par Heales: 

Effet du plasma de jeunes rats sur la durée de vie de rats vieillissants


Heales soutient deux expériences de réjuvénation de rats âgés grâce à des transfusions. La longévité maximale grâce à ces traitements sera mesurée pour la 1ère fois. Que les résultats soient positifs ou non, ils seront publiés. Pour accélérer ces recherches ou pour fermer des portes.


Aujourd’hui, malgré les progrès gigantesques de la médecine et de la recherche, nous ne savons pas encore comment être en pleine santé au-delà d’environ 85 ans. 

Le sujet de l’utilisation du plasma sanguin pour aborder la question de la longévité humaine est toujours controversé, et des entreprises comme Alkahest et Ambrosia ne sont jamais loin des gros titres. 

Les souris et les rats vivent aussi la vieillesse, mais bien plus tôt que nous, à partir de 2 ans environ.  Et ils ne dépassent jamais l’âge de 4 ans… 

Une  étude récente qui n’a pas fait l’objet d’un examen par les pairs, signée notamment par Harold Katcher et Steve Horvath, détaille une procédure de vieillissement inverse grâce à l’Elixir, qui est un produit dérivé du plasma. Du plasma de jeunes rats a été administré à des rats âgés de 2 ans et leurs indicateurs physiologiques durant le test étaient quasiment devenus ceux de rats de 6 mois. 

Les résultats, obtenus à l’aide d’horloges épigénétiques Horvath, ont montré une inversion de l’âge moyen de 54,2 % dans quatre tissus. Plus précisément, le rajeunissement des tissus hépatiques a été mesuré à 75 %, celui du sang à 66 %, celui du cœur à 57 % et celui de l’hypothalamus à 19 %. 

Cependant cette étude ne teste pas la longévité proprement-dite. C’est pourquoi l’organisation Heales a décidé de financer, par un montant assez modeste (2×25 000 dollars) mais utile, deux études sur la longévité maximale de ces animaux. L’une sera menée par le professeur Harold Katcher dans son laboratoire en Inde et l’autre est sous la direction du professeur Rodolfo Goya à l’Institut de recherche biochimique en Argentine. 

Sur la base des informations ci-dessus, nous avons décidé d’évaluer l’effet possible du plasma des jeunes rats sur la durée de vie des rats plus âgés (25 mois). Plus précisément, nous proposons de comparer la survie des vieux rats traités par voie intraveineuse avec du plasma jeune avec celle des témoins d’âge correspondant (non traités). Nous proposons également de prélever des échantillons de sang de tous les animaux, une semaine sur deux, afin de suivre l’évolution de l’âge épigénétique dans le temps. Comme évaluation fonctionnelle, nous prévoyons d’évaluer les performances de la mémoire spatiale avant le début du traitement et 3 mois après. Les tests cognitifs incluront une évaluation des performances motrices.

Il y a 15 ans déjà, cette piste surprenante dans la quête de la réjuvénation s’est ouverte avec les expériences réalisées par Irina et Michael Conboy et leurs collègues de l’université de Stanford. 


Pour le vérifier, son équipe avait relié temporairement le réseau vasculaire de souris jeunes à celui de souris âgées, comme s’il s’agissait de siamois, une opération chirurgicale complexe, nommée parabiose. Et ils ont constaté que les muscles et le foie des plus vieilles se régénéraient plus efficacement, tandis que l’inverse se produisait chez les souris jeunes.

Une nouvelle étude, menée par  Irina et Michael Conboy de l’université Berkeley, a révélé une nouvelle voie intéressante dans les efforts pour lutter contre les effets du vieillissement. Les recherches de l’équipe ont montré comment la dilution du plasma sanguin de souris plus âgées peut avoir un fort effet de rajeunissement sur les tissus et les organes, en réduisant la concentration de protéines inflammatoires qui augmentent avec l’âge.

La moitié du plasma des souris a été échangée contre une solution composée d’eau salée et d’albumine. Ceci a amélioré considérablement la santé des souris âgées. Les effets de rajeunissement sur le cerveau, le foie et les muscles étaient les mêmes ou plus importants que lors des premières expériences en 2005! 

Nous espérons également qu’Irina et Michaël Conboy, brillants chercheurs dans ce domaine, accepteront de tester la longévité des souris avec leur technique de dilution de plasma.

Attention, le financement de ces études ne signifie pas que l’asbl Heales soit certaine de résultats positifs. Au contraire, un effet important nous parait malheureusement assez peu probable. Mais, outre que nous adorerions avoir tort d’être pessimiste, dans le cas le plus probable ces études sur la longévité des rats visent à « fermer des portes », à déterminer quelles recherches doivent être poursuivies et lesquelles ont un impact limité (voire négatif). 

Pour en savoir plus sur le protocole utilisé lors de ces deux études, voici les documents correspondants: 

La mort de la mort. N° 141. Les cosmétiques et la longévité. Décembre 2020

L’être humain est composé à 50% de micro-organismes qui l’aident à fonctionner. Cette découverte va nous permettre, dans les années à venir, de mieux comprendre comment la peau nous protège, évolue et vieillit.

 Véronique Delvigne, Lancôme.


Thème du mois : Les cosmétiques et la longévité


L’histoire des cosmétiques

C’est avant tout l’histoire d’un regard, le regard que nous portons sur nous-mêmes, le regard que nous portons sur les autres. De la Préhistoire à nos jours, ce regard a changé, dictant des modes et édictant des règles qui tour à tour paraissent obsolètes ou, bien au contraire, le comble de la modernité. 

Tout cela a commencé il y a environ 12.000 ans lorsque les anciens Égyptiens ont découvert les capacités de guérison des huiles parfumées. À partir de ce moment, leur industrie cosmétique s’est développée, au point où elle est devenue une partie importante de leur religion. Les dieux ont été honorés par l’ensemble de la population avec une large utilisation des cosmétiques. Presque tout le monde a utilisé des huiles, des eyeliners et des produits similaires, pour améliorer l’apparence. Même si certains de leurs ingrédients étaient toxiques, l’attrait des cosmétiques n’a pas diminué.

