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Lettre ouverte à l’Organisation Mondiale de la Santé à propos du COVID-19 et merci de signer et faire circuler la pétition!

A propos du COVID-19, de nombreux scientifiques et des activistes longétivistes ont écrit une première lettre ouverte à l’Organisation Mondiale de la Santé sur la nécessité de disposer de données ouvertes des patients atteints du coronavirus, afin de faciliter la recherche médicale et le développement de nouvelles thérapies. 

Afin d’orienter les efforts de la société vers la résolution des problèmes liés à l’augmentation de l’espérance de vie, nous sommes confrontés à une tâche incroyablement importante. Nous souhaitons recueillir le plus grand nombre possible de signatures dans le cadre de cette pétition sur change.org. Nous vous invitons à la signer et à la faire circuler!

Parmis les événements en 2020: Participation de Heales au Festival « I love science » et à l’Eurosymposium

  • Vous pouvez participer à la conférence en ligne « Being 100 years young » le 11 et 12 Juin 2020

Conference 2023

  • Heales participera au Festival « I love science » reporté en Novembre 2020!

https://ilovescience.brussels/fr/

  • L’Eurosymposium 2020 se déroulera du 1er au 3 octobre en ligne suite à la crise du Coronavirus.

http://www.eha-heales.org/

Jeunesse et longévité. La mort de la mort. N° 131. Février 2020

Je crois qu’en fait un homme passe sa vie à guérir de son enfance. (…) Il est dur de vieillir sans être adulte. Jacques Brel.

On ne pense à la mort que comme quelque chose de futur. Mais le futur un jour sera le présent. Vous êtes égoïste par rapport à vous-même, votre vous du futur, la personne que vous deviendrez. Il existe heureusement des pistes pour stopper cette terrible maladie qu’est le vieillissement. Mais l’humanité y investit trop peu d’efforts. (…) Peut-être serons-nous de la génération de ceux qui vivront éternellement ou alors de celle qui sombrera à jamais dans l’oubli. Citation audacieuse dans 4 creepiest mysteries of the body.


Thème du mois : Le vieil homme et l’enfant


Certains affirment que la valeur de la vie vient de sa brièveté. Or, les enfants ont toute la vie devant eux. Voyez-vous chez les jeunes un manque de volonté, une forme d’ennui  ? Parfois peut-être, mais moins que chez les adultes.

Ce sont souvent les mêmes personnes qui affirment également que si nous avions une vie beaucoup plus longue ou sans limitation de durée, nous serions atteints d’une sorte de léthargie. En effet, plus rien ne serait urgent. Pensez-vous en regardant nos très jeunes semblables dans un jardin d’enfant, une cour de récréation ou encore en groupe aux portes d’un café que, parce que l’horizon leur semble sans limites, ils aient tendance à prendre tout avec lenteur ?

Bien au contraire, l’horizon large est généralement un facteur d’enthousiasme et d’énergie. D’ailleurs, seriez-vous demain plus actif, énergique et enthousiaste si vous saviez que vous n’aviez plus que quelques semaines à vivre ?

L’être humain est le seul animal à avoir conscience de l’inéluctabilité de sa fin. Mais jusque 3 ou 4 ans, l’enfant n’a pas du tout conscience de ce qu’est la mort. Ensuite, il en prend conscience, mais d’abord sans se rendre compte que cela concerne tous les humains. Petit à petit, l’enfant va percevoir que la mort est un phénomène irréversible et inéluctable. Cependant, même après la découverte de l’inéluctabilité, les adolescents voient le vieillissement comme un futur plus que lointain.

Evidemment, même chez les adultes d’âge mûr, cette conscience reste toujours relative. Ceci concerne les croyants qui affirment qu’il existe une vie après la mort. Ceci concerne aussi les non-croyants. Cet aspect a été abordé dans une lettre de 2010 concernant la théorie dite de la gestion de la terreur (terror management theory) Cette théorie énonce que nous sommes tellement terrifiés par la mort que pour rendre son idée soutenable, nous avons besoin de la voir comme positive, imaginer y remédier devient dès lors non avenu, impossible.

