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Le consentement à la recherche médicale : devoir éthique ? La mort de la mort. Septembre 2019. Numéro 126.

Bientôt, la science ne pourra pas seulement ralentir le vieillissement des cellules, mais elle fixera les cellules en l’état et nous deviendrons ainsi éternels. Eric Cantona, 29 août 2019, dans une intervention un peu « déjantée”, à l’occasion de la remise du prix 2019 du président de l’UEFA (traduction).


Thème du mois : Expérimenter pour la longévité, droit ou devoir ?


Au cours des dernières décennies, petit à petit, les sociétés ont élaboré un tissu énorme de législations protectrices de la santé de personnes qui se soumettent à des expérimentations. A un point qui n’est plus favorable ni pour les progrès médicaux, ni pour les personnes qui souhaitent expérimenter pour le bien commun.

Le passé de la recherche médicale

Pendant des siècles, les expérimentations portant sur des humains se sont faites avec bien moins de respect pour les droits des personnes subissant l’expérimentation que pour les autres citoyens.

Les résultats des recherches médicales à partir de la renaissance et surtout au 19ème et au début du 20ème furent extraordinaires. Mais le non-respect des droits humains de ceux subissant l’expérimentation fut souvent également spectaculaire.

Pendant longtemps, bien souvent, ce sont des condamnés qui étaient « utilisés », charcutés, … A des époques où la peine de mort était encore fréquente, cela pouvait être un moyen d’échapper à la peine ultime. Mais un moyen d’autant plus potentiellement peu enviable que l’anesthésie n’était pas encore pratiquée.

A côté des condamnés par la justice, il y avait les populations ayant moins de droits, venant notamment d’Afrique noire. Ainsi un médecin du Sud des Etats-Unis, James Marion Sims expérimenta d’abord sur des femmes esclaves noires avant d’opérer sur des femmes blanches.

Mais quand le sujet de l’expérimentation médicale non éthique est abordé, c’est surtout aux atrocités commises durant la seconde guerre mondiale, dont celles du tristement célèbre Docteur Mengele, que l’on pense. Il fut responsable de dizaines de morts de femmes, d’enfants et d’adultes. Ce qui fut commis par des médecins de l’armée impériale japonaise de l’Unité 731 est moins connu. Les expérimentations se firent pourtant dans des conditions plus abominables encore et provoquèrent des milliers de morts. De manière totalement immorale également, il y eut très peu de poursuites après la guerre et pas de condamnation du principal responsable Shiro Ishii.

Ce sont ces atrocités qui ont été l’élément déclencheur de législations strictes. Mais ces développements ont été progressifs. Par exemple jusqu’aux années 70, les autorités américaines se sont encore livrées à des expériences sur des afro-américains.

La situation contemporaine

Aujourd’hui, en tout cas dans les pays où se passent la majorité des expérimentations médicales, la législation est d’une grande sévérité, exprimée principalement dans la Déclaration d’Helsinki. Par une sorte de mouvement de balancier excessif, une personne qui se soumet à des essais cliniques est mieux protégée qu’un citoyen ordinaire. Pour effectuer une expérimentation, il faut notamment que l’organisation intéressée y soit autorisée, que l’expérimentation elle-même ait été admise par un organisme d’avis, que les « testeurs » aient marqué leur accord « informé », ce qui signifie remplir des documents complexes et nombreux. Il faut aussi, bien sûr, que le risque de santé pour les « testeurs » ne soit pas considéré comme disproportionné.

Ensuite, l’étude elle-même comprend plusieurs phases. Après avoir établi la probable innocuité, généralement sur l’animal, il faut établir cette même innocuité sur un groupe de personnes sans tester l’efficacité (phase I). Ensuite seulement, il y a examen de l’efficacité du traitement lui-même, d’abord sur un petit groupe, puis sur un plus grand groupe, comparé à un autre traitement ou à un placebo (phases II et III).

Ceci a pour conséquence que l’expérimentation est extrêmement longue et coûteuse. Comme très souvent, les expérimentations sont effectuées par des sociétés en lien avec le monde pharmaceutique, les investissements se font principalement pour des produits et méthodes brevetables et très difficilement pour d’autres. Ceci explique, par exemple, qu’une expérimentation pour la longévité portant sur la metformine ait pris des années à être organisée, faute de moyens.

Il faut toutefois nuancer ces aspects de lenteur. Ainsi, dans le cadre de l’épidémie d’Ebola, certaines expérimentations se sont faites beaucoup plus rapidement. En fait, deux aspects ont probablement joué :

  • La peur de conséquences létales de l’épidémie pour les populations concernées et de la possible propagation vers d’autres continents.
  • Et, de manière beaucoup moins compréhensible éthiquement, une moindre préoccupation pour les règles de protection lorsque les sujets de l’expérimentation se trouvent en Afrique.

Pistes d’amélioration : devoir de partage des données et devoir d’expérimentation

A l’heure actuelle, beaucoup considèrent que les données médicales appartiennent aux patients. Les responsables des traitements ne pourraient donc les utiliser sans consentement. Ceci est compréhensible lorsque les données peuvent être utilisées « contre les patients », par exemple par une compagnie d’assurance, un employeur. Mais en va-t-il de même pour les résultats des recherches médicales qui peuvent être utiles à tous en commençant par les plus faibles ? A supposer que je dispose d’un type de sang unique au monde par ses propriétés coagulantes, serait-il justifié que je refuse l’utilisation de ces données, condamnant à mort des personnes car elles ne pourraient bénéficier pas de certains progrès médicaux ?