Les cosmétiques ont trouvé aussi leur chemin en dehors de l’Égypte. Ils ont atteint une grande popularité en Grèce et à Rome. Dans la “ville éternelle”, il fut même un temps où les femmes n’étaient pas considérées comme belles si elles ne portaient pas de cosmétiques. Cela a conduit à l’inflation des prix. Des femmes riches ont investi des fortunes dans des produits cosmétiques coûteux en provenance de l’Inde et du Moyen-Orient. Cependant, à un moment donné, beaucoup ont commencé à les considérer comme extravagants et non nécessaires. Pour lutter contre l’épidémie des cosmétiques, le Sénat romain a promulgué la loi “LexOppia” de 189 avant J.-C qui interdit les expositions publiques de produits cosmétiques et de vêtements féminins extravagants dans toutes les villes de la République romaine.

L’âge des ténèbres en Europe a été l’époque où les cosmétiques ont presque disparu de la pratique publique. En raison de la tradition des prostituées d’utiliser des quantités excessives de cosmétiques pour cacher leur âge et exagérer leur beauté, les cosmétiques ont été totalement abandonnés par la majorité de la population européenne pendant des siècles. Les rois et les reines ont fait des déclarations publiques pour dire que le port de cosmétiques n’était pas décent, les responsables de l’Église ont répandu la croyance que les cosmétiques sont utilisés uniquement par les païens et les adorateurs de Satan et, pendant très longtemps, seuls les acteurs de scène étaient autorisés à les utiliser, mais seulement pendant leurs représentations.

La cosmétique en quête de science

Les cosmétiques et les produits de soin occupent une place importante dans notre quotidien. Ainsi, chaque jour, le consommateur belge utilise près de 18 grammes de produits de soins

Jadis, la noble dermatologie ignorait la futile cosmétique. Mais aujourd’hui la cosmétique se médicalise tandis que la dermatologie profite des innovations des industriels de la beauté. Témoin de ce rapprochement : l’essor du terme dermocosmétique (en anglais cosmeceutical), promu par les industriels comme caution médicale à leurs produits.

Le virage de la cosmétique vers la recherche a été entamé au début des années 80, quand les biologistes ont fait irruption dans un domaine jusque-là aux mains des chimistes et des pharmaciens, portant sur la peau un regard différent : non plus une simple barrière séparant le corps de l’extérieur, mais un véritable organe aux propriétés immunologiques, sensorielles et physiologiques complexes.

Une série d’innovations a rythmé ce virage vers la recherche : introduction en 1984 de la vitamine A acide, aujourd’hui molécule reine des anti-âges, premières cultures de peau en 1985 et, l’année suivante, lancement par Dior des liposomes, ces vésicules lipidiques qui transportent le principe actif jusqu’à la zone à traiter. Cette cascade d’innovations s’est accompagnée d’un envol des dépenses en recherche et développement. L’Oréal, numéro un mondial de la cosmétique, a ainsi triplé son budget de recherche en dix ans pour atteindre 985 millions d’euros en 2019. En moyenne, le secteur de la cosmétique dépense 4 % de son chiffre d’affaires en recherche et développement. Attention, cela reste cependant négligeable par rapport aux dépenses publicitaires.

Le point sur les dernières avancées anti-âge…

Décryptage biologique

Chaque année apporte son lot d’innovations quant au vieillissement de la peau. Mais les chercheurs font actuellement de telles découvertes que la cosmétique anti-âge pourrait s’en trouver complètement bouleversée : « Nous avons d’un côté le séquençage de l’ADN, de toutes nos cellules et de notre microbiome, qui nous donne de nouvelles informations capitales sur le fonctionnement de la peau. Et de l’autre, la bio-informatique qui nous permet aujourd’hui de compiler (via de super-ordinateurs) des milliards de données biologiques provenant d’études réalisées sur toute la planète, résume Véronique Delvigne, directrice de la communication scientifique de Lancôme.

Microbiome 2.0

Les connaissances évolutives sur le microbiome nous donnent une lecture totalement différente de notre fonctionnement et de celui de la peau en particulier. Nous savons aujourd’hui que nous sommes à 50% composés de micro-organismes (bactéries, levures, virus) et que ce microbiote nous protège des agressions, synthétise des antioxydants, renforce notre système immunitaire et aide à la cicatrisation. Il communique aussi avec toutes les cellules de notre corps, et donc de notre peau, pour leur dicter leur conduite. Chez L’Oréal, 9 centres de recherche et 50 chercheurs planchent déjà sur le sujet.

Pilotage microscopique

Le microbiote serait effectivement capable de contrôler nos déséquilibres internes, les zones d’inflammation, les brèches de la peau ou les attaques de radicaux libres. L’idée étant d’apprendre justement à piloter les micro-organismes pour qu’ils aillent réparer les zones abîmées ou irritées. La société Seed affirme que ses probiotiques seraient « dressés » pour se greffer sur les intestins et agir sur les zones enflammées au lieu de les traverser inutilement.

Kit de prévision du vieillissement

Aux États-Unis, la banalisation des kits de décodage ADN permet désormais de traiter le vieillissement dermatologique comme un classique problème de santé. L’état de la peau est décrypté non seulement à partir de son capital génétique, mais aussi de l’état de son microbiote du moment, de son moral et de son mode de vie… Les résultats donnent une vision de chacun à 360°, compressée sous forme d’une banque de données. Passée aux filtres de l’intelligence artificielle, cette base d’informations permet de prédire les zones à risque, les niveaux d’inflammation ou l’efficacité des différentes familles de probiotiques. À domicile, les kits permettent déjà de découvrir nos prédispositions à certaines allergies, maladies ou à la façon dont on va vieillir. Les tests de Lifenome, par exemple, sont supposés prédire une aptitude naturelle pour la course à pied ou une tendance à la ptôse cutanée avec, à la clé, des recommandations ultra-ciblées de fitness, nutrition ou soin de peau. Les kits d’EverlyWell, quant à eux, se concentrent sur les allergies alimentaires, les niveaux de DHA et le métabolisme du corps.

Crème anti-âge à base de sénolytiques

Les cellules sénescentes nuisent au fonctionnement et à la santé des tissus lorsqu’elles s’attardent et se multiplient, comme c’est le cas avec l’âge. Elles contribuent à l’inflammation chronique associée à la sénescence. Dans la peau, les cellules sénescentes sont très probablement responsables d’une fraction importante du vieillissement cutané, perçu comme plus problématique à partir de la cinquantaine.

Ainsi, OneSkin met à disposition un traitement sénolytique. Ceci des années avant l’approbation par la FDA de l’un des programmes visant à détruire les cellules sénescentes dans tout le corps.