Les jeunes enfants découvrent donc l’inéluctabilité du vieillissement et de la mort physique, en même temps que l’attitude souvent ambivalente de leurs parents. Ils seront souvent indignés. Cela leur permettra parfois d’être des pionniers dans la lutte pour la longévité.

Nina Khera est une jeune scientifique surdouée de 13 ans, originaire du Canada. Elle étudie la longévité et la génomique et se spécialise dans la lutte contre les cellules sénescentes.

Laura Deming avait 12 ans quand elle commença à travailler. À cet âge, elle traversa la moitié de la planète depuis sa Nouvelle-Zélande natale pour rejoindre le laboratoire californien de la spécialiste du vieillissement Cynthia Kenyon. Elle est aujourd’hui une adulte convaincue de l’importance de la recherche et des investissements dans ce domaine.

Laurent Simons, à l’âge de 9 ans, voulait déjà devenir un scientifique et un médecin pour mettre fin au vieillissement.

Un des aspects impressionnants pour Laura Deming et Laurent Simons, c’est que leur idéal est né de la même préoccupation en leur jeune âge : protéger leurs grands-parents.

Laurent Simons déclarait dans un journal flamand : Mon but en tant que scientifique est de prolonger la vie. Mes grands-parents sont des patients cardiaques et je veux les aider. Et les faire vivre éternellement.

Laura Deming racontait dans une interview : Je me souviens d’une fois où ma grand-mère est venue nous rendre visite. Je n’avais jamais fréquenté quelqu’un de plus de 60 ans auparavant. (…) pour ma grand-mère, seulement se lever d’une chaise, c’était vraiment douloureux. Cela m’a frappé. (…) Ensuite je me rappelle avoir demandé à mes parents quelle maladie était-ce. Ils m’ont dit : elle n’est pas atteinte d’une maladie, elle est vieille. Je leur ai demandé quelle maladie c’était d’être vieux. Ils m’ont dit : Oh, non, non, tu ne comprends pas, c’est un processus naturel. Et en tant qu’enfant, vous vous dites : C’est stupide. Pourquoi y a-t-il un processus naturel que nous devrions tous attraper, une maladie qui nous rend tellement abimés ?

Les plus jeunes sont souvent les plus enclins à se préoccuper du sort des plus âgés et à les défendre. Ils n’ont pas encore appris à supporter les injustices, fussent-elles celles de la nature.


Les nouvelles du mois : recherches à propos du coronavirus et intelligence artificielle pour des antibiotiques


Alors que les craintes relatives au virus SARS-CoV-2 (coronavirus), s’étendent, deux aspects sont importants et concernent la « lutte contre le vieillissement » :

  • Il a été relevé que le risque de décès est beaucoup plus grand chez les personnes âgées. Comme pour toute maladie infectieuse, un des principaux facteurs aggravants est l’âge.
  • Des archivistes se sont mobilisés pour que l’ensemble des articles scientifiques utiles pour lutter contre la nouvelle maladie soient accessibles sans tenir compte des droits d’auteur. Ils parlent d’impératif moral. Ils argumentent donc implicitement sur le fait que le droit à la vie prime ou devrait primer sur le droit au profit.

Enfin, dans un autre domaine, concernant cette fois les bactéries pathogènes, pour la première fois, un antibiotique a été développé grâce à une intelligence artificielle en utilisant des techniques de machine learning. L’antibiotique nouveau, baptisé Halicim, a déjà prouvé son efficacité chez les souris et sur des cellules humaines.


Pour en savoir plus :

 

 

 

Statistiques et longévité. La mort de la mort. Numéro 130. Janvier 2020.

Il viendra un temps où notre espérance de vie moyenne atteindra 200 ans. Masayoshi Son, dirigeant de l’entreprise japonaise SoftBank. 


Thème du mois : vivre plus longtemps selon les statistiques


C’était à Londres en 1854 dans le quartier de Broad Street. Dans les miasmes de la métropole, les habitants de quartiers à l’époque misérables et surpeuplés meurent par centaines du choléra. Nul ne sait encore que c’est un bacille qui tue, et parmi les scientifiques les plus compétents, beaucoup pensent que c’est l’air « pestilentiel » (étymologiquement « porteur de la peste ») qui porte ce qui déclenche la maladie.

Mais un médecin, John Snow, demande à consulter les statistiques de la mortalité. Il constate que les décès se produisent surtout dans les maisons proches d’un certain puits. Il obtient que le puits soit fermé et la mortalité tombe. C’était peut-être la première fois que les statistiques sauvaient, un siècle et demi avant le règne du « big data ». Et les statistiques ont sauvé malgré une conviction fausse. En effet, le docteur Snow pensait que l’eau était empoisonnée. Il ignorait que le choléra était un organisme vivant  (un bacille). Comme quoi, et heureusement, il n’est pas nécessaire de comprendre entièrement un problème de santé publique pour le résoudre.

Trente ans plus tôt, en 1825, à quelques kilomètres de Broad Street, un autre médecin britannique avait été le premier à décrire ce qui porte aujourd’hui le nom de loi de Gompertz. Il s’agit de la courbe exponentielle de décès selon l’âge. Au 21èe siècle, cette courbe exponentielle de mortalité a reculé, mais aucunement cédé. En d’autres termes, aujourd’hui comme hier, la mortalité augmente de manière exponentielle avec l’âge, mais aujourd’hui, l’augmentation commence plus tard.

La durée de nos vies découle d’évènements innombrables. En rencontrant les gens individuellement, l’état de santé semble ne pas avoir de logique claire, du fumeur centenaire au sportif musclé et attentif à son alimentation qui meurt à 50 ans foudroyé par une rupture d’anévrisme.

Pourtant, des millions d’éléments combinés de notre existence ont une influence précise sur la durée de vie moyenne. Pour certains d’entre eux, le lecteur de ces lignes a été gagnant ou perdant dès avant sa naissance. Pour d’autres, ce sont ses choix qui seront décisifs. Sachons cependant que nos décisions sont profondément influencées par notre milieu social, économique, culturel, religieux, …

Des centaines d’articles ont été publiés concernant les conséquences de produits, de situations sociales, culturelles, économiques, médicales, … sur la longévité. Un fichier de travail réalisé par l’association Heales, intitulé Vie plus longue selon les statistiques (et ouvert aux commentaires) en fournit un relevé non exhaustif, mais déjà assez large.

Depuis des décennies, l’observation des statistiques de mortalité permet  des améliorations de santé. Elle en permettra très probablement encore. S’il est presque certain que la détection de « bonnes habitudes » et de « bons comportements » ne permettra que des gains modestes, les observations pourront très probablement aussi ouvrir des pistes à de nouvelles recherches.

Il faut cependant rester très prudent avec l’interprétation de ces observations, dont certaines d’ailleurs se contredisent. La plupart des études sont des études a posteriori de comportements. Ce qui apparaît comme favorable à la longévité peut en fait découler d’autres facteurs. Par exemple s’il est généralement peu contesté que faire de l’exercice est favorable à la santé, il est peu contesté également qu’être en mauvaise santé rend l’exercice plus difficile. Comme disait un humoriste, ne dormez pas dans votre lit, statistiquement les gens y meurent beaucoup ! Pour prendre un autre exemple, il apparaît que les gens qui jouent au golf et au tennis vivent plus longtemps. De même, pour donner un exemple plus caricatural, il est fort probable que les gens qui mangent régulièrement des huîtres et du caviar et qui ont une résidence secondaire à Saint-Tropez ou Monaco, vivent plus longtemps également. Les causes des disparités de comportement sont souvent d’abord sociales.

Bien sûr, les scientifiques s’efforcent de « corriger » les données en prenant en compte d’autres facteurs avant de communiquer les résultats. Toutefois :

  • c’est complexe notamment parce que l’influence précise des autres facteurs n’est pas connue (facteurs sociaux, biologiques, géographiques, …).
  • il est tentant de se contenter de données brutes (dans l’exemple cité, les vendeurs de caviar et de clubs de golf seront tentés de se contenter de données non corrigées « démontrant » l’espérance de vie plus longue).

Une observation idéale porte sur des groupes de personnes séparées par tirage au sort, chaque groupe doit suivre un comportement différent (un groupe prend par exemple certains médicaments et l’autre pas) et doit être effectuée « en double aveugle« . Ce type d’observation est extrêmement coûteux et peut en outre poser des problèmes éthiques, par exemple si le résultat probable est que l’un des deux groupes aura une mortalité plus forte.

Voici maintenant des informations intéressantes relatives à ce qui a été détecté. Certaines données vous surprendront probablement, mais elles sont à interpréter avec prudence, comme expliqué plus haut.

Alimentation et autres absorptions par le corps

Génétique

Activités physiques

Social, temporel et géographique

Médicaments, soins de santé et thérapies

Mais suivre les recettes pro-longévité ne suffira pas pour une vie beaucoup plus longue

Tant dans le domaine des thérapies et des médicaments que dans celui des autres « méthodes » diverses pour la longévité 1 + 1 ne fait pas 2 mais souvent à peine un peu plus que 1. Et chaque « méthode » qui s’ajoute conduit probablement à des gains de plus en plus réduits. Un exemple : faire plus d’exercice, manger moins et mieux et prendre de la metformine devrait, si l’on cumule les informations statistiques disponibles, permettre une dizaine d’années de vie en plus.

C’est probablement beaucoup moins, surtout pour les personnes dans les pays à l’espérance de vie élevée et qui échappent à des causes de décès prématuré. En effet, malheureusement, lorsque l’âge de 90 ans est dépassé (un peu moins pour les hommes, un peu plus pour les femmes), il faut surtout de la chance à la « loterie génétique ». Et plus loin encore, la durée maximale de vie de 110 ans reste une frontière quasiment infranchissable, même pour un individu qui aurait suivi toute sa vie une hygiène de vie rigoureuse.

Il reste que les informations statistiques relatives à la longévité nous donnent des pistes toujours plus nombreuses sur ce qui est utile, et l’utilisation des « big data » et de l’intelligence artificielle combinées pourront faciliter les recherches médicales pour la longévité.


La bonne nouvelle du mois : De plus en plus de données médicales disponibles dans le cadre des recherches


C’est en fait une tendance lourde pas uniquement ce mois-ci. Les données médicales statistiques sont de plus en plus disponibles pour les professions de santé, les citoyens ainsi que les scientifiques. La majorité des responsables et également du public se prononcent en faveur du partage des données pour des raisons médicales (et non pas pour des raisons commerciales) et ceci en utilisant des moyens informatiques performants. Ceci est par exemple illustré par la déclaration de la ministre française de la santé Agnès Buzyn le 19 novembre 2019 : « Il nous faut travailler tous ensemble pour créer les conditions propices au développement de l’intelligence artificielle en santé. C’est pour cette raison que nous avons souhaité nous doter d’une plate-forme de données de santé. »

La création officielle du Health Data Hub a eu lieu le 1er décembre 2019. Certaines modifications en cours des lois de bioéthique annoncent également, très probablement, des recherches plus aisées et efficaces.


Pour en savoir plus :

Comités d’éthique et longévité. La mort de la mort. Numéro 129. Décembre 2019

Ma mère est morte d’un cancer du poumon apparemment parce qu’elle fumait. Ses risques ont quintuplé avec le tabagisme. C’est terrible ce quintuplement, bien sûr, ça va potentiellement conduire à la mort. Mais de 20 à 70 ans, vos chances d’avoir un cancer sont multipliées par mille et nous ne parlons pas du vieillissement. David Sinclair, biologiste australien.  Cracking and reversing the aging Clock. 2019, juin 2019.


Thème du mois : Les comités d’éthique, frein au droit à la santé et aux avancées pour la réjuvénation ?


Nous vivons dans un environnement administratif et politique extraordinairement complexe notamment en ce qui concerne les processus décisionnels. Ainsi, dans le domaine de la santé, dans le monde, il y a des dizaines de milliers d’institutions publiques compétentes à un niveau ou à un autre. Parmi celles-ci, les comités d’éthique médicale qui donnent leur accord par rapport à des expérimentations humaines, ne sont pas parmi les plus connues.

Prenons le cas des décisions politiques et sociales dans le domaine de la santé dans trois pays riches : la France, la Belgique et les Etats-Unis. Le citoyen normalement informé sait que les décisions relatives aux approbations des médicaments dépendent de certaines autorités (la FDA, Food and Drug Administration américaine étant certainement la plus connue), que les décisions les plus importantes sont tranchées dans les parlements et préparées par les ministres. S’il est belge et bien informé, il saura qu’il y a dans ce petit pays 9 ministres compétents pour les questions de santé, de nombreuses mutualités, une direction pour chaque hôpital public (parfois les hôpitaux sont groupés), des organisations de médecins, des multiples comités d’avis. S’il habite en France, il aura très probablement rencontré la Caisse primaire d’assurance maladie, le ministère de la santé, les directions des hôpitaux, …

Mais un citoyen, même informé, sait-il que pour presque chaque expérimentation médicale, susceptible, un jour, de le sauver, des centaines d’organismes sont en mesure d’empêcher la recherche (mais pas d’obliger à la recherche) ?

Les institutions sont très variables selon le pays. Les plus importantes se trouvent aux Etats-Unis. Elles sont connues par l’abréviation IRB pour Institutional Review Board. En France, ce sont des Comités de protection des personnes, en Belgique des Comités d’éthique médicale. Rien qu’en Belgique, on compte 144 comités actifs!

Ces institutions sont d’autant moins connues que les organisations qui expérimentent vont rarement exprimer les craintes de lenteur ou de blocage dans ces domaines. D’abord parce que cela ferait savoir à l’opinion publique et aux investisseurs potentiels que des démarches administratives longues sont encore nécessaires avant que des produits puissent être mis sur le marché. Ensuite, parce que les intervenants estiment presque toujours que le choix de la discrétion plutôt que de la médiatisation par rapport aux difficultés dans ces domaines donne plus de chances d’aboutir. D’ailleurs, alors que des recours sont possibles en théorie en cas de refus d’une expérimentation par un comité éthique, un tel recours ne se produira quasiment jamais.

Pour éviter l’effet de blocage des comités, certains sont tentés d’expérimenter dans des pays à la législation beaucoup moins contraignante. Ceci ne donne généralement pas de résultat parce qu’organiser une expérimentation dans une région « exotique » :

  •  présente de nombreuses difficultés (infrastructure médicale insuffisante, risque de corruption ou de fraude et bien sûr nécessité d’agir à distance ou de se déplacer…);
  • pourrait être une mauvaise publicité pour ceux qui organisent l’expérimentation car ils pourraient se faire accuser de ne pas respecter les règles éthiques;
  • et surtout, les résultats de l’expérimentation seraient difficiles à publier; même en cas de résultats potentiellement utiles, ils seraient donc peu ou pas diffusés et la thérapie disponible ne pourrait être mise à disposition.

Il faut remarquer enfin que des comités d’éthique existent aussi dans des pays souvent réputés comme peu attentifs, voire indifférents à ces questions, comme la Russie ou la Chine.

Imaginons qu’aujourd’hui un comité d’éthique soit amené à se prononcer à propos d’un potentiel voyage d’un humain sur la lune, non pour des raisons de prestige, mais pour des raisons médicales par exemple en envoyant des vrais jumeaux (monozygotes) sur une base spatiale (les uns restants sur terre, les autres partants pour mesurer les effets de la pesanteur réduite, des radiations cosmiques, de la vie dans un espace confiné…). Aucun comité d’éthique n’accepterait cette expérience qui serait pourtant une source considérable d’informations utiles. Et ceci alors qu’il existe des personnes, informées et conscientes, qui sont prêtes à risquer leur vie et/ou qui sont atteintes de maladies incurables à court terme et qui donc seraient heureuses de pouvoir consacrer leurs derniers jours à être utiles.

À première vue, un comité d’éthique ne donne qu’un avis, il ne décide pas. Mais, les avis d’un comité peuvent être de deux types. En termes juridiques, cela sera décrit comme un avis conforme ou un avis simple. Un avis simple est un vrai avis que celui qui décide est libre de suivre. Un avis conforme est en fait une procédure d’autorisation. Et pour la grande majorité des comités éthiques, ce qui est nécessaire, c’est un avis conforme.

La multiplicité des organes compétents selon le lieu d’expérimentation est un mécanisme étrange. Les droits humains sont généralement considérés comme universels et la recherche scientifique devrait dépasser les frontières, particulièrement les frontières internes à un pays. Pourquoi une expérimentation pour la longévité serait-elle éthique dans un hôpital parisien et pas dans un hôpital de Lyon ? Notons par ailleurs que le fait que ces comités soient souvent de petite taille et donc directement liés à une institution implique aussi le risque qu’un comité d’avis ne se préoccupe ni de l’intérêt public, ni de l’intérêt des patients, mais d’abord de l’intérêt de l’institution dans laquelle se trouve le comité, ou encore que le comité soit peu attentif.

Mais surtout, les comités d’éthique n’ont que le pouvoir de bloquer, pas celui de déclencher, d’inciter. Or, si des recherches déclenchées trop rapidement peuvent causer des lésions voire la mort de personnes qui ont accepté les expérimentations, des recherches reportées ou abandonnées peuvent empêcher la survie de millions, voire un jour de milliards de personnes. Si les expérimentations de vaccins, par exemple contre la polio, avaient été empêchées, des millions de personnes seraient mortes dans des souffrances souvent atroces.

Dans un monde plus soucieux de l’intérêt collectif, les comités éthiques seraient donc d’abord compétents, non pour freiner les progrès médicaux, mais pour demander des expérimentations médicales utiles. Un changement de perspective à ce sujet n’est pas simple, mais il est envisageable.


La bonne nouvelle du mois : Une belle vidéo francophone en faveur de la longévité et une interview positive de George Church


Le « zététicien » (personne qui doute et vérifie des prétentions scientifiques inhabituelles) Samuel Buisseret a réalisé une longue vidéo qui explique combien la recherche de l’immortalité (plus précisément de la vie sans vieillissement) est un objectif envisageable et souhaitable. Il y propose notamment d’envisager un futur meilleur, d’oser rêver qu’ »en 2100 nous vivrons tous, vous et moi y compris, maîtres de notre longévité dans un monde qui aura su s’adapter et s’enrichir des conséquences de ses erreurs (…) S’imaginer un tel monde, cela n’a aujourd’hui rien d’irrationnel.« 

Le célèbre scientifique américain George Church a donné pour la chaîne de télévision CBS une interview détaillée et optimiste à propos des recherches pour la longévité: Le but d’un généticien de Harvard : protéger les humains contre les virus, les maladies génétiques et le vieillissement. (En ce qui concerne l’horizon temporel de l’inversion de l’âge chez les humains,) c’est en essai clinique en ce moment même chez les chiens. Donc, ce produit vétérinaire pourrait être disponible dans quelques années, et il faudra alors encore dix ans pour que les essais cliniques sur les humains soient terminés.


Pour en savoir plus :