La réponse devrait être évidente. D’ailleurs, en pratique, dans l’immense majorité des cas, les formules concernant les consentements au partage de données sont de la paperasserie bureaucratique. Elle amuse surtout les juristes ou plus exactement, elle leur fournit une source de revenus sans créer de réel consentement, puisque quasiment tout le monde signe et quasiment personne ne lit (et celui qui lit, n’en comprendra pas grand chose).

Dans un environnement idéal, la première question posée serait « Comment assurer que les recherches médicales permettent une vie plus longue et en meilleure santé aux personnes qui le souhaitent sans nuire à ceux qui fournissent les informations ? ». Les patients que nous sommes tous auraient le devoir moral, voire l’obligation légale de partager nos données. Il y aurait aussi l’obligation stricte pour les organisations utilisant les données de partager les résultats pour l’utilisation scientifique et thérapeutique et l’interdiction, tout aussi stricte d’utiliser les données à d’autres fins.

Nous deviendrions donc en fait tous testeurs sans aucun effort supplémentaire, en mettant en commun les informations pour tout ce qui concerne les milliards d’opérations médicales (chirurgie, médicaments, examens …)  que nous faisons chaque année. Ceci peut sembler inquiétant à certains mais cela peut aussi être perçu comme rassurant car permettant plus d’accès aux données et donc plus de contrôle. Ce partage se fait d’ailleurs déjà partiellement dans certains pays, notamment en France. En effet, bien des données médicales sont partagées grâce entre autres au Système national des données de santé, mais avec un degré de précision insuffisant.

Il faut noter que cette perception de l’utilisation souhaitée des données médicales tend à se répandre assez rapidement, particulièrement en France. La médecine étant de plus en plus informatisée, elle dépend de plus en plus de données digitales accessibles. Il est de plus en plus clair qu’il serait immoral pour un patient bénéficiant des données des autres de refuser de donner les siennes aux autres.

En parrallèle, des expériences médicales resteront néanmoins nécessaires.

Un premier moyen d’accélération peut-être l’auto-expérimentation. Celle-ci fut assez fréquente par le passé et elle existe encore. Par exemple la controversée Liz Parrish et aussi le biogérontologiste renommé Greg Fahy l’ont pratiqué.

Mais la principale piste, c’est l’expérimentation plus rapide avec des règles plus réalistes sur beaucoup d’aspects. Il faut remarquer qu’être plus rapide, cela peut être plus une garantie de protection pour ceux qui vont être les sujets de l’expérimentation. Il en va ainsi lorsque l’information est partagée plus rapidement, sans être « bloquée » à cause de règles en matière d’appropriation excessive de droits intellectuels ou pour d’autres raisons. Il s’agit notamment d’avoir un projet plus global, idéalement international, d’avoir une procédure d’autorisation éthique globalisée. Il s’agit surtout de la prise de conscience de l’urgence, une fois qu’il est établi que la probabilité d’atteindre l’objectif n’est plus négligeable.

Conclusion

Chaque jour, 110.000 personnes meurent dans le monde de maladies liées au vieillissement. Une expérimentation efficace doit porter sur les plus âgées (sur des personnes jeunes, il faudrait attendre des années, voire décennies avant de voir des résultats suffisamment probants). Les personnes âgées devraient avoir le droit d’expérimenter et dans de meilleures conditions. Nous pouvons même considérer que, pour les femmes et les hommes âgés qui sont informés et qui ont les moyens financiers, sociaux et psychologiques de le faire, c’est un devoir éthique; un devoir d’assistance du même ordre que le devoir que nous pouvons ressentir de donner notre sang en cas de catastrophe.

Les bonnes nouvelles du mois : L’expérimentation de la metformine pour la longévité va débuter. Une expérimentation de 5 produits « rajeunissants » indique un résultat positif.

Le projet « TAME », c’est-à-dire l’expérimentation portant sur les effets positifs de l’absorption de metformine par des personnes âgées en bonne santé va débuter aux Etats-Unis. C’est une bonne nouvelle à tempérer par le fait que ce démarrage était attendu depuis deux années, faute de financement.

Une expérimentation extrêmement prometteuse de 5 produits durant un an pour un petit groupe de 9 hommes âgés de 51 à 65 ans a permis d’établir dans ce groupe un recul de l’âge indiqué par les « horloges épigénétiques » de 2 ans et demi en moyenne. En d’autres mots, il semble qu’il y ait réjuvénation sur les deux années mesurées pour les personnes qui prennent ces produits. C’est extrêmement prometteur, mais à confirmer par des expériences à plus grande échelle.


Pour en savoir plus :

 

 

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Invitation à un déjeuner lors de la Journée internationale de la Longévité. Café A la Mort Subite, 1er Octobre à 12 heures, Bruxelles.

Dans le cadre de la Journée internationale de la longévité, nous vous invitons à nous rejoindre le mardi 1er octobre 2019 à la brasserie “A La Mort Subite”, rue Montagne aux Herbes Potagères 7, 1000 Bruxelles, pour traiter des questions de longévité et présenter le plan extension santé français et un projet de référendum californien pour la recherche pour la longévité.

Nous serions ravis de vous accueillir à partir de midi précise afin de rencontrer les intervenants à cet événement, c’est-à-dire:

Dans l’espoir de vous compter parmi nous pour cet échange constructif.