Le collagène, la protéine qui maintient jeune

Le collagène est une protéine qui donne résistance et élasticité à la peau, aux os, aux muscles, aux cartilages et aux ligaments.

Elle est aujourd’hui l’objet d’un marketing intense : crèmes de beauté, boissons, poudres, compléments alimentaires. Évidemment ! Chacun aimerait être à nouveau bourré de collagène comme les enfants avec leurs joues douces, leur peau de pêche et leurs articulations souples.

Malheureusement, notre production de collagène décroît avec l’âge. De plus, les protéines de collagène présentes dans notre corps se dégradent sous l’effet des rayons solaires, de la pollution, des radicaux libres et de la malbouffe.

Le collagène, en particulier, est vulnérable à l’excès de sucre. Il s’abîme aussi beaucoup sous l’effet des AGE (Advanced glycation end-products). Les AGE sont des molécules toxiques contenues dans le « grillé » des viandes et des fritures, que nous consommons trop.

À cause du non-renouvellement du collagène, les personnes âgées subissent une sorte de délabrement général de l’organisme. Cela pose problème à tous les niveaux : ostéoporose, arthrose, vieillissement des tissus (rides).

Une des fonctions les plus connues (et les plus recherchées) du collagène concerne les rides. Une sur des femmes de 35 à 55 ans a montré une augmentation de l’élasticité de la peau en 4 semaines, sous l’effet d’un complément d’hydrolysat de collagène. Le même fabricant a fait une autre étude qui a montré une diminution des rides en huit semaines.

Le « bien-vieillir », une évolution de l’anti-âge avant d’aller plus loin ?

L’anti-âge est la tendance fondamentale du secteur qui se retrouve chez toutes les marques sous forme de crèmes de jour/nuit, sérums, masques, sprays, maquillage, etc. Les consommateurs sont amateurs de produits de soin permettant de réduire leurs rides, d’unifier et d’illuminer leur teint, d’atténuer les taches pigmentaires, en résumé : de limiter, voire réparer les signes de l’âge.

Cependant, les produits cosmétiques restent dédiés à un usage quotidien de surface qui permet d’améliorer l’apparence de la peau pour un temps limité. Ce ne sont pas des médicaments ou des actes chirurgicaux invasifs qui permettent d’inverser totalement les effets de l’âge. Les revendications anti-âge des marques sont d’ailleurs de plus en plus contrôlées avec des pays, comme les États-Unis, le Canada et de nombreux pays d’Europe, qui réglementent l’apparition de ces revendications sur les emballages et limitent l’étendue des termes utilisés.

La tendance actuelle est à l’acceptation de soi, au respect de son corps et à son accompagnement au quotidien dans le bien-être. Dans ce contexte, les articles se multiplient sur la notion de « bien-vieillir » qui vient nuancer le classique « anti-âge ».

Depuis des milliers d’années, les femmes et les hommes cherchent à préserver des ans l’irréparable outrage, pour leur apparence physique comme pour leur santé. La cosmétique n’a eu à ce sujet qu’un rôle … cosmétique. Pour aller plus loin, les connaissances, notamment en termes de génétique, d’analyse massive de données, de compréhension de l’ensemble des organismes qui nous composent, sont nécessaires à des avancées radicales pour une durée de vie en bonne santé beaucoup plus longue.


La bonne nouvelle du mois :


Les données massives dans le domaine de la santé sont de plus en plus interconnectées. Ceci est positif pour progresser contre les maladies liées au vieillissement. Il s’agit notamment de comprendre mieux pour mieux lutter contre la Covid 19 qui poursuit malheureusement sa croissance meurtrière ces dernières semaines.

L’évolution positive globale se remarque notamment:

En France, la  Plateforme des données de santé ou Health Data Hub permet la mise en commun de très nombreuses données de santé. Certains projets concrets progressent. Mais il faudrait plus de confiance du public. Ainsi, Emmanuel Bacry Chief Scientific Officer du Hub, déclarait le 9 décembre 2020: << Je pense que c’est extrêmement important de bien expliquer aux citoyens ce que cela signifie de partager les données, leur expliquer vraiment quel serait le véritable risque du partage de données, mais aussi son avantage, qu’est-ce qu’on peut en espérer. (…) Il peut y avoir des fantasmes positifs. Grâce à l’intelligence artificielle, je vais vivre jusqu’à 200 ans. Il y a des fantasmes négatifs. Mes données vont être prises par les sociétés d’assurance et on va m’évaluer, me noter. »

En Finlande, depuis quelques mois, l’ensemble des données de santé sont reliées via un organisme public appelé FinData. Il faut noter le vaste consensus qui existe lorsque les garanties de la puissance publique, de l’intérêt scientifique et de l’absence d’intérêt commercial sont intégrés dans le projet. Le système prévoit que les citoyens qui le souhaitent peuvent ne pas être « répertoriés (« opt out »). Mais, au 10 novembre 2020, moins de 200 personnes sur environ 6 millions de citoyens finnois ont souhaité que leurs données ne soient pas accessibles – selon Johanna Seppänen, directrice de l’institution.

Au niveau européen, les avancées concernant « l’espace européen de données » sont rapides. Un texte relatif à de nouvelles règles pour le partage de données au sein de l’Union est en cours d’élaboration, avec un texte relatif à la santé projeté pour début 2021. L’avancée la plus positive est peut-être plus en termes d’idées qu’en termes techniques. L’union européenne propose un nouveau concept celui de « base de données altruiste » géré par des organisations sans but lucratif.

Aux États-Unis, le projet « All of Us » a pour but de mettre en commun des données étendues de santé d’un million de volontaires. Des résultats liés aux échantillons biologiques de 270.000 personnes déjà actives sont depuis peu accessibles aux chercheurs et aux volontaires eux-mêmes.


Pour en savoir plus :

La mort de la mort N° 140 Les tests cliniques et la longévité. Novembre 2020.

Il serait plus utile de trouver comment rendre définitivement notre génome à l’abri de tous les soucis plutôt que de rechercher des solutions palliatives.

Certains spécialistes de l’éthique croient être seuls sur ce qu’ils pensent être la bonne voie du progrès ! La voie lente qui laissera derrière elle des milliards de morts faute de soins préventifs/curatifs que des modifications du génome auraient permis.

