Jeunesse et longévité. La mort de la mort. N° 131. Février 2020

Je crois qu’en fait un homme passe sa vie à guérir de son enfance. (…) Il est dur de vieillir sans être adulte. Jacques Brel.

On ne pense à la mort que comme quelque chose de futur. Mais le futur un jour sera le présent. Vous êtes égoïste par rapport à vous-même, votre vous du futur, la personne que vous deviendrez. Il existe heureusement des pistes pour stopper cette terrible maladie qu’est le vieillissement. Mais l’humanité y investit trop peu d’efforts. (…) Peut-être serons-nous de la génération de ceux qui vivront éternellement ou alors de celle qui sombrera à jamais dans l’oubli. Citation audacieuse dans 4 creepiest mysteries of the body.


Thème du mois : Le vieil homme et l’enfant


Certains affirment que la valeur de la vie vient de sa brièveté. Or, les enfants ont toute la vie devant eux. Voyez-vous chez les jeunes un manque de volonté, une forme d’ennui  ? Parfois peut-être, mais moins que chez les adultes.

Ce sont souvent les mêmes personnes qui affirment également que si nous avions une vie beaucoup plus longue ou sans limitation de durée, nous serions atteints d’une sorte de léthargie. En effet, plus rien ne serait urgent. Pensez-vous en regardant nos très jeunes semblables dans un jardin d’enfant, une cour de récréation ou encore en groupe aux portes d’un café que, parce que l’horizon leur semble sans limites, ils aient tendance à prendre tout avec lenteur ?

Bien au contraire, l’horizon large est généralement un facteur d’enthousiasme et d’énergie. D’ailleurs, seriez-vous demain plus actif, énergique et enthousiaste si vous saviez que vous n’aviez plus que quelques semaines à vivre ?

L’être humain est le seul animal à avoir conscience de l’inéluctabilité de sa fin. Mais jusque 3 ou 4 ans, l’enfant n’a pas du tout conscience de ce qu’est la mort. Ensuite, il en prend conscience, mais d’abord sans se rendre compte que cela concerne tous les humains. Petit à petit, l’enfant va percevoir que la mort est un phénomène irréversible et inéluctable. Cependant, même après la découverte de l’inéluctabilité, les adolescents voient le vieillissement comme un futur plus que lointain.

Evidemment, même chez les adultes d’âge mûr, cette conscience reste toujours relative. Ceci concerne les croyants qui affirment qu’il existe une vie après la mort. Ceci concerne aussi les non-croyants. Cet aspect a été abordé dans une lettre de 2010 concernant la théorie dite de la gestion de la terreur (terror management theory) Cette théorie énonce que nous sommes tellement terrifiés par la mort que pour rendre son idée soutenable, nous avons besoin de la voir comme positive, imaginer y remédier devient dès lors non avenu, impossible.

Les jeunes enfants découvrent donc l’inéluctabilité du vieillissement et de la mort physique, en même temps que l’attitude souvent ambivalente de leurs parents. Ils seront souvent indignés. Cela leur permettra parfois d’être des pionniers dans la lutte pour la longévité.

Nina Khera est une jeune scientifique surdouée de 13 ans, originaire du Canada. Elle étudie la longévité et la génomique et se spécialise dans la lutte contre les cellules sénescentes.

Laura Deming avait 12 ans quand elle commença à travailler. À cet âge, elle traversa la moitié de la planète depuis sa Nouvelle-Zélande natale pour rejoindre le laboratoire californien de la spécialiste du vieillissement Cynthia Kenyon. Elle est aujourd’hui une adulte convaincue de l’importance de la recherche et des investissements dans ce domaine.

Laurent Simons, à l’âge de 9 ans, voulait déjà devenir un scientifique et un médecin pour mettre fin au vieillissement.

Un des aspects impressionnants pour Laura Deming et Laurent Simons, c’est que leur idéal est né de la même préoccupation en leur jeune âge : protéger leurs grands-parents.

Laurent Simons déclarait dans un journal flamand : Mon but en tant que scientifique est de prolonger la vie. Mes grands-parents sont des patients cardiaques et je veux les aider. Et les faire vivre éternellement.

Laura Deming racontait dans une interview : Je me souviens d’une fois où ma grand-mère est venue nous rendre visite. Je n’avais jamais fréquenté quelqu’un de plus de 60 ans auparavant. (…) pour ma grand-mère, seulement se lever d’une chaise, c’était vraiment douloureux. Cela m’a frappé. (…) Ensuite je me rappelle avoir demandé à mes parents quelle maladie était-ce. Ils m’ont dit : elle n’est pas atteinte d’une maladie, elle est vieille. Je leur ai demandé quelle maladie c’était d’être vieux. Ils m’ont dit : Oh, non, non, tu ne comprends pas, c’est un processus naturel. Et en tant qu’enfant, vous vous dites : C’est stupide. Pourquoi y a-t-il un processus naturel que nous devrions tous attraper, une maladie qui nous rend tellement abimés ?

Les plus jeunes sont souvent les plus enclins à se préoccuper du sort des plus âgés et à les défendre. Ils n’ont pas encore appris à supporter les injustices, fussent-elles celles de la nature.


Les nouvelles du mois : recherches à propos du coronavirus et intelligence artificielle pour des antibiotiques


Alors que les craintes relatives au virus SARS-CoV-2 (coronavirus), s’étendent, deux aspects sont importants et concernent la « lutte contre le vieillissement » :

  • Il a été relevé que le risque de décès est beaucoup plus grand chez les personnes âgées. Comme pour toute maladie infectieuse, un des principaux facteurs aggravants est l’âge.
  • Des archivistes se sont mobilisés pour que l’ensemble des articles scientifiques utiles pour lutter contre la nouvelle maladie soient accessibles sans tenir compte des droits d’auteur. Ils parlent d’impératif moral. Ils argumentent donc implicitement sur le fait que le droit à la vie prime ou devrait primer sur le droit au profit.

Enfin, dans un autre domaine, concernant cette fois les bactéries pathogènes, pour la première fois, un antibiotique a été développé grâce à une intelligence artificielle en utilisant des techniques de machine learning. L’antibiotique nouveau, baptisé Halicim, a déjà prouvé son efficacité chez les souris et sur des cellules humaines.


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