Cordialement,

Virginie Stephenne, virginie.stephenne@heales.org

Didier Coeurnelle, didier.coeurnelle@heales.org

Résumé du projet DataBETA (Mesurer l’horloge de méthylation de volontaires pour savoir quelle combinaison de produits antivieillissement est la plus efficace)

 

Contexte général

Aujourd’hui, la plupart des scientifiques travaillant dans le domaine de la recherche anti-âge, estiment que des augmentations majeures de la durée de vie humaine sont imminentes. Mais partout dans le monde, des centaines de milliers de personnes n’attendent pas l’annonce ; elles se tiennent au courant des recherches sur la lutte contre le vieillissement et essaient ce qui est disponible maintenant.  La plupart de ces adopteurs précoces poursuivent plus d’une stratégie, et certains font plusieurs choses en même temps. Ils ne le font pas seulement pour se protéger, mais dans l’espoir que certaines de ces mesures permettront une augmentation de la durée de vie. Ils supposent tacitement que si A et B augmentent tous deux l’espérance de vie, alors la combinaison de A et B ensemble fera mieux que l’une ou l’autre séparément.

Pour ces personnes, la pratique a pris le pas sur la connaissance.  Les connaissances sur les suppléments individuels anti-âge, les médicaments, les régimes alimentaires et les styles de vie ont été limitées à une inférence indirecte.  En ce qui concerne les interactions entre ces différentes mesures, les connaissances font presque totalement défaut.

Ce que nous savons est basé sur des inférences tirées de ce qui suit :

  • Expérimentation animale
  • Biochimie
  • Diverses théories du vieillissement 
  • Expériences « naturelles » limitées en épidémiologie

Cette dernière catégorie – les expériences naturelles – a vu le jour parce que, par hasard, on a découvert que certains médicaments largement prescrits pour la prévention de maladies courantes étaient associés à une diminution de la mortalité toutes causes confondues.  Les plus connues sont la metformine (prescrite pour prévenir le diabète) et l’aspirine (anticoagulant pour prévenir les maladies cardio-vasculaires). Étant donné que des millions de personnes prennent ces médicaments depuis un demi-siècle, leurs bienfaits modestes pour la prolongation de la durée de vie ont été documentés.

Pour de nombreux autres médicaments et suppléments, nous ne disposons pas de données épidémiologiques humaines.  Même s’ils sont largement utilisés, leurs effets sur la mortalité sont inconnus, car il faut des années ou des décennies pour qu’ils apparaissent.  L’étude prospective de l’épidémiologie du vieillissement humain est si lente et si coûteuse que presque rien n’a été fait. 

Les progrès récents dans le domaine des « horloges du vieillissement » basées sur les profils de méthylation de l’ADN ont peut-être ouvert la voie à des tests pratiques de la technologie anti-âge.  Les versions de l’horloge épigénétique publiées au cours de la dernière année prédisent la mortalité et la morbidité mieux que tout autre marqueur de santé antérieur, mieux que l’âge chronologique lui-même.  En effet, l’état de méthylation semble être un indicateur plus précis de l’âge biologique et du risque de mortalité que même les supports les plus précis attendus.

Perspectives d’une étude portant sur plusieurs interventions à la fois

Les meilleurs algorithmes d’horloge de méthylation existants sont précis à environ 2 ans pour les individus.  La moyenne de N=100 individus ramène l’écart-type de la moyenne à 0,2 an. Cela signifie que pour un échantillon de 100 personnes utilisant les mêmes interventions, une différence de 20 % dans le taux de vieillissement pourrait être décelable sur une période aussi courte que 2 ans.

On peut s’attendre à ce qu’un échantillon de 5 000 personnes utilisant différentes stratégies, comprenne environ 50 échantillons, de sorte que 50 combinaisons puissent être évaluées à partir d’un ensemble de données de cette taille.  Les économies associées au multiplexage et à l’analyse multivariée pourraient encore accroître la puissance statistique. Nous ne cherchons pas à caractériser chaque combinaison, mais seulement à identifier les combinaisons les plus prometteuses (les plus synergiques).  Dans une étude récente sur des données d’échantillons générées par ordinateur, à l’aide de données simulées, je démontre une méthodologie qui a une probabilité d’environ 80 % d’identifier une combinaison de 3 traitements qui, ensemble, ralentissent le vieillissement d’un quart.  S’il existe une combinaison qui ralentit de moitié le vieillissement ou qui fait reculer l’horloge épigénétique, nous devrions être en mesure de la détecter avec plus de confiance. 

Analyse exploratoire des données

Comme nous n’avons pas d’attentes à l’avance sur ce que nous trouverons, il sera approprié d’interroger les données à l’aide de divers modèles statistiques. Par exemple, voici deux stratégies possibles :

1. Tracer la distribution des taux de vieillissement pour tous les participants.  Une courbe symétrique en forme de cloche sera interprétée comme une indication qu’il n’y a pas de combinaison exceptionnelle de mesures.  Mais si la distribution est asymétrique avec une « queue grasse » à l’extrémité lente, c’est un signe que certaines combinaisons sont prometteuses.

La prochaine étape consistera à rechercher les caractéristiques distinctives dans les profils des personnes qui se situent dans les 5 ou 10 % des meilleurs et qui vieillissent le plus lentement.