Cette vision m’exaspère, car les malades ont besoin de solutions concrètes et non de bobards moraux.

Arnaud D. Militant longévitiste, courriel privé en novembre 2020.


Thème du mois : Les tests cliniques et la longévité


 

Essais cliniques

Les essais cliniques constituent une phase essentielle du développement des nouveaux médicaments. À mi-chemin entre la recherche en laboratoire, sur des cellules en culture ou des animaux (rongeurs, singes…), et la prise en charge du patient, ce long processus se déroule en plusieurs phases et permet de s’assurer que les bénéfices soient supérieurs à d’éventuels risques. C’est un élément indispensable dans l’élaboration des données massives pour la santé et la longévité.

Les essais cliniques permettent notamment de déterminer les populations pour lesquelles le médicament est le plus efficace et les conditions optimales d’utilisation (voie d’administration, concentration, posologie, …). Il existe trois phases dans ces essais cliniques, nécessaires avant que la molécule puisse être autorisée à la vente comme médicament ; plus une quatrième après la commercialisation du produit.

Phase 1, l’évaluation de la toxicité de la molécule

L’essai clinique de phase 1 correspond à la toute première utilisation d’une nouvelle molécule chez l’homme. Elle peut éventuellement donner lieu à rémunération. La molécule est testée sur une période courte, de quelques jours à quelques mois et sur un nombre restreint de personnes, pas plus de quelques dizaines.

L’essai de phase 1 a pour objectif de procéder à une évaluation à court terme de la sécurité d’emploi du produit, c’est-à-dire son éventuelle toxicité, son devenir à court terme dans l’organisme et un premier profil pharmacocinétique.

En France, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) établit que, dans ce type d’essai de première administration, « la première dose administrée de la nouvelle substance active ne doit entraîner aucun effet toxique détectable à court terme ». Selon le Leem (association des entreprises du médicament), 30% des produits testés échouent à passer cette première phase.

Phase 2, l’efficacité et la posologie optimale étudiées

Une fois la toxicité étudiée, c’est l’efficacité du produit qui est évaluée dans les essais de phase 2. Ce type d’essais est réalisé sur de petits groupes homogènes de 10 à 40 patients atteints de la maladie ciblée sur une durée allant de quelques mois à 2 ans. Il s’agit notamment de déterminer la posologie la plus adéquate, la plus petite dose efficace pour une pathologie donnée, et d’optimiser la forme pharmaceutique du produit. Seulement un tiers des produits testés franchiraient les essais de phase 1 et 2.

Phase 3, l’étude du rapport bénéfice/risque du candidat médicament

Le candidat médicament est, cette fois, testé sur un large échantillon de patients (au moins plusieurs centaines), souvent dans des études à l’échelle internationale.  Il s’agit là de comparer le médicament en développement à un placebo (un médicament dénué d’activité thérapeutique) ou à un autre médicament ayant déjà fait ses preuves. Idéalement cette phase doit être effectuée avec des groupes composés de manière aléatoire. L’objectif est de prouver l’efficacité et d’évaluer les rapports d’efficacité/tolérance et de bénéfices/risques de la molécule. Cette étape doit également permettre la mise en évidence d’éventuelles interactions avec toute autre médication simultanée.

C’est seulement après ces étapes de validation de la molécule que le médicament peut éventuellement obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM). Entre 70% et 90% des médicaments entrant en phase 3 sont retenus pour une demande d’autorisation de mise sur le marché.

Phase 4, un suivi de longue durée après commercialisation

Cette étape supplémentaire est une phase de suivi du médicament désormais commercialisé. Les essais sont réalisés tout au long de la commercialisation du médicament et permettent d’approfondir la connaissance du produit en conditions réelles d’utilisation et de détecter les effets indésirables plus rares qui ne peuvent être détectés avant.

Réglementation européenne

Le règlement européen EU 536/2014 relatif aux essais cliniques (CTR), qui est entré en vigueur en 2019, entraîne un changement de taille pour les chercheurs européens. Les objectifs principaux de ce changement important dans la législation sont une simplification administrative et une harmonisation au niveau européen.

Via un portail central de l’UE, une seule demande (CTA, clinical trial authorization) devra être introduite par essai clinique par le promoteur de tous les États Membres prenant part à l’essai clinique. Un seul des États Membres sera désigné par le promoteur comme “État Membre Rapporteur” qui évalue la demande de façon centralisée et délivre ensuite un seul avis au promoteur et aux autres États Membres concernés.

Situation aux États-Unis

La Food and Drugs Administration (FDA), une agence du ministère américain de la santé et des services sociaux, protège la santé publique en assurant la sûreté, l’efficacité et la sécurité des médicaments à usage humain et vétérinaire, des vaccins et autres produits biologiques à usage humain, ainsi que des dispositifs médicaux.

Au cours des dernières décennies, la FDA a encouragé des pratiques d’inscription qui conduiraient à des essais cliniques reflétant mieux la population la plus susceptible d’utiliser le médicament si celui-ci est approuvé, principalement en élargissant les critères d’admissibilité. Malgré ces efforts, les difficultés de participation aux essais cliniques demeurent, et certains groupes continuent d’être sous-représentés dans de nombreux essais cliniques, notamment les personnes les plus âgées.

Il faut noter que le site Clinical Trials de la Bibliothèque nationale américaine de médecine est la référence officielle pour les tests cliniques déclarés qui se produisent où que ce soit dans le monde.

Comités d’éthique

La notion de protection des personnes dans les pratiques de recherche apparaît dans les années 1930. Après la Seconde Guerre mondiale, suite aux expérimentations atroces faites par des médecins nazis et de criminels de guerre japonais, une prise de conscience internationale s’opère en matière d’éthique des expérimentations humaines pour la protection des individus.

En 1947, le Tribunal international de Nuremberg a défini un code fait de dix règles, et universellement connu sous le nom de « Code de Nuremberg ». Ce Code « reconnaît » que l’expérimentation sur l’homme « pour le bien de la société » est admissible et stipule que « le consentement volontaire du sujet humain est absolument essentiel ». Suivent en 1949, le Code international d’éthique médicale, et en 1964, la Déclaration d’Helsinki.