2. Un autre mode d’analyse des données commence par le classement de chacune des mesures individuelles du questionnaire en fonction du taux moyen de vieillissement.  Limitée aux 10 ou 15 interventions les plus prometteuses, l’étape suivante consiste à examiner le taux de vieillissement associé à toutes ces paires. Les paires peuvent servir de base à la recherche des triples les plus prometteurs, et le processus peut se poursuivre par des combinaisons de 4 ou 5, tant que les résultats continuent de s’améliorer pour chaque intervention ajoutée.

Risques et avantages

Il s’agit d’une recherche exploratoire et, en tant que telle, les avantages potentiels sont élevés, mais les risques le sont aussi.  Beaucoup de choses peuvent mal tourner, et nous ne pouvons pas savoir à l’avance ce que nous allons apprendre ou, en fait, si nous allons apprendre quelque chose.

  • Les horloges de méthylation ont été étalonnées et validées chez des populations de personnes qui vieillissent naturellement.  Nous ne savons pas si les interventions qui ralentissent réellement le vieillissement auront des effets correspondants sur les profils de méthylation.  Je suis parmi les théoriciens qui croient que l’épigénétique joue un rôle fondamental dans le vieillissement, donc nous sommes plus prêts à croire que les bienfaits anti-âge se refléteront dans les horloges épigénétiques ; mais cette hypothèse demeure controversée.
  • Il se peut qu’aucune combinaison de mesures de notre répertoire actuel n’ait un effet important sur le vieillissement, ou que les mesures utilisées aient des effets différentiels qui ne s’additionnent pas pour produire de grands avantages dans aucune combinaison.  Si c’est le cas, la réponse que nous mesurons sera une courbe en cloche sans caractéristique, sans combinaison particulière qui se distingue des autres.  
  • L’échantillon de sujets expérimentaux peut changer leurs stratégies si fréquemment que les effets ne peuvent être distingués séparément.
  • Le programme dépend de l’exactitude de l’auto-déclaration de nombreux détails sur le mode de vie et l’alimentation, et les inexactitudes dans les rapports peuvent masquer des résultats importants.
  • Le nombre de combinaisons de stratégies est si grand que 5 000 sujets peuvent ne pas être suffisants pour assurer que les meilleures combinaisons sont échantillonnées adéquatement.

Mais dans le meilleur des cas, nous pouvons trouver une combinaison synergique de traitements qui ralentit le rythme du vieillissement ou qui permet un rajeunissement. Nous aurons plusieurs candidats (sur plusieurs milliers) de combinaisons de traitements qui pourront être testés dans le cadre d’une étude de suivi utilisant d’autres biomarqueurs et, finalement, des taux de mortalité observés pour valider les bénéfices anti-âge.  Si la méthodologie s’avère fructueuse, la base de données sera certainement élargie et complétée par d’autres, devenant ainsi une base de recherche qui s’élargira avec le temps.

Logistique : Comment l’étude sera réellement menée

  • 5 000 sujets seront interviewés et qualifiés à partir des listes de diffusion et des participants à des conférences, qui seront déployés au cours de la première année.
  • Tous les sujets seront invités à remplir un questionnaire en ligne.
  • Les échantillons de sang seront prélevés et analysés par Zymo Research of California, ou les échantillons de salive seront prélevés par Chronomics à Londres.  Je suis actuellement en négociation avec les deux sociétés.  Les entreprises enverront des kits et communiqueront directement avec les sujets.
  • Les réponses au questionnaire seront validées sur une période de deux semaines à l’aide d’une application de téléphone qui permet aux sujets d’entrer leurs aliments, leurs exercices et leurs suppléments en temps réel.
  • Nous resterons en contact avec chaque sujet tout au long de l’étude, en nous renseignant fréquemment sur les changements dans les suppléments, les doses ou les modes de vie.  
  • Le questionnaire sera de nouveau administré, suivi d’une validation par téléphone, après un an et deux ans.
  • Des échantillons de sang ou de salive seront prélevés et analysés de nouveau après un ou deux ans.

Personnel, budget et financement

  • Le projet commencera par l’embauche d’un gestionnaire des communications à temps plein pour rester en contact avec tous les sujets, pour répondre aux questions et pour établir une liste de diffusion afin qu’ils puissent communiquer entre eux et partager leurs réponses aux questions communes.
  • Une deuxième personne à temps partiel sera le gestionnaire de projet et embauchera d’autres experts-conseils juridiques au besoin pour s’assurer que nous avons le consentement éclairé des sujets et que nous respectons les lois sur la protection des renseignements personnels.  La programmation d’un site Web, d’une base de données et d’une application pour mobile sera effectuée par des bénévoles et des consultants embauchés.
  • Au début, les sujets paieront leur propre test de méthylation, qui est de loin le coût le plus élevé du projet.  Cependant, je m’attends à ce que d’ici quelques mois, grâce à une combinaison de financement public et de subventions de fondations, nous soyons en mesure d’offrir aux sujets les tests de méthylation gratuitement ou à un coût considérablement réduit.
  • Les salaires, les services de consultants, les frais généraux, les services d’approche et les déplacements devraient coûter entre 350 000 $ et 500 000 $ sur trois ans.  Les tests de méthylation s’élèvent actuellement à environ 400 $, au détail pour un test. 3 tests par sujet multiplié par 5 000 sujets est le pire cas de 6 000 000 $. Nous espérons que les coûts de cette nouvelle technologie diminueront rapidement et que des rabais de volume pourront être négociés.
  • Tous les résultats et toutes les données brutes seront affichés en ligne, accessibles au public afin que d’autres chercheurs puissent ajouter leurs propres analyses.
  • Le coût total du projet sera couvert par une combinaison d’autofinancement par sujet, de dons en nature, de financement par la foule et de subventions de fondations.

Josh Mitteldorf, le 7 avril 2019

http://Data-BETA.net 

 

 

 

 

Proposition de l’Alliance internationale pour la longévité pour la Décennie du vieillissement en bonne santé de l’OMS

HTTP://LONGEVITYALLIANCE.ORG/?Q=DECADE&FBCLID=IWAR1540AR0J7BFZ2C-CYQRKMJXTJR817MXO4CM2GKPZBVPB1XF01HSETRZ7C

Proposition de l’Alliance internationale pour la longévité pour la Décennie du vieillissement en bonne santé de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (2020-2030)

L’International Longevity Alliance (ILA – Alliance internationale pour la longévité) se félicite de l’engagement de l’OMS en faveur d’une action concertée pour la Décennie du vieillissement en bonne santé et participe aux consultations en ligne pour les propositions de la Décennie qui sont ouvertes jusqu’au 8 septembre 2019.

Nous nous félicitons de la vision de l’OMS d’un monde dans lequel tous les êtres humains peuvent vivre plus longtemps et en meilleure santé. Cependant, le projet Zéro n’aborde pas suffisamment l’Objectif stratégique 5 : « Améliorer la mesure, le suivi et la recherche sur le vieillissement en bonne santé » de la stratégie mondiale et du plan d’action de l’OMS sur le vieillissement et la santé.

En ce qui concerne le projet zéro de la proposition pour la Décennie du vieillissement en bonne santé à partir du 12 juin 2019, sa section 4.4 « Encourager la recherche et l’innovation » devrait être considérablement renforcée par un programme de recherche biomédicale et clinique. En fait, une section distincte devrait être consacrée à la recherche biomédicale et à l’innovation en matière de vieillissement.

La principale caractéristique du vieillissement et de l’âge avancé est l’augmentation progressive du risque de détérioration de la santé et de la capacité intrinsèque de l’organisme. Le vieillissement est reconnu par l’OMS comme un facteur de risque de maladies en incluant le code d’extension XT9T « lié au vieillissement » dans la Classification internationale des maladies numéro 11 en 2019. Le vieillissement est défini comme étant « causé par des processus pathologiques qui conduisent de façon persistante à la perte de l’adaptation et du progrès de l’organisme chez les personnes âgées ».

 La Recherche et Développement dans les domaines du vieillissement biologique et des maladies liées au vieillissement est la principale stratégie à long terme pour améliorer la santé et la qualité de vie des personnes âgées. Par conséquent, les travaux et la coopération dans le domaine de la recherche biomédicale et clinique sur le vieillissement et les maladies liées au vieillissement menés par l’OMS, les parties prenantes de l’OMS et les acteurs non gouvernementaux devraient être explicitement mentionnés comme point de l’ordre du jour de la Décennie du vieillissement en santé. Il existe un consensus croissant sur la nécessité d’inclure la R&D pour une longévité saine dans l’agenda mondial de l’OMS (voir, par exemple, Stambler I, Jin K, Lederman S, Barzilai N, Olshansky SJ, Omokaro E, Barratt J, Anisimov VN, Rattan S, Yang S, Forster M, Byles J. La santé et R&D pour une longévité saine doivent faire partie du programme de travail de l’OMS. Aging and Disease, 9(2), 331-333, 2018).

Nous proposons les changements suivants dans le projet Zéro :

  1. Le premier paragraphe de la section « Vivre plus longtemps » doit inclure la recherche biomédicale et l’innovation parmi les raisons de l’allongement de l’espérance de vie en bonne santé ainsi que de « meilleures mesures de santé publique ».
  2. La section « Vie plus longue et plus saine » devrait mettre davantage l’accent sur l’allongement de la durée de vie en bonne santé, y compris les moyens biomédicaux. En particulier :

2.1. Le troisième paragraphe de la section « Vivre plus longtemps et en meilleure santé » doit inclure la recherche biomédicale et l’innovation. Des environnements favorables viennent s’y ajouter, mais les solutions biomédicales préventives et curatives sont particulièrement précieuses pour prolonger la durée de vie en bonne santé.

2.2. Le quatrième paragraphe de la section « Vivre plus longtemps et en meilleure santé » doit inclure la recherche et l’innovation biomédicales et le style de l’écriture ne doit pas sous-estimer les capacités physiques et mentales. Les solutions biomédicales ne doivent pas être ignorées, d’où une suggestion pour le quatrième paragraphe : « Cette capacité est en partie déterminée par la capacité physique et mentale de l’individu, et cette partie peut notamment être améliorée par des développements biomédicaux. Les capacités fonctionnelles peuvent également être améliorées par des environnements physiques et sociaux. Les développements biomédicaux devraient être au centre de l’engagement politique et de l’action sociétale, ainsi que de l’amélioration de l’environnement ».

2.3. Dans la section « Vivre plus longtemps et en meilleure santé », en particulier au cinquième paragraphe, il convient d’indiquer que les solutions qui améliorent la santé physique ou mentale doivent être préférées aux solutions qui prolongent la vie sans améliorer la santé physique ou mentale. C’est vrai pour les solutions biomédicales et environnementales et c’est essentiel pour favoriser de meilleures solutions pour une vie plus saine. Par exemple, les solutions biomédicales qui préviennent les maladies ou les guérissent sont clairement préférables aux traitements chroniques qui maintiennent les patients en vie mais malades.