La plupart des pays où sont conduites des recherches cliniques possèdent actuellement leurs comités d’éthique à l’instar des pays de la communauté européenne et des États-Unis. Malheureusement, les autorisations éthiques sont souvent lentes et diffèrent encore même au niveau de l’union européenne selon les pays (et même parfois selon les régions). Conséquence: même en temps de Covid, certaines recherches sont encore considérablement ralenties.

La loi d’Eroom

La « loi » d’Eroom est l’observation que la découverte de médicaments devient plus lente et plus coûteuse au fil du temps, malgré les améliorations technologiques, une tendance observée pour la première fois dans les années 1980.

Le coût de développement d’un nouveau médicament double en gros tous les neuf ans (corrigé de l’inflation). Le coût actuel de développement d’un médicament basé sur une nouvelle substance est estimé à un milliard de dollars ! Afin de souligner le contraste avec les progrès exponentiels d’autres formes de technologie au fil du temps, cette conjecture a été délibérément qualifiée de loi de Moore à l’envers.

Auto-expérimentations

Le célèbre généticien George Church ne voulait pas attendre les résultats des essais cliniques. Dans ce qui semble être la première initiative de vaccin « science citoyenne », Preston Estep et au moins 20 autres chercheurs, technologues ou passionnés de science, dont beaucoup sont liés à l’université de Harvard et au MIT, se sont portés volontaires comme « rats de laboratoire ».

Pour mettre au point un vaccin, le groupe, qui se nomme Rapid Deployment Vaccine Collaborative, ou Radvac a étudié les rapports sur les vaccins contre le SRAS et le MERS, deux autres maladies causées par les coronavirus. L’objectif est de trouver « une formule simple que vous pourriez fabriquer avec des matériaux facilement disponibles », explique M. Estep. Ce vaccin, administré par voie nasale, pourrait créer ce que l’on appelle une immunité muqueuse, c’est-à-dire des cellules immunitaires présentes dans les tissus des voies respiratoires. Cette immunité locale pourrait constituer une défense importante contre le SRAS-CoV-2. Mais contrairement aux anticorps qui apparaissent dans le sang, où ils sont facilement détectables, les signes d’immunité muqueuse pourraient nécessiter une biopsie pour être identifiés.

Essais cliniques. Comment faire avancer la médecine. Le consentement, condition parfois un peu fictive.

Sans essai clinique, pas de nouvelles méthodes thérapeutiques, pas de nouveau médicament. Chaque année, des milliers de citoyens s’engagent dans des essais cliniques visant à tester de nouveaux médicaments.

Les essais cliniques doivent être menés sous la direction et la surveillance d’un médecin qui  doit clairement informer le volontaire et obtenir son consentement « éclairé »  sur l’objectif de la recherche, sa méthodologie, les bénéfices attendus, les contraintes et les risques prévisibles et le droit de refuser de participer à une recherche. Toute personne ayant consenti à participer à une recherche est libre de retirer son consentement à tout moment, et donc de stopper sa participation à la recherche.

La loi énonce clairement que l’intérêt des personnes se prêtant à une recherche clinique prime toujours sur ceux de la science et de la société. Dans ce domaine, nous sommes passés d’un extrême à l’autre, des abus de l’expérimentation humaine à des dispositions où même ceux qui acceptent de prendre des risques de manière informée pour le bien commun n’ont pas le droit le faire. Par ailleurs cette législation extrêmement lourde ne nuit pas à certains intérêts privés. Seules les grandes sociétés pharmaceutiques sont capables de réaliser les tests et de rémunérer les juristes et personnels administratifs coûteux et chronophages. Les petits concurrents sont donc éliminés (ou absorbés), quelle que soit la valeur de leurs idées.

Enfin, il faut faire remarquer que, pour des personnes gravement malades à l’hôpital à qui on propose un traitement expérimental, quoi qu’il arrive, le consentement éclairé se résume au mieux à « Nous vous proposons un traitement pour lequel nous pensions que vous avez plus de chances de survie (ou d’amélioration). Vous êtes libres de courir cette chance ou d’augmenter vos risques de mourir ». Comme le patient  restera quand même dans le même établissement s’il refuse, même si le médecin est de parfaite bonne foi, cela limite le caractère « libre ».

Question de brevets et intérêts financiers (exemple belge)

En 2018, 162 demandes de brevets pour des médicaments et/ou vaccins ont été introduites en Belgique (+ 30 % par rapport à 2017), 507 nouvelles études cliniques ont été démarrées et 1.399 études de médicaments ont été menées. L’an passé, près de 3,6 milliards ont été investis dans la recherche en Belgique par les entreprises (bio)pharmaceutiques.

Trois essais cliniques sur quatre (77 %) sont organisés et financés par les entreprises (bio)pharmaceutiques elles-mêmes. Les 23 % restants sont effectués à l’initiative du secteur académique ou public. Cette proportion de financement privé est l’une des plus élevées en Europe. Les investissements publics directs pour la santé sont faibles. Les aides fiscales, sociales et autres permettant la privatisation de la recherche sont nombreuses.

Et les conséquences pour les recherches de longévité ?

Mesurer l’impact de thérapies pour des personnes âgées est complexe. Obtenir leur consentement « éclairé » est bien souvent impossible, notamment pour la lutte contre les maladies neurodégénératives.

Effectuer des tests cliniques pour lutter contre le vieillissement sera difficile notamment parce que des décès ou accidents lors de tests cliniques inspirent des craintes. Or, par définition, avec ou sans traitement, la mortalité et la morbidité seront plus élevées chez des sujets âgés.

Pourtant, comme nous l’avons vu pour les recherches relatives à la Covid, permettre une vie plus longue des personnes les plus âgées et les plus fragiles peut devenir une priorité presque absolue, même à un coût économique considérable. La confiance est globalement plus grande lorsque les recherches sont effectuées par des organisations sans but lucratif (publiques ou non), menant à des résultats de recherches pouvant bénéficier à tous, sans implication commerciale.

Il existe des millions d’hommes et de femmes jeunes, âgés, très âgés qui sont prêts à donner leur consentement éclairé (ou qui y étaient prêts lorsqu’ils étaient encore pleinement conscients) pour des progrès de longévité en bonne santé, même s’ils ne sont pas certains d’en bénéficier directement. De toute façon, en cas de traitement expérimental, ces personnes bénéficieront d’un suivi très détaillé, ce qui sera déjà presque toujours favorable à leur santé.