  1. En ce qui concerne la section 3.2 « Assurer aux personnes âgées des soins intégrés centrés sur la personne », l’ILA propose que les soins médicaux pour les personnes âgées soient non seulement accessibles et de haute qualité, mais aussi orientés vers la production de nouvelles connaissances médicales au profit des personnes âgées. 
  2. En ce qui concerne la section 4.4 « Encourager la recherche et l’innovation », une section distincte devrait être élaborée en plus de la section 4 « Partenariat pour le changement ». Dans cette section, les processus pathogènes du vieillissement, les biomarqueurs du vieillissement, les innovations biomédicales améliorant le vieillissement, y compris les nouveaux médicaments, les thérapies génétiques et cellulaires, devraient devenir la priorité. Il est nécessaire de s’éloigner des approches spécifiques aux maladies et de développer des solutions biomédicales globales à long terme. 
  3. La nouvelle section devrait mettre fortement l’accent sur la R-D biomédicale et devrait comprendre les éléments suivants : 

5.1. Le programme de la Décennie devrait mettre davantage l’accent sur l’amélioration de l’acquisition, du traitement et du partage des données sur la population vieillissante, ses maladies et ses handicaps, ainsi que sur des interventions thérapeutiques efficaces fondées sur des données probantes. Ainsi, les bases de données de dossiers médicaux assureraient de meilleures propriétés du conseil médical en termes de mesures préventives efficaces. Enfin, les gouvernements devraient soutenir le développement de systèmes d’information médicale basés sur l’IA, y compris des systèmes pour la documentation de recherche et l’analyse des données médicales personnelles.

5.2. Des lignes directrices de pratique clinique devraient être élaborées pour prévenir et traiter non seulement les maladies liées au vieillissement, mais aussi le vieillissement dégénératif en tant que processus pathologique en soi (c’est-à-dire des lignes directrices de pratique clinique pour la prévention primaire systémique de la multimorbidité des personnes d’âge moyen et au troisième âge). Cela permettrait aux médecins praticiens de prescrire des interventions, des suppléments, des médicaments et d’autres thérapies fondés sur des données probantes pour améliorer le mode de vie des personnes âgées, ce qui, en bout de ligne, permettrait à chaque personne d’avoir accès à ces thérapies.

5.3. Il est essentiel d’améliorer la définition de la capacité intrinsèque et de la capacité fonctionnelle fondée sur des preuves scientifiques afin d’inclure des paramètres physiologiques, biologiques et fonctionnels mesurables pour évaluer la santé et l’efficacité des interventions visant à améliorer le vieillissement.

5.4 Pour réaliser des progrès aussi importants en matière de longévité en santé, il est nécessaire d’appuyer de vastes études de cohortes et d’autres études sur les biomarqueurs du vieillissement, qui sont nécessaires pour surveiller et élaborer des solutions adéquates en santé. Bien qu’il y ait eu des progrès importants dans ce domaine, surtout en ce qui concerne les biomarqueurs de fragilité, le consensus sur les biomarqueurs du vieillissement nécessite encore plus de recherche. L’analyse personnalisée devrait être intégrée aux systèmes de biomarqueurs afin de contribuer de manière significative aux développements en matière de santé et d’assurer un développement plus efficace de nouvelles thérapies et autres solutions médicales dans un avenir proche.

  1. Compte tenu des tâches qui incombent aux États Membres, au Secrétariat (OMS et autres organismes du système des Nations Unies) et aux partenaires nationaux et internationaux, nous proposons ce qui suit :

6.1. Parmi les tâches du Secrétariat (OMS et autres organismes du système des Nations Unies), l’Organisation mondiale de la Santé devrait constituer une unité spéciale pour assurer la coordination mondiale de la recherche biomédicale sur le vieillissement. Il devrait y avoir un projet mondial de recherche biomédicale sur le vieillissement sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé (peut-être, conjointement par le Département du vieillissement et des parcours de vie et la Division des maladies non transmissibles), tout comme le projet du génome humain a réussi à réaliser une percée dans le développement de la génétique. Il devrait y avoir un groupe de travail international chargé de surveiller et d’établir les priorités mondiales en matière de recherche fondamentale et translationnelle sur le vieillissement et de fournir des conseils et des orientations aux gouvernements.

6.2. Compte tenu des tâches qui incombent aux États membres, les régulateurs nationaux devraient faciliter les investissements dans les développements thérapeutiques visant à améliorer le vieillissement : i) les systèmes de santé devraient financer les développements cliniques et l’accès aux thérapies améliorant le vieillissement ; ii) les systèmes de retraite devraient également diversifier leurs actifs dans ces solutions ; iii) les prestataires de soins et les personnes en maison de retraite devraient être encouragés à participer aux essais cliniques sur les interventions améliorant le vieillissement, avec un bon profil éthique et un rapport bénéfices/risque élevé.