La bonne nouvelle du mois : Progressions pour les traitements de la Covid-19


Dans plusieurs pays dont la France et plus encore la Belgique, la mortalité globale de 2020 sera malheureusement supérieure à celle de 2019.

Heureusement, en cette fin d’année, les gigantesques efforts pour la recherche de vaccins permettent maintenant à des produits d’être utilisés non plus en phase test, mais sur la population générale, avec une efficacité forte annoncée et peu d’effets secondaires. Parmi les plus de 300 vaccins en développement dans le monde, trois sont déjà administrés à la population générale (deux en Chine et un en Russie) et trois approchent de ce stade pour le reste du monde (vaccins de consortia comprenant respectivement Pfizer, AstraZeneca et Moderna).

Nul doute que des discussions complexes s’annoncent à propos des choix, des prix ou des oppositions antivaccinales. Pour en arriver au stade où nous en sommes aujourd’hui, le chemin a pu paraître long. Cependant l’épidémie a moins d’un an. Jamais un vaccin contre un virus de la famille des coronavirus n’avait été réalisé avant celui-ci. Le développement d’un vaccin nouveau prend normalement des années.

Au rayon des nouvelles positives plus « incrémentales », grâce à la meilleure connaissance de la maladie et des thérapies, notamment pour les soins intensifs, la mortalité a diminué assez lentement, mais régulièrement pour les patients atteints.


Pour en savoir plus :

La mort de la mort N° 139. Les longévitistes les plus (re)connus. Octobre 2020

Moi, personnellement, si il y a des technologies qui permettent de prolonger ma vie, et que j’y ai accès, oui, je ferais le choix de les utiliser. Mais je pense aussi qu’il va justement aussi y avoir des questions individuelles parce qu’au nom de cette liberté, on va aussi créer des inégalités entre les êtres humains. (…) Il va y avoir un moment radical (par) la conjonction entre la thérapie génique  et la nanotechnologie (…) qui fait qu’on va avoir des traitements non seulement extrêmement performants pour traiter les maladies liées au vieillissement, mais aussi peut-être même pour stopper le vieillissement

Corinne Narassiguin, femme politique française, numéro 2 du Parti socialiste, notamment à propos des moyens envisageables pour que ces thérapies soient accessibles un jour à tous ceux qui le souhaitent.


Thème du mois : Les longévitistes les plus (re)connus


Évidemment, le choix ci-dessous est subjectif. C’est un tour d’horizon de quelques-uns des femmes et des hommes attachés à rendre possible une vie beaucoup plus longue et en meilleure santé. Ils se sont exprimés derrière les éprouvettes, dans leurs recherches académiques, mais aussi devant des caméras. La diversité de leurs approches illustre la difficulté et la richesse du travail dans ce domaine qui nous concerne tous.

Aubrey De Grey 

Aubrey de Grey, est un scientifique anglais, ancien informaticien à l’université de Cambridge et au départ autodidacte en biogérontologie. Il vit aujourd’hui en Californie.

Inspiré par la « théorie mitochondriale du vieillissement » émise par le Dr Denham Harman en 1972, il élabore le projet baptisé SENS (Strategies for Engineered Negligible Senescence) destiné à prévenir le déclin physique et mental lié au vieillissement.

Il propose de développer un moyen de régénérer les tissus cellulaires permettant de rajeunir et d’étendre l’espérance de vie humaine sans limitation de durée. Il aurait identifié sept causes du processus de vieillissement qui doivent être contrées afin de mener à bien ce projet.

Sur sa carrière passée d’informaticien (puis de bio-informaticien en génétique), Aubrey de Grey déclare :

Il y a des différences vraiment importantes entre le type de créativité d’un scientifique et celui d’un ingénieur technique. Cela signifie que je suis capable de penser de plusieurs manières très différentes, et de me retrouver avec des approches des choses qui sont différentes de la manière de penser d’un scientifique normal.

En 2007, il écrivit un livre, Ending Aging, avec Michael Rae, qui résume les enjeux scientifiques, politiques et sociaux du projet SENS. Il est le rédacteur en chef de la revue Rejuvenation Research. C’est aussi un génie multiple, capable à l’occasion de résoudre un problème mathématique resté sans solution pendant des décennies.

Irina Conboy

Irina Conboy est professeure à l’université de Californie, Berkeley, dans le département de bio-ingénierie. Sa découverte des effets rajeunissants du sang jeune par la parabiose dans un article fondateur publié dans Nature en 2005 a ouvert la voie à un domaine florissant de la biologie du rajeunissement. Son époux, Michael Conboy, travaille avec elle.

Une étude publiée en mai dans la revue Aging montre que des effets similaires d’inversion de l’âge peuvent être obtenus en diluant simplement le plasma sanguin de vieilles souris sans recours à du sang jeune.

Chez l’humain, la composition du plasma sanguin peut être modifiée par une procédure clinique appelée échange thérapeutique de plasma, ou plasmaphérèse, qui est actuellement approuvée par la Food and Drug Administration aux États-Unis pour le traitement de diverses maladies auto-immunes.

David Sinclair

David Sinclair est un biologiste australien qui est professeur de génétique et co-directeur du Paul F. Glenn Center for the Biology of Aging à la Harvard Medical School.

Il est connu pour ses recherches sur le vieillissement, il a été notamment nommé officier de l’Ordre d’Australie (AO) pour « services éminents rendus à la recherche médicale sur la biologie du vieillissement et de l’allongement de la durée de vie, en tant que généticien et universitaire, aux initiatives de biosécurité et en tant que défenseur de l’étude des sciences ».

Le Dr Sinclair est co-fondateur de plusieurs sociétés de biotechnologie (Sirtris, Ovascience, Genocea, Cohbar, MetroBiotech, ArcBio, Liberty Biosecurity) et siège au conseil d’administration de plusieurs autres. Il est également co-fondateur et co-rédacteur en chef de la revue Aging.

Il travaille notamment sur des substances appe­lées sirtuines, une classe d’en­zymes qui agissent comme des « agents de la circu­la­tion », mobi­li­sant un grand nombre de protéines afin de répa­rer et défendre les cellules.

Miroslav Radman

Miroslav Radman aime les paradoxes. Dans la même phrase, ce scientifique rigoureux, passionné d’art et chanteur dans une chorale, explique avoir créé, à Split, dans une ancienne caserne militaire croate, l’Institut méditerranéen des sciences de la vie (MedILS), qui fonctionne avec un esprit « collège » mais comme un jazz-band !

Ancien chercheur à Harvard, mais aussi à Zagreb et à Bruxelles, il a été récompensé de nombreux prix scientifiques, dont le Grand prix de l’Inserm. Il est professeur de biologie cellulaire à l’université Paris Descartes, et membre de l’Académie nationale des sciences. Il est par ailleurs auteur du “Code de l’immortalité”.

Ce célèbre biologiste-généticien cherche à révolutionner les études sur le vieillissement. Après avoir travaillé sur l’ADN et les gènes, mais aussi sur la bactérie extrémophile et hyper-résistante Deinococcus radiodurans, il décrypte nos bactéries et nos protéines réparatrices. Ouvrant une voie vers de nouvelles thérapies pour les maladies dégénératives et cancéreuses.

Steve Horvath

Steve Horvath est un chercheur, généticien et biostatisticien germano-américain spécialisé dans le vieillissement. Il est professeur à l’université de Californie à Los Angeles, connue pour avoir développé l’horloge de vieillissement qui porte son nom, qui est un biomarqueur moléculaire très précis du vieillissement, et pour avoir développé l’analyse de réseau de corrélation pondérée.

Selon lui: Une fois que nous saurons comment mesurer avec précision le vieillissement, nous pourrons l’étudier et le vaincre.

Il travaille sur tous les aspects du développement de biomarqueurs, en particulier les biomarqueurs génomiques du vieillissement. Il a développé un biomarqueur multi-tissus très précis du vieillissement connu sous le nom d’horloge épigénétique.

Nir Barzilai

Le docteur Nir Barzilai est directeur fondateur de l’Institute for Aging Research de l’Albert Einstein College of Medicine de New York.

Je pense que la prévention du vieillissement est vraiment une bonne chose. … et je pense que la vie va être très différente dans la prochaine décennie grâce à nos progrès.

À son agenda est inscrite depuis plusieurs années la mise au point d’un essai clinique unique au monde qui vise à montrer qu’une molécule peut retarder l’apparition de toutes les maladies dont l’incidence augmente avec l’âge. Son nom : la metformine, un médicament très connu qui diminue la résistance à l’insuline dans le traitement du diabète de type 2.

L’étude TAME (Targeting Aging with METformin) est financée par une association à but non lucratif, l’AFAR (American Federation for Aging Research). « Personne ne gagnera d’argent si ce médicament prouve son efficacité car la metformine est un générique qui coûte quelques centimes la dose seulement ».

Cynthia Kenyon 

Cynthia Kenyon est une biologiste moléculaire américaine qui étudie la génétique du processus de vieillissement (gérontogenèse).

Kenyon a étudié la chimie et la biochimie et a fait ensuite son doctorat en 1981 au Massachusetts Institute of Technology.

A Cambridge, elle a étudié les gènes Hox, actifs dans la morphogenèse chez la drosophile. Elle a dirigé ensuite le centre Hillblom de l’UCSF de biologie du vieillissement à San Francisco.

Elle a notamment démontré qu’en agissant sur un seul gène (nommé daf-2) et en détruisant les cellules du système reproducteur, la durée de vie du nématode Caenorhabditis elegans pouvait être multipliée par 6, de moins de 3 semaines à 4 mois.

Madame Kenyon est actuellement employée par Google Calico, en tant que vice-présidente Aging research et chercheuse sur le vieillissement.

Brian Kennedy

Brian Kennedy est internationalement reconnu pour ses recherches sur la biologie du vieillissement et pour son travail visant à traduire les découvertes de la recherche en de nouveaux moyens de retarder, détecter et prévenir le vieillissement humain et les maladies qui y sont associées. Il travaille actuellement à Singapour. De 2010 à 2016, il a été le président et le directeur général du célèbre Institut Buck, où il est toujours professeur.

Notre travail sur de multiples modèles animaux montre que les processus qui entraînent le vieillissement sont conservés chez les espèces. L’étude de ces voies communes permet de développer des thérapies qui ralentiraient le processus de vieillissement, prévenant ainsi les maladies chroniques.

Jean-Marc Lemaître

Le biologiste Jean-Marc Lemaître est né le 14 octobre 1963. Enfant, il se plaît à observer les mares de sa région natale, la Picardie, pour y étudier les transformations des tritons et des têtards. Une passion qui le conduira à effectuer des études en biologie du développement. Chargé de recherches à l’Institut de Génomique fonctionnelle (Inserm/CNRS/Université de Montpellier), il tente de démontrer que le vieillissement est réversible.

Il y parvient en novembre 2011 et publie ses travaux sur le rajeunissement des cellules dans la revue américaine Genes and Development.

C’est une réussite clinique considérable  commente Jean-Marc Lemaître.  Si nous sommes capables de retarder le vieillissement des cellules, peut-être allons-nous alors parvenir à retarder le développement de certaines pathologies.

Maria Blasco

Le Dr Blasco est une biologiste moléculaire dont les principaux intérêts, depuis l’époque de ses études universitaires, sont le cancer et le vieillissement. Après avoir obtenu son doctorat au Centre de biologie moléculaire de Madrid, elle a déménagé à Cold Spring Harbor, New York, pour travailler comme chercheur post-doctoral dans le laboratoire du Dr Carol Greider, la même Carol Greider qui a co-découvert la télomérase avec Elizabeth Blackburn en 1995.

À l’époque, le lien entre le cancer, le vieillissement et la télomérase n’était qu’une simple hypothèse qui restait à prouver, et Blasco a entrepris de cloner le gène de la télomérase murine et de créer des souris knock-out pour la télomérase afin d’étudier les effets que le manque d’enzyme provoquerait chez les animaux.

George Church

Aussi barbu, surdoué et souvent aussi anticonformiste qu’Aubrey de Grey, George Church est un Américain, chimiste, généticien et ingénieur en biologie moléculaire, notamment connu pour un livre Regenesis, co-écrit avec Ed Regis, sous-titré « Comment la biologie synthétique va réinventer la nature et nous-mêmes » qui présente un futur où le génie génétique aurait amélioré la santé humaine et animale, accru notre intelligence, notre mémoire et allongé notre vie.

Il a repris une liste de 400 gènes iden­ti­fiés comme poten­tiel­le­ment respon­sables de la longé­vité chez l’homme et l’a rame­née à 45. Aujourd’­hui, il déve­loppe diffé­rentes tech­niques afin de cibler des combi­nai­sons de ces gènes.  Notre but prin­ci­pal est d’in­ver­ser le proces­sus du vieillis­se­ment, explique Church. Nous savons qu’en boule­ver­sant les règles, nous pouvons augmen­ter l’es­pé­rance de vie de deux ans et demi chez les rongeurs et de 200 ans chez les baleines boréales. 

Le séquençage des gènes, ajoute-t-il, est presque 3 millions de fois moins coûteux qu’il y a dix ans. Cela nous permet de recou­rir à la biolo­gie de synthèse et nous ne sommes plus restreints par les limites des êtres vivants. 

Les travaux de Church sont finan­cés en partie par l’Ins­ti­tut Wyss. Le scien­ti­fique a égale­ment reçu des fonds de la part de Google et de Peter Thiel.

Laura Deming

Laura Deming est biologiste et fondatrice de The Longevity Fund, la première société de capital-risque à se concentrer sur les entreprises qui travaillent à prolonger la durée de vie des êtres humains en bonne santé et à lutter contre les maladies liées au vieillissement grâce à la biotechnologie.

Elle a fait ses premières armes en biologie en Nouvelle-Zélande, où elle a fait ses études à la maison, puis est partie aux États-Unis pour travailler dans un laboratoire de biologie de l’UCSF à l’âge de 12 ans. À 14 ans, elle était déjà étudiante en physique au MIT.

Elle décrit ainsi la naissance de son engagement :

Je me souviens d’une fois où ma grand-mère est venue nous rendre visite. Je n’avais jamais fréquenté quelqu’un de plus de 60 ans auparavant. (…) Pour ma grand-mère, seulement se lever d’une chaise, c’était vraiment douloureux. (…) je me rappelle avoir demandé à mes parents quelle maladie était-ce. Ils m’ont dit : elle n’est pas atteinte d’une maladie, elle est vieille. Je leur ai demandé  quelle maladie c’était d’être vieux. Ils m’ont dit : « Oh, non, non, tu ne comprends pas, c’est un processus naturel. » Et en tant qu’enfant, vous vous dites : « C’est stupide. Pourquoi y a-t-il un processus naturel que nous devrions tous attraper, une maladie qui nous rend tellement abimés ? »

Alex Zhavoronkov

Alex Zhavoronkov, est le fondateur et le PDG de Deep Longevity, Inc, une entreprise mondiale qui développe une large gamme de biomarqueurs du vieillissement et de la longévité basés sur l’intelligence artificielle. Il est également le fondateur et le PDG d’Insilico Medicine, leader dans les technologies d’intelligence artificielle pour la découverte de médicaments et le développement de biomarqueurs.

Depuis 2015, il a inventé des technologies critiques dans le domaine des “réseaux adversaires générateurs” (GAN) et de l’apprentissage par renforcement (RL) pour la génération de nouvelles structures moléculaires ayant les propriétés souhaitées et la génération de données biologiques synthétiques et de données sur les patients. Il a également été le pionnier des applications des technologies d’apprentissage approfondi pour la prédiction de l’âge biologique humain à l’aide de multiples types de données, le transfert de l’apprentissage du vieillissement vers la maladie, l’identification des cibles et la modélisation des voies de signalisation.

Une liste certainement incomplète et quelques « coups de coeur »

Choisir c’est renoncer. Nous aurions pu écrire également à propos de bien d’autres chercheurs. Ils sont des milliers à lutter jour après jour pour réparer des ans l’irréparable outrage. Le brillant Greg Fahy et ses études sur le thymus,  Josh Mitteldorf et son Data-Beta Project d’étude des effets cumulés de thérapies de longévité, Michael Rose, qui travailla sur la notion de pléanthropie antagoniste, William Andrews, le spécialiste des télomères qui court également des ultra-marathons, la controversée Liz Parrish de BioViva qui a expérimenté sur elle-même des thérapies géniques, les spécialistes des (super)centenaires et de la démographie dont Jean-Marie Robine et le couple Gavrilov.

Il y en a encore bien d’autres moins connus : les centaines de collaborateurs des scientifiques déjà cités, Sven Bulterijs, coprésident de Heales qui chaque mois réalise une revue des nouvelles de la longévité, Ilia Stambler, le meilleur historien des sciences de la longévité auteur du monumental Longevity A History of Life-Extensionism in the Twentieth Century, Kevin Perrott et son organisation Open Cures, Alexandra Stolzing qui s’efforce de rajeunir des souris avec conviction et discrétion, Guilhem Velve Casquillas, créateur du site LongLongLife et de multiples entreprises, la russe Maria Konovalenko, scientifique, activiste et photogénique travaillant, comme beaucoup d’autres dans la Silicon Valley, Laurent Simons, l’enfant belge surdoué qui a 9 ans voulait faire vivre ses grands-parents pour toujours, 


La bonne nouvelle du mois : Eurosymposium on Healthy Ageing 2020


La 5ème édition de l’Eurosymposium a eu lieu en ligne le 1er Octobre 2020 à l’occasion de la journée internationale des personnes âgées. 

Cet événement a réuni des scientifiques émérites pour traiter du sujet des biomarqueurs de la longévité ainsi que des tests cliniques.

Les vidéos, séparées par intervenant, sont disponibles sur Youtube.

Suite à cette conférence, une déclaration a été adoptée pour faciliter la recherche sur les biomarqueurs et les tests cliniques. En voici un extrait (traduit) :

Il devrait y avoir une obligation pour les comités d’éthique de décider dans un délai raisonnable des tests diagnostiques sur les biomarqueurs du vieillissement et de la recherche clinique de thérapies géroprotectrices (pas plus d’un mois, à moins de fournir une justification du retard). Décider plus rapidement ne doit pas signifier être moins prudent, au contraire. (…)

En améliorant l’évaluation des biomarqueurs cliniques du vieillissement et en testant de nouvelles thérapies géroprotectrices, il pourrait être possible de réduire radicalement les processus dégénératifs du vieillissement, et donc d’accroître les avantages sanitaires et économiques de la société qui vieillit rapidement. Nous devons atténuer les processus de sénescence dès que possible pour sauver le plus grand nombre de vies possible.


Pour en savoir plus :

Source de l’image: réalisé par la rédaction.