6.3. Parmi les tâches des partenaires nationaux et internationaux, nous proposons que l’Organisation mondiale de la santé encourage les parties de l’OMS à investir dans la recherche biomédicale sur le vieillissement conformément à la Déclaration politique des Nations Unies sur les maladies non transmissibles et à l’objectif 3.b du développement durable de l’ONU, qui pourrait prendre les formes suivantes :

  • Un soutien financier accru à l’investissement public, ainsi qu’un soutien financier et des avantages fiscaux pour les entreprises qui mettent au point de nouvelles thérapies dans les domaines du vieillissement et de la longévité, y compris un soutien ciblé aux essais cliniques visant à améliorer la qualité de vie ;
  • Encourager les établissements de recherche médicale à organiser et à diriger la recherche fondamentale et les essais cliniques, petits et grands, dans les domaines du vieillissement et de la longévité, y compris les thérapies à fort potentiel de bienfaits pour la santé, mais dont les brevets sont expirés ;
  • Inclure la recherche biomédicale sur la santé et la longévité dans les plans et programmes nationaux de recherche ;
  • Non seulement les pays à revenu élevé, mais aussi les pays à revenu faible et intermédiaire devraient participer à des projets de recherche multinationaux et à des essais cliniques pour assurer la diversité génétique, la réduction des coûts mondiaux de R&D et le transfert d’expertise. 

  1. Des indicateurs de R&D dans le domaine du vieillissement en bonne santé et de la longévité doivent être inclus comme mesures de réussite.

 

lien : 

http://longevityalliance.org/?q=decade

 

Sexe et longévité. La mort de la mort. Août 2019. Numéro 125.

Souverain, mon maître, la vieillesse est advenue, le grand âge s’est abattu, l’épuisement est arrivé, la faiblesse se renouvelle. Il passe chaque jour à dormir, comme retombé en enfance. La vue baisse, il devient dur d’oreilles, la force vient à manquer, le coeur est las, la bouche est silencieuse, elle ne parle plus, le coeur n’est plus, il ne se souvient plus d’hier, toute l’ossature fait souffrir, le bon se transforme en mauvais. Chaque goût disparaît. L’action de la vieillesse sur le genre humain est mauvaise sous tous rapports. Le nez est bouché, il ne respire plus, il est aussi pénible de se lever que de s’asseoir.

C’est ainsi qu’il y a 44 siècles, le vizir Ptahhotep, qui allait prendre un « bâton de vieillesse », c’est-à-dire un assistant, aurait décrit au roi Djedkarê Isési à 110 ans les infirmités qui commençaient à l’accabler. L’âge de 110 ans et la vieillesse chez les égyptiens. Gustave Lefebvre. 1944. Remarque : il est expliqué dans l’article qu’il s’agissait de durées de vie inventées, aucun égyptien de l’antiquité ne vécut probablement plus d’une centaine d’années.


Thème du mois : Vivre plus longtemps, une inégalité en faveur des femmes ?


Différences parmi les animaux

Chez bien des espèces animales, il y a des différences selon le sexe en ce qui concerne la durée de vie. Ces différences peuvent être spectaculaires par exemple en ce qui concerne les insectes sociaux. Certaines reines d’une espèce de fourmi peuvent vivre jusqu’à 30 ans alors que les mâles meurent rapidement après la fécondation, quelques jours après avoir atteint l’âge adulte.

Parmi les animaux en général, les différences entre les sexes ne sont généralement pas importantes. Il faut d’ailleurs distinguer la durée de vie moyenne, normale, en liberté, et la durée de vie maximale, protégé des éléments et des prédateurs en captivité. Pour la durée de vie à l’état sauvage, les animaux les plus forts (qui peuvent être les femelles où les mâles selon les espèces) vivent plus longtemps. En captivité, ce sont plutôt les animaux les plus petits qui vivent plus longtemps.

Chez certaines espèces, le moment de la reproduction est celui de la fin de la vie, l’exemple le plus connu et spectaculaire étant celui des saumons. Parfois, les femelles peuvent vivre plus longtemps afin de porter la génération suivante. Il en va ainsi de l’antechinus, une espèce de marsupial. La femelle survivra jusqu’à ce que les jeunes puissent devenir autonomes et parfois, la femelle pourra même avoir une seconde portée. Le mâle, lui, a la vie la plus courte parmi tous les mammifères, moins d’un an, vie qui se termine très peu de temps après la reproduction.

Ce qui pourrait créer une différence importante selon le sexe, à savoir le mécanisme de ménopause, n’existe, en dehors des humains, que chez certains cétacés dont les orques.

Différences entre femmes et hommes : le naturel et le culturel

Il est largement connu que les femmes vivent aujourd’hui en moyenne plus longtemps que les hommes. Ainsi, en France en 2017, l’espérance de vie atteignait 85,4 ans pour les femmes et 79,5 ans pour les hommes. C’est bien sûr entre autres grâce au fait que la mortalité maternelle à l’accouchement est devenue un évènement très rare. Alors qu’il naît un peu plus d’hommes que de femmes, le nombre de femmes sur la planète dépasse celui des hommes. Jusqu’il y a quelques décennies, la différence sexuelle se marquait d’abord dans les décès plus nombreux des jeunes garçons que des jeunes filles. Aujourd’hui, sauf dans les pays les plus pauvres, la mortalité infantile étant devenue faible voire négligeable, c’est surtout aux âges avancés que se marquent les différences. En France, en 2018, 58 % des personnes âgées de 80 ans étaient des femmes, 69 % des personnes âgées de 90 ans et 81 % des centenaires. Parmi les très rares personnes qui dépassent l’âge de 110 ans, il n’y a presque pas d’hommes. Les 10 personnes qui ont vécu (de manière prouvée) le plus longtemps dans l’histoire de l’humanité sont d’ailleurs des femmes.

Dans tous les pays du monde sauf deux pays extrêmement pauvres (Mali et Eswatini, ex-Swaziland), les femmes vivent en moyenne plus longtemps que les hommes, malgré qu’elles aient un niveau de vie, dont un accès aux soins, souvent moindre, particulièrement à un âge avancé, souvent synonyme d’isolement.

La durée de vie, tant moyenne que maximale, est donc un domaine où il est préférable de naître femme plutôt qu’homme.

Les causes de ces différences sont presque certainement biologiques, mais il y a aussi des raisons socio-culturelles :

  • moins de prise de risque, par exemple moins de décès dans les accidents de voiture;
  • moins de violence, notamment moins de meurtres (commis, mais aussi subis, malgré les féminicides);
  • moins de suicides aboutis; 
  • moins de consommation de tabac et d’alcool.

Dans de nombreux pays riches à l’espérance de vie longue, l’espérance de vie des hommes progresse plus que celle des femmes et donc la différence de durée de vie entre femmes et hommes tend à diminuer. Ceci s’explique probablement par une raison culturelle, à savoir que les comportements des personnes des deux sexes s’uniformisent, mais peut-être aussi parce que, sans progrès médical de rupture, nous ne pouvons plus guère progresser dans l’espérance de vie et donc ceux et surtout celles qui sont « au sommet » ne grimpent plus guère.

Enfin, également beaucoup moins positif, selon les statistiques relatives à la durée de vie en bonne santé, la partie de la vie sans problème important de santé est généralement moindre chez les femmes. En ce qui concerne l’inégalité devant la souffrance et les maladies non mortelles, une partie des explications est certainement culturelle, notamment la moins bonne couverture médicale et assistance des femmes âgées. Mais des différences biologiques peuvent aussi expliquer cette situation, particulièrement les profondes transformations qui se produisent lors de la ménopause. Selon une étude récente provenant de chercheurs autrichiens, il apparaît d’ailleurs que le visage des femmes se modifie plus rapidement que celui des hommes après 50 ans, l’âge moyen de la ménopause.

La castration, une recette de longévité ?

Ce paragraphe est à prendre au second degré. Comme disent les anglophones Don’t try this at home. Selon certains, la suppression d’hormones mâles aurait un effet positif sur la longévité. Une étude de 2012 avait établi que les eunuques vivaient plus longtemps que les autres personnes dont l’âge du décès était connu dans les palais royaux coréens. Cependant, ceci pourrait être dû d’abord au meilleur traitement de ces personnes par rapport aux membres « ordinaires » de l’entourage des dirigeants coréens du passé.

De manière beaucoup moins invasive, certains ont proposé l’injection d’hormones pour favoriser la longévité. Mais les effets sur l’apparence physique étant importants, il n’y a pas eu d’expérimentations larges d’hommes prenant des hormones féminines.

A noter, à propos de sexe et de longévité, que l’abstinence sexuelle a souvent été proposée comme un moyen de longévité, de « préserver l’énergie », ceci complémentairement à de nombreux aspects religieux, par exemple le taoïsme. Il semble en fait qu’une pratique sexuelle modérée favorise la longévité.

Aujourd’hui, un nombre beaucoup plus important que par le passé de personnes changent de sexe. Il est encore trop tôt pour en estimer l’impact sur l’espérance de vie. Et les circonstances psychologiques et sociales auront très probablement un impact important à ce sujet, avant l’aspect proprement physiologique.

Les pistes du futur pour une vie en bonne santé beaucoup plus longues des femmes … et des hommes.

La différence d’espérance de vie s’explique notamment par de meilleurs comportements, une meilleure hygiène de vie, malgré des conditions globalement moins favorables. Des gains de longévité modestes sont possibles en examinant les différences et en imitant ce que font les femmes.

Or, trop souvent, les expérimentations médicales ne concernent que les hommes. Et même en ce qui concerne les expérimentations sur des animaux, très souvent, elles ne sont effectuées que sur des animaux mâles. C’est évidemment nuisible pour les femmes de ne pas observer les questions de santé spécifiques, mais aussi potentiellement pour tous les humains.

Pour des gains de longévité importants, la différence de la durée d’espérance de vie maximale s’explique par des raisons in fine génétiques. Les femmes diffèrent des hommes. Nous savons que de nombreux gènes sont associés à la longévité et nous savons que les femmes et les hommes diffèrent par la présence de deux chromosomes Y chez les femmes et un chromosome X et un chromosome Y chez les hommes.

A ce jour, aucun « gène de longévité » ayant un impact important n’a été découvert sur les chromosomes X ou Y (ni d’ailleurs sur aucun gène). Il s’agit probablement plutôt de la combinaison de gènes. Les recherches qui portent sur le séquençage potentiel de millions de personnes permettront peut-être d’en détecter.


La bonne nouvelle du mois : L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) interroge les citoyens à propos d’une décennie de « vieillissement en bonne santé »


L’OMS a annoncé que la décennie 2020-2030 serait consacrée au vieillissement en bonne santé (mais le terme longévité serait préférable à celui de vieillissement). Elle invite les citoyens et les organisations à prendre position à ce sujet. Plusieurs organisations internationales se sont prononcées pour inscrire la recherche biomédicale pour une vie en bonne santé beaucoup plus longue comme étant la priorité pour les progrès dans ce domaine.

Si vous le souhaitez, vous pouvez soutenir ou vous inspirer de la position de l’International Longevity Alliance pour émettre sur le site de l’OMS, jusqu’au 8 septembre 2019, votre point de vue à ce sujet.


Pour en savoir plus: