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Quand la vie suspend son vol. La mort de la mort. Décembre 2018. N° 117.

La mort des individus est la façon dont les espèces s’adaptent aux changements de l’environnement, grâce à la sélection naturelle. Lorsque l’humanité aura totalement pris en charge son environnement, la mort n’aura plus les mêmes raisons d’être. À cause de l’effet Baldwin, la sélection naturelle continuera encore à agir sur les gènes. Elle favorisera la longévité. Celle-ci continuera donc à augmenter régulièrement. Extrait de « thermodynamique de l’évolution » de François Roddier.


Thème du mois :  dormances, hibernations … et autres vies naturellement au ralenti


Les organismes cellulaires vivent, se reproduisent et meurent depuis des centaines de millions d’années. Des centaines de millions de cycles de vie se sont succédé. La vie, telle que nous la concevons de manière intuitive est un ensemble de mécanismes complexes par lesquels chaque entité conserve son intégrité, maintient son métabolisme,  moyennant des échanges multiples et abondants avec le monde extérieur.

Mais chez de nombreuses espèces vivantes, dans certaines circonstances, la vie « suspend son vol ». Autrement dit, le métabolisme se ralentit considérablement.

Cette lettre détaillera les principales catégories de vies « naturelles » au ralenti, à l’exception du sommeil. Ce mode fascinant de vie au ralenti que nous expérimentons chaque nuit a été abordé dans une lettre de janvier 2016.

Hibernation et dormances

L’hibernation est le cas le plus connu de vie ralentie. Pendant la saison froide, certains mammifères, dont les marmottes ainsi qu’une espèce d’oiseau (l’engoulevent), se réfugient sous terre ou dans des anfractuosités et vivent avec un métabolisme extrêmement lent : température corporelle à un ou deux degrés, rythme cardiaque de quelques battements par minute …

En ce qui concerne les vertébrés poïkilothermes (à sang froid), un phénomène similaire est appelé brumation. La grenouille des bois peut même survivre partiellement gelée. Pour les insectes, le mécanisme similaire à l’hibernation est appelé diapause.

Enfin, comme chacun sait, de nombreuses plantes perdent leurs feuilles en hiver (ou à la saison sèche). Le terme technique est plante décidue et la période d’activité ralentie est appelée dormance.

Graines et semences

C’est une vie tellement « au ralenti » que nous ne le considérons généralement pas comme de la vie. Dans des circonstances ordinaires, pour les plantes vivant dans des zones connaissant différentes saisons, une graine va avoir un métabolisme quasiment inexistant durant la période défavorable à la croissance.

Le terme dormance est ici aussi utilisé. En temps ordinaire, la dormance ne dure que quelques mois et la plante « naît » à la belle saison. Mais si les conditions de germination ne sont pas réunies alors que les conditions de conservation sont bonnes, certaines graines peuvent rester fertiles durant des siècles et même des millénaires. Des graines d’un dattier retrouvées dans la forteresse de Massada en Israël ont germé après deux millénaires.

Spores

Une spore est une entité minuscule généralement constituée d’une seule cellule qui peut donner naissance à un organisme. De nombreuses algues, champignons, protozoaires et plantes produisent des spores.

Dans des conditions de conservation idéales, une spore peut produire un organisme après des milliers d’années. Il semble même que les spores de bactéries puissent se maintenir à l’intérieur de roches pendant des millions d’années. Le record serait de 240 millions d’années. Ceci n’est cependant pas certain. S’agissant de formes de vie dormante d’une extrême résistance, il se pourrait que les spores soient arrivées par « contamination » lors de l’examen des roches.

Vie souterraine

Selon une déclaration toute récente du Deep Carbon Observatory, une vie microbienne presque inanimée de « zombie » se maintient pendant des millénaires à une grande profondeur (jusque 2 kilomètres sous terre). La biomasse totale excéderait largement le poids des humains. Moins profond, dans le permafrost sibérien, des nématodes ont pu être « réanimés » après 40.000 années.

Mais cela n’est pas transposable à l’humain

Tout ceci nous rappelle combien les êtres vivants sont souvent plus résistants que les humains et combien la mort de vieillissement n’est pas un phénomène universel. L’étude des mécanismes de ces longévités ne nous donnera pas un mode d’emploi direct pour une vie humaine plus longue, mais peut nous éclairer pour nous permettre un jour plus de résilience.


La nouvelle du mois : Jeanne Calment a-t-elle vécu 122 ans ?


Le petit monde des spécialistes de la longévité extrême est agité par une controverse. Certains affirment que Jeanne Calment décédée en 1997 était un imposteur. Officiellement, sa fille Yvonne serait décédée à 35 ans quand Jeanne avait une soixantaine d’années mais certains pensent qu’en fait, il y a eu substitution de la mère et de la fille. La personne connue comme Jeanne Calment serait dans ce cas décédée peu avant d’avoir atteint 100 ans.

A l’appui de cette thèse :

  • Il n’y avait pas dans la famille Calment d’autres centenaires. Or, la dimension génétique est importante chez les supercentenaires.
  • L’âge supposé atteint par Jeanne Calment était et est toujours totalement atypique (plus de 2 ans de plus que la seconde personne ayant vécu le plus longtemps).
  • Jeanne Calment était riche et il y avait donc un avantage notamment pour éviter les droits de succession à cacher son décès. Jeanne Calment est aussi restée célèbre pour avoir conclu un contrat viager. Ce type de contrat est rare, mais s’expliquerait en cas de fausse déclaration.

Par contre :

  • Le cas de Jeanne Calment est abondamment documenté. En cas de fraude, au moins le mari de Jeanne Calment aurait dû être au courant de même presque certainement que d’autres membres de la famille et des proches.
  • Il apparait peu probable qu’Yvonne Calment, qui se serait fait passer pour Jeanne Calment, ait pu mentir (ou éventuellement après un temps se mentir à elle-même) durant plus de 60 ans sans erreur détectée malgré ses très nombreux contacts notamment avec des journalistes.
  • Celui qui devait recevoir les biens de Jeanne Calment à son décès aurait eu tout avantage à dénoncer la fraude car il aurait pu faire annuler le viager. Au décès de ce notaire, la veuve qui continuait à payer y aurait eu également avantage.

Donc, il y a de bonnes raisons de douter dans les deux cas. Il serait utile pour la science d’analyser l’ADN de la personne enterrée en 1997 (en comparant avec l’ADN de membres de la famille). Si Jeanne Calment a vécu 122 ans, nous aurons des éléments génétiques extrêmement utiles à déchiffrer et, si ce n’est pas le cas, nous saurons que les supercentenaires sont un phénomène encore plus rare que ce que nous pensons aujourd’hui.

Malheureusement, les recherches pour la longévité ne sont pas encore perçues comme suffisamment importantes. Il est plus aisé d’examiner l’ADN de familles royales que celui de présumés supercentenaires.


Pour en savoir plus :

 

Quelques perspectives sociales et culturelles de thérapies de rajeunissement. La mort de la mort. Novembre 2018. N° 116.

Faut-il augmenter l’homme ? Si c’est pour l’ensemble de l’humanité, moi je suis preneur. Mais dans le contexte actuel, on nous promet chez les transhumanistes que tout cela va arriver (vers) 2020 ou 2030. Mais entre aujourd’hui et les 10 ans qui viennent, nous sommes déjà au coeur de changements extrêmement rapides. Et la question de l’homme augmenté doit nous permettre, je l’espère en tout cas, par-delà ces grands progrès de la médecine et de la technologie qui sont indéniables, qui vont nous apporter énormément de choses. Je pense qu’effectivement ceci ne sera possible, l’homme augmenté, que si c’est dans le cadre d’une humanité augmentée. Pascal Picq, paléoanthropologue et écrivain, source Le Figaro (vidéo de l’intervention), 1er octobre 2018.


Thème du mois : Réjuvénation et société


Très souvent, ceux à qui on parle de longévité humaine imaginent un monde de vieillards décrépits et sans énergie. Or, la recherche scientifique relative au vieillissement vise à réduire et même à interrompre les processus de vieillissement.

Si nous y parvenons, les femmes et les hommes pourront donc vivre beaucoup plus longtemps dans l’état de santé qui était le leur au moment du début du traitement.

Ou plutôt, cela pourrait aller bien au-delà, les recherches de thérapies permettant d’interrompre le processus pourraient être poursuivies et permettre un rajeunissement, une décroissance de l’âge visible.

L’espoir du rajeunissement par l’intercession de puissances divines, notamment dans le mythe de la Fontaine de jouvence, est probablement presque aussi ancien que celui d’une vie sans vieillissement.

Depuis des siècles, les femmes et les hommes rêvent également de produits susceptibles de rendre la beauté et la vigueur de la jeunesse. Aujourd’hui comme hier, dans l’industrie cosmétique, des centaines de milliards d’euros, de dollars et de toutes les monnaies de la planète sont dépensées pour la recherche de produits et plus encore pour la publicité de ces produits améliorant l’aspect physique. Mais tous ces agents cosmétiques n’ont en principe qu’une efficacité … cosmétique.

Enfin, l’espoir né de recherches purement médicales est également ancien, depuis les greffes de testicules jusqu’aux cellules-souches. Cependant, malgré bien des tentatives prometteuses et encore plus d’annonces fracassantes, en cette année 2018, aucune substance, aucune thérapie, n’a un effet de réjuvénation avéré sur une longue durée pour les êtres humains (ni d’ailleurs pour aucun mammifère).

Mais l’impossible d’aujourd’hui pourrait devenir la banalité d’après-demain. En 1900, des milliers de tentatives pour faire voler des « plus lourds que l’air » étaient restées sans succès. Vingt ans plus tard, au sortir de la 1ère guerre mondiale, les avions avaient servi à des usages innombrables, du largage de bombes au transport de passagers et de la cartographie pacifique au repérage de cibles militaires.

Dans la suite de cette lettre, quelques enjeux et les conséquences sociales, politiques et culturelles potentielles de techniques de réjuvénation seront abordés.

Quel âge choisirions-nous ? Aspect physiologique.

La mortalité, et aussi dans une moindre mesure la morbidité, croissent avec l’âge et de manière exponentielle. L’âge physiologique le plus souhaitable de ce point de vue est d’environ 20 ans.

Dans un monde au vieillissement facultatif, il y aurait probablement quelques personnes originales ne prenant pas de thérapie réjuvénatrice. Par contre, logiquement, ceux souhaitant « dépasser la nature » iraient probablement jusqu’à l’âge physiologique idéal et ne s’arrêteraient pas en chemin. Pour faire un parallèle avec la situation actuelle, il y a quelques (très rares) personnes ne cuisant pas leurs aliments ou n’utilisant pas de téléphones mobiles. Plus rares encore sont ceux qui cuisent leurs aliments à moitié ou utilisent un téléphone portable un jour sur deux.

Quel âge choisirions-nous ? Aspect esthétique.

Jamais nous n’avons encore pu « découpler » l’avancée en âge qui permet plus d’expérience et l’avancée en âge qui provoque la détérioration, puis la mort de tout être humain après au maximum 122 ans. L’écoulement du temps pour acquérir de l’expérience est bien sûr positive. Un célèbre proverbe africain dit qu’un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle.

Il est donc envisageable que les femmes et les hommes du futur préféreront avoir une apparence physique d’une personne d’âge mûr plutôt que d’une personne jeune. Cependant, il se pourrait aussi que l’âge soit marqué par d’autres signes que ceux du corps, l’apparence vestimentaire par exemple. D’ailleurs, actuellement, les différences d’apparence physique entre l’âge de 25 – 30 ans et 45 – 60 ans tendent à s’amenuiser grâce aux progrès globaux en matière de santé publique (médecine, alimentation, hygiène de vie, …).

Les parents et grands-parents ressemblant physiquement aux enfants : est-ce que cela serait déconcertant ?

Certains pourraient regretter le « bon vieux temps » où les plus de 75 ans étaient si différents physiquement. Ils seraient privés du « beau spectacle naturel » de la dégradation progressive.

Théoriquement, nous pourrions également craindre une société d’humains « parfaitement jeunes et beaux », uniformes, fades et interchangeables.

Mais une uniformité forte est improbable. Tant par les caractéristiques physiques que par les vêtements, sans parler de la personnalité, il serait logique que les citoyens marquent leur environnement socio-culturel, lequel comprend bien sûr entre autres la période durant laquelle nous avons grandi. Pour imaginer ce qui pourrait se passer, le film de science-fiction intitulé « Time Out » est intéressant. Dans ce film, les citoyens vivent une éternelle jeunesse physiologique (mais meurent si une horloge informatique l’ordonne). Pour le reste, la société est composée, comme aujourd’hui, de familles « nucléaires » (père, mère, enfants). Assez vite le spectateur « ressent » clairement qui sont les enfants et qui sont les parents alors que tous sont physiologiquement jeunes. Autrement dit, une société peut marquer aisément l’âge de ses citoyens sans que l’apparence physiologique ne soit nécessaire.

Il serait aussi envisageable que certains passent par des phases d’apparence physique différente, plus âgées puis plus jeunes ou l’inverse.

Changements rapides ou changements brusques ?

D’abord, il faut faire une remarque de pure logique. Quoi qu’il arrive, personne n’aura plus de 200 ans avant l’an 2100. C’est une évidence, mais qui échappe souvent à ceux qui s’inquiètent d’un caractère possiblement « bouleversant » de thérapies de réjuvénation. En effet, la personne la plus âgée au monde a 115 ans aujourd’hui et elle ne pourra, quoi qu’il arrive, atteindre 200 ans qu’en l’an 2103. Même si demain, une thérapie parfaitement efficace était découverte, il faudrait des décennies avant qu’un nombre important de citoyens vivent plus de 122 ans (la durée maximale de vie jamais atteinte aujourd’hui).

Parallèlement, si des thérapies permettent le rajeunissement, elles ne permettraient probablement que des modifications progressives. Et même si c’était techniquement possible de changer son apparence du jour au lendemain, il est probable que la majorité des citoyens préféreraient, pour eux-mêmes, des modifications progressives.

Rajeunissement obligatoire ou rajeunissement facultatif ?

Ceux qui s’opposent aux recherches en matière de longévité déclarent souvent que cesser de vieillir et de mourir de vieillesse est impossible (ils ont raison) et restera toujours impossible (ils pourraient bien avoir tort, mais seul l’avenir le dira). Cette affirmation est souvent complétée d’une déclaration un peu contradictoire de type « Je veux continuer à choisir de vieillir ».

Ce type de déclaration est illogique à deux niveaux.

D’abord, à ce jour, personne ne choisit de vieillir ou de ne pas vieillir. Nous ne pouvons pas plus choisir de vieillir qu’une pierre qui serait douée de conscience  ne pourrait « choisir » de tomber.

Ensuite, et surtout, si des thérapies de rajeunissement voient le jour, elles ne seront pas plus obligatoires qu’il n’est aujourd’hui obligatoire de suivre un traitement lorsque nous sommes atteints d’une maladie. Au départ, peu de gens suivraient les thérapies. Puis le mouvement s’étendrait. Les thérapies de rajeunissement se généralisant, le droit fondamental à une vie en bonne santé devrait apparaître comme de plus en plus important. La détérioration due à la vieillesse pourrait devenir aussi peu souhaitable demain que la peste et le choléra aujourd’hui.

Dans ce cas de figure, un vieillard qui meurt deviendrait un événement exceptionnel. Nous aurions presque tous plus de temps pour accroître nos savoirs, nos collaborations, nos capacités, pour enseigner et coopérer avec les plus jeunes « chronologiquement ». Nous aurions aussi plus de temps pour veiller à ce que toute la planète soit un environnement durable pouvant permettre une vie longue. La vie deviendrait aussi un bien de plus en plus précieux, car nos horizons temporels s’étendraient.

En même temps, il serait aussi important, en termes démocratiques et pluralistes, de laisser ceux qui le souhaitent continuer à vieillir à l’instar des Amish des États-Unis qui n’utilisent pas certaines technologies.

Eternellement jeune, un ennui mortel ou un champ d’exploration plus large que jamais ?

Des millions d’hommes désirent ardemment l’immortalité alors qu’ils ne savent pas quoi faire un dimanche après-midi pluvieux écrivait la romancière britannique Suzan Ertz.

Il n’est pas impossible qu’un jour la longévité soit ennuyante et que certains donc décident de vieillir à nouveau. Mais en fait l’ennui touche autant, sinon plus les jeunes qui n’ont que « quelques années au compteur ». Les personnes âgées s’ennuient souvent moins, bien que leurs capacités physiques et leurs activités aillent en diminuant. Le goût de la vie serait plus grand encore si les personnes avançant en âge bénéficiaient de traitements de rajeunissement.

Un monde de femmes et d’hommes choisissant leur âge biologique ne rendrait cependant pas le monde parfait. Cela serait un monde à améliorer avec des défis environnementaux, technologiques, sociaux et culturels. Cela serait aussi un monde où nous pourrions nous « déhâter », prendre le temps, consommer moins frénétiquement, être moins en compétition et collaborer davantage les uns avec les autres.


La bonne nouvelle du mois : l’Eurosymposium on Heathy Ageing a été un succès


Du 8 au 10 novembre, une centaine de chercheurs et d’activistes des recherches pour une vie en bonne santé beaucoup plus longue se sont réunis au centre de Bruxelles. Cela a été l’occasion d’échanges scientifiques de haut niveau, mais aussi de discussions à propos de perspectives financières (comment trouver des moyens budgétaires pour les recherches les plus prometteuses) et même de perspectives politiques.

Il se pourrait notamment qu’aux élections européennes de mai 2019, il y ait des candidats « pro-longévité ».


Pour en savoir plus :

  • Photos : Antonin Kovar à 25 et 102 ans

 

 

Les sénolytiques. La mort de la mort. Octobre 2018. N° 115.

La recherche d’interventions qui prolongent la vie a souvent été perçue comme une poursuite purement académique ou comme une entreprise médicale peu orthodoxe, avec peu ou pas de résultats pratiques.

Pourtant, en fait, ces études, qui visent explicitement à prolonger la vie humaine, ont souvent constitué une formidable motivation, quoique rarement reconnue, pour la recherche et la découverte biomédicales (traduction). Ilia Stambler, juin 2014 dans The unexpected outcomes of anti-aging, rejuvenation, and life extension studies: an origin of modern therapies.


Thème du mois. Les produits détruisant les cellules sénescentes.


Il y a beaucoup plus de cellules dans notre corps que d’êtres humains ayant vécu sur la planète, probablement environ 40.000 milliards. Ces cellules se reproduisent en se divisant, grandissent, meurent, absorbent et excrètent des substances… Bref, ce sont des entités vivantes qui fonctionnent dans notre corps avec une certaine autonomie et pour une durée extrêmement variable qui peut aller de quelques semaines (120 jours pour les globules rouges) à toute une vie humaine (la plupart des neurones).

Pour autant que nous le sachions, nos cellules descendent en droite ligne d’un organisme apparu il y a près de 4 milliards d’années. Plus exactement, nos cellules proviennent de la fusion, il y a deux milliards d’années, entre deux descendants de l’organisme d’origine, les cellules primitives et ce que sont aujourd’hui les mitochondries.

Lorsqu’une cellule fonctionne mal, elle est normalement éliminée rapidement. Il existe de nombreux mécanismes qui aboutissent à la mort de la cellule, le plus connu étant l’apoptose parfois appelé aussi « suicide cellulaire ».

Mais il arrive également que des cellules nuisibles au reste de l’organisme continuent à vivre. Le cas le plus connu est celui du cancer, une multiplication « anarchique » de cellules qui aboutit au décès de l’individu porteur si les mécanismes de contrôle de l’organisme ou une thérapie adéquate n’interrompent pas la multiplication.

Cellules sénescentes

Une autre grande catégorie de cellules en mauvaise santé fait l’objet, depuis quelques années, d’une grande attention de la part des chercheurs actifs dans le domaine de la lutte contre le vieillissement. Il s’agit des cellules dites « sénescentes ».

Les substances utilisées pour détruire ces cellules sont appelées des sénolytiques. Le terme est basé sur le mot « sénescence« , c’est-à-dire en biologie, le processus de dégradation progressif dû à l’avancée en âge et le mot lyse qui désigne notamment la dégradation d’organismes par l’action d’un agent physique, chimique ou biologique.

Une cellule sénescente est une cellule qui ne fonctionne pas de manière efficace pour le reste de l’organisme. Elle a un métabolisme dont le fonctionnement a des conséquences nuisibles pour le reste de l’organisme. Elle accumule et sécrète des facteurs pro-inflammatoires qui favorisent le développement de maladies liées à l’âge.

L’objectif visé lors des recherches en cours est de détruire ces cellules, mais bien sûr sans effets négatifs importants pour les cellules saines. C’est donc un objectif assez proche de celui recherché dans le cadre de la lutte contre les cancers où il est nécessaire d’éliminer les cellules cancéreuses sans éliminer les cellules saines. Des produits visant à détruire des cellules cancéreuses sont d’ailleurs aussi expérimentés comme sénolytiques.

De nombreuses substances ont été testées ces dernières années sur des souris et quelques produits commencent à être testés sur les humains. Le traitement par des sénolytiques aboutit à une apoptose ciblée des cellules sénescentes. Il faut noter qu’il n’est pas nécessaire de supprimer toutes les cellules sénescentes mais seulement une partie. Il est même possible qu’un traitement qui tuerait toutes les cellules sénescentes soit contre-productif. Un traitement réussi diminue les inflammations. Parmi les effets positifs, la calcification artérielle est moindre, réduisant le risque d’athérosclérose.

 ce jour, un effet positif a été établi pour le niveau de santé de souris à court et à moyen terme. Une expérience a donné des résultats positifs pour ce qui concerne la durée de vie des souris, celle-ci a augmenté d’environ 25 %.

Produits testés

La Quercétine (un flavonoïde) et le Dasatinib réduisent les « marqueurs » de la sénescence dans des études in vitro et sur l’animal. Le produit anticancéreux Navitoclax a aussi été examiné comme sénolytique.

Un autre flavonoïde, la fisétine est actuellement citée très fréquemment dans les échanges scientifiques relatifs à ces nouvelles thérapies de même que la piperlongumine et les inhibiteurs Bcl-2.

Perspectives et limitations

Les sénolytiques sont actuellement la thérapie la plus citée dans le domaine des recherches relatives au vieillissement. Il s’agit de produits déjà existants, souvent naturels (dont la production n’est pas très coûteuse), dont le mécanisme d’action est assez bien connu et qui pourraient prolonger la durée de vie en bonne santé de manière conséquente.

Cependant, l’optimisme à ce sujet ne doit pas être excessif. La plupart des expérimentations sur des souris à ce jour ne portent pas sur la longévité. La première expérimentation humaine annoncée largement dans la communauté scientifique est seulement en train de débuter. Elle sera en double aveugle et portera sur l’élimination de cellules sénescentes sur les articulations de patients atteints d’arthrose.

Dans ce domaine comme dans les autres recherches concernant la longévité, des investissements publics et privés plus importants, un partage des connaissances plus rapide et une implication de plus de chercheurs est souhaitable pour permettre à celles et ceux qui le souhaitent de vivre en bonne santé beaucoup plus longtemps dans un futur le plus proche possible.


La bonne nouvelle du mois : De plus en plus de rencontres internationales concernant la longévité.


Les activités informant les chercheurs à propos de longévité humaine sont tellement nombreuses qu’il n’est plus possible de tout suivre. Deux conférences en Europe se sont produites il y a peu et deux conférences se déroulent en novembre :


Pour en savoir plus:

 

 

 

 

Pour une station internationale de la longévité. La mort de la mort. Septembre 2018. N° 114.

Les gens voteront avec leurs pieds dès que ces technologies offriront des bénéfices significatifs. Aujourd’hui, ils se posent des questions sur la nature, sur Dieu, mais tout cela changera dès qu’il sera possible de doubler la durée de vie d’un individu grâce au génie génétique(…).

Les gens auront recours au génie génétique si vous pouvez leur garantir que leur enfant ne sera pas atteint par la maladie d’Alzheimer,  (…) Quand il nous offrira des organes de rechange ou guérira le vieillissement, alors bien sûr qu’on s’en servira. (Julian Savulescu bioéthicien Septembre 2015, Source.


Thème du mois. Une mobilisation mondiale pour un but commun est possible


L’International Space Station (ISS)

Parfois la nuit, nous pouvons la voir à l’oeil nu. Elle est un point de lumière plus visible qu’une étoile et qui accomplit chaque 97 minutes le tour de notre planète. Elle passe à 400 kilomètres d’altitude, bien loin de la minuscule pellicule d’atmosphère qui enveloppe toutes les formes de vie que nous connaissons, tout ce que nous avons de nos rêves les plus fous à nos cauchemars les plus atroces.

Dans cet environnement absolument hostile, les États-Unis, la Russie et d’autres nations dont la France ont créé une toute petite oasis de 388 mètres cubes habitables, continuellement occupée depuis l’an 2000. C’est un objet formé de composants tellement solides qu’ils peuvent résister au vide de l’espace et à des écarts de température qui nous tueraient en quelques dizaines de secondes, mais tellement fragile qu’il suffirait d’une météorite de quelques grammes pour la détruire.

Pourquoi parle-t-on de station spatiale internationale ? Parce que le mot station en français et en anglais peut désigner, outre un lieu où l’on s’arrête, une place où l’on effectue des observations scientifiques ainsi que les installations qui y sont aménagées.

La station internationale fait partie des grands projets collectifs de l’humanité. Un de ces objectifs est le prestige, mais un prestige qui n’est pas dirigé contre d’autres groupes. En ce sens, cette réalisation technologique est plus collective, plus solidaire et plus universelle que le projet Apollo des années 60. Car après « le petit pas pour l’homme mais le bond de géant pour l’humanité » de Neil Armstrong, le premier drapeau déployé ne fut pas celui des Nations-Unies mais le drapeau américain.

Dans la station internationale, l’essentiel du travail concret est du travail scientifique. Malheureusement, le Space Station Biological Research Program de l’ISS n’a jamais été entamé, notamment suite à la destruction de la navette spatiale Columbia. Néanmoins, des expériences se déroulent fréquemment dont certaines concernent la sénescence d’êtres vivants.

Autres projets scientifiques internationaux

Un projet international scientifique peut-il être hébergé à la surface de la planète sans faire partie d’un État ? Oui, certainement. D’abord la majorité de la surface du globe n’appartient pas juridiquement à un État. Il s’agit de la partie des océans en dehors des eaux territoriales. Ensuite, il y a le continent Antarctique qui n’appartient à aucun État conformément à un traité international de 1959. Ce traité, qui s’inscrivait notamment dans le contexte de la guerre froide, se voulait pacifique et également scientifique, comme exprimé précisément dans l’article 2: La liberté de la recherche scientifique dans l’Antarctique et la coopération à cette fin (…) se poursuivront.

Moyennant un traité international, d’autres terres pourraient être soustraites à la compétence d’un État. Ce n’est cependant pas indispensable à une station internationale terrestre. De nombreux projets internationaux ont été réalisés sans cette exigence.

Le CERN, Organisation européenne pour la recherche nucléaire constituée de 22 États membres, a joué un rôle important dans le développement d’internet. Le CERN est notamment à l’origine du premier « navigateur du web ». A noter du point de vue de la symbolique internationale que les bâtiments du CERN sont situés à cheval sur les territoires suisse et français.

L’UNESCO a créé le concept de patrimoine mondial de l’humanité. Les sciences y sont bien présentes puisque la première catégorie de bien est ce qui représente un chef-d’œuvre du génie créateur humain. Cependant, l’accent est plus souvent mis sur la beauté que sur la science. Il y a un aspect international symbolique puisque l’inscription sur la liste postule que ces biens appartiennent aussi à l’ »Humanité ».

L’Organisation mondiale de la Santé (dont presque tous les États du monde sont membres) réalise entre autres la classification internationale des maladies (ICM), dont la 11ème révision est actuellement en cours.

Le Human Brain Project a pour vocation une excellente compréhension du cerveau humain. Le projet, qui a connu des controverses, comprend notamment une plate-forme médicale. Il s’agit d’un travail mettant en relation 117 institutions issues de 17 États, la plupart de l’Union européenne mais aussi de la Suisse, d’Israël et de Turquie.

Une station internationale de la longévité / Un projet Apollo / Un projet Manhattan ?

Un projet international pour la longévité serait une manière collective et solidaire de chercher à accomplir un des plus vieux rêves de l’humanité. Cela serait également un moyen de mise en oeuvre d’une partie peu connue de la déclaration universelle des droits de l’homme qui postule en son article 27 que Toute personne a le droit de (…) participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent.

Si le projet débute de manière associative, il pourrait être promu par le Conseil international pour la science. Le lieu idéal serait une place où se rencontrent des frontières, mais cela pourrait être aussi un lieu international pour des raisons symboliques ainsi par le choix des participants.

Une station internationale de la longévité pourrait impliquer :

  • La partie du « Human Brain Project » qui traite des questions médicales. Pour autant que nous le sachions, il n’existe aucune espèce vivante ayant un système nerveux complexe qui ne meurt pas de vieillissement. Les maladies neurodégénératives sont donc au coeur des mécanismes de vieillissement de l’être humain.
  • Les services et travailleurs de l’Organisation Mondiale de la Santé qui s’occupent spécifiquement des maladies liées au vieillissement.
  • Un comité international (prix Nobel, spécialistes) chargé d’examiner les propositions les plus innovantes.
  • Les scientifiques les plus performants dans les domaines concernés.
  • Des chercheurs dans le domaine de l’intelligence artificielle compétents pour les questions de santé.
  • Une plate-forme informatique internationale de mise à disposition des données concernant les études réalisées et en cours relative à la longévité. Il s’agit d’abord des études portant sur les humains, mais aussi les études portant sur des animaux. Il est important que les échecs soient également connus.
  • Une base internationale de données génétiques humaines relatives à la santé au service exclusif de la recherche publique (et donc sans but commercial). Les informations, provenant d’organismes scientifiques compétents pour la santé publique, sont rassemblées dans un environnement sécurisé et conçu spécifiquement pour recueillir des informations relatives à l’allongement de la durée de vie en bonne santé.
  • Un groupe international de médecins, infirmiers, praticiens de santé qui réalisaient des expérimentations de nouvelles thérapies de longévité. Ces expérimentations concernent des volontaires âgés, bien informés et soucieux de permettre à celles et ceux qui le souhaitent de vivre en bonne santé beaucoup plus longtemps.
  • Une équipe d’éthiciens, d’économiste et de juristes chargés d’examiner les moyens d’accélérer la recherche. Il s’agit de mettre en oeuvre, dès que c’est possible scientifiquement, le devoir universel d’assistance aux personnes qui souffrent de maladies liées au vieillissement et souhaitent bénéficier des progrès médicaux.

La bonne nouvelle du mois : Festival de la longévité en Californie


Du 20 au 23 septembre se déroulait à San Diego la Raadfest, le plus grand événement mondial annuel de militants de la longévité. Cette année, c’est notamment Ray Kurzweil qui s’est exprimé à propos des avancées en matière de longévité. Parmi les dizaines d’autres spécialistes qui se sont exprimés avec enthousiasme, certains ont parlé des recherches en cours, d’autres des investissements financiers possibles.


Pour en savoir plus  :
De manière générale, voir notamment: heales.orgsens.orglongevityalliance.org et longecity.org
Source de la photo

De l’influence d’un millième de la masse de notre corps sur le vieillissement. La mort de la mort. Août 2018. N° 113.

Les nombreux milliardaires qui font des recherches sur la vie éternelle feront bientôt en sorte que nous puissions avoir 200 ans. Il faudra relativement peu d’étapes ensuite avant 1000 ans ou même avant de devenir immortel. J’ai une grande confiance en ces milliardaires et je comprends leur passion.

Il est humiliant que la vie à un moment donné vous pousse simplement de côté. En ce sens, la mort est une excellente technologie qui permet à la nature de prospérer. Après qu’une personne a eu son utilité, une nouvelle vient à sa place. Mais tôt ou tard, chaque technologie deviendra obsolète. Dans le cas de notre mortalité, il faudra une ou deux percées majeures.

Manu Joseph, écrivain et journaliste indien. 17 août 2018, traduction.


Thème du mois. Du rôle de quelques organes de très petite taille dans le vieillissement.


Chaque être humain est un univers en soi constitué de centaines de milliards de cellules mais aussi de bactéries. Chacune de ces entités est à son tour un ensemble de structures et de corpuscules que nous ne comprenons que partiellement.

L’ensemble des structures, organes, corpuscules,… assurant le fonctionnement de notre organisme sont d’une extraordinaire complexité. Les liaisons entre les organes, les rythmes, les contacts avec l’extérieur, sont presque toujours multidirectionnels. Un verre d’eau que nous buvons, un sentiment que nous éprouvons, une heure de sommeil en plus et en moins, tout a des effets physiologiques.

Nous en savons plus sur notre corps que jamais auparavant. En même temps, une immensité reste à découvrir. Il y a ce que nous ne comprenons pas. Il y a ce dont nous ignorons même encore l’existence. Et il y a probablement bien des choses que nous pensons à tort savoir. Pendant des siècles, le tabac a été une plante médicinale et la saignée un remède majeur.

Parmi les centaines d’organes que compte notre corps, certains de très petite taille sont indispensables à notre fonctionnement harmonieux. Cette lettre aborde le rôle lié à la longévité du thymus, de la thyroïde, de l’hypothalamus, de l’hypophyse et de l’hippocampe, cinq organes qui, ensemble, représentent environ un millième du poids d’une personne adulte ordinaire.

Thymus

Le thymus est au centre du système immunitaire. C’est un tout petit organe qui se situe à proximité du coeur. Son poids maximum (une trentaine de grammes) est atteint à la fin de l’adolescence.

Le thymus est spécialisé dans la maturation des lymphocytes T (T pour thymus). Leur rôle est de détecter les cellules infectées par un virus ou les cellules cancéreuses et de les détruire.

Un des aspects majeurs du vieillissement est la diminution d’efficacité du système immunitaire, celle-ci se manifeste de deux manières :

  • les cellules infectées, malades,… qui devraient être détruites ne le sont plus
  • des cellules saines sont attaquées (maladies auto-immunes)

Permettre un fonctionnement avec sénescence réduite de l’ensemble du système immunitaire est un enjeu majeur. Or, le thymus perd de son volume au long de notre vie (le terme médical est involution) jusqu’à parfois disparaître en étant totalement remplacé par de simples cellules de graisse. En vieillissant, nous devenons donc de plus en plus sensibles aux maladies contagieuses.

Si nous pouvions régénérer le thymus, nous aiderions les personnes âgées à combattre plus efficacement les infections. Des scientifiques, parmi lesquels le biogérontologiste Greg Fahy, étudient les moyens d’y parvenir.

Thyroïde

La thyroïde est une glande se situant dans le cou. Elle pèse une trentaine de grammes et produit certaines hormones (hormones thyroïdiennes). Ces hormones sont vitales et ont une influence concernant l’ensemble des rythmes de l’organisme : rythme cardiovasculaire, de la croissance, métabolique.

Un aspect important du vieillissement est la diminution de la production de certaines hormones. Depuis longtemps, beaucoup de médecins prescrivent des hormones pour lutter contre des aspects du vieillissement. Malheureusement, aucune influence forte ne semble établie pour la longévité, du simple fait de l’absorption d’hormones. En ce qui concerne la thyroïde, curieusement c’est une activité réduite de cette glande qui est associée avec une espérance de vie plus importante.

L’hypothalamus et l’hypophyse

L’hypothalamus est une toute petite partie du cerveau située à sa base. Il ne pèse qu’environ 4 grammes mais il joue un rôle décisif pour de nombreuses fonctions physiologiques dont la libération d’hormones et la régulation de la température corporelle. Il est relié à l’hypophyse ou glande pituitaire, organe encore plus petit de moins d’un gramme qui produit de nombreuses hormones dont la plus connue est l’hormone de croissance.

L’influence sur la longévité de ces organes en cas de dysfonctionnement est claire et rapide. Par contre, comme presque toujours dans le domaine de la recherche sur la longévité, les résultats d’une modification visant à l’amélioration sont mitigés. L’hormone de croissance a été – et est encore – présentée comme un produit « anti-âge » mais aucune étude à ce jour n’a démontré d’efficacité en terme de durée moyenne ou maximale de vie sur l’humain. L’effet pourrait même être contraire.

L’hippocampe

L’hippocampe est une partie du cerveau humain (et des mammifères en général) qui a une forme ressemblant au poisson du même nom. Nous avons un hippocampe par hémisphère, les deux ensemble ne pesant que quelques grammes. L’hippocampe joue un rôle central dans la mémoire et l’orientation dans l’espace. Lors de la maladie d’Alzheimer, les effets de la dégradation de cet organe se font généralement sentir dans l’hippocampe avant de toucher le reste du cerveau. Ceci se marque par une perte de la mémoire à court terme et du sens de l’orientation.

Nous connaissons beaucoup des mécanismes de développement des maladies neurodégénératives et particulièrement de la maladie d’Alzheimer, mais nous sommes encore très loin d’un remède. Nous savons que l’hippocampe tend à perdre du volume avec l’âge, particulièrement chez les personnes malades. Mais à ce jour, malheureusement, pour cet organe comme pour le reste du cerveau, aucun traitement spécifique efficace n’existe.

Et plus globalement

Comme abordé en début de lettre, notre corps est un réseau d’interdépendances d’une complexité qu’aucun environnement informatique au monde ne peut encore simuler, même de manière approximative. Mais le rôle de certaines parties est fondamental, agissant notamment sur la rapidité du vieillissement. Davantage connaître ces organes sera utile pour progresser dans la compréhension des mécanismes du vieillissement.

Attention, cependant, pour permettre aux femmes et aux hommes qui le souhaitent de vivre en bonne santé (beaucoup) plus longtemps, comprendre totalement les mécanismes du vieillissement n’est pas nécessaire. Ainsi, même aujourd’hui, nous ne comprenons pas totalement comment fonctionne l’anesthésie.

Même si comprendre le corps avec ses composantes et son fonctionnement sera insuffisant, c’est indispensable. Ce qui est également indispensable, c’est de chercher, notamment grâce à l’expérimentation avec des volontaires informés ce que nous pouvons faire pour diminuer les souffrances et les affections dues à la sénescence.


Nouvelles du mois. Plus aucune supercentenaire de plus de 115 ans vivante mais des cellules humaines régénérées


Le 22 juillet 2018, madame Chiyo Miyako, japonaise, qui était la doyenne de l’humanité est décédée à l’âge de 117 ans. C’est une autre citoyenne japonaise, Kane Tanaka, qui lui succède, mais elle n’est âgée que de 115 ans. Et selon le Gerontology Research Group, il n’y a plus que 6 personnes au monde « validées » comme ayant plus de 113 ans.

Mais même si cela ne se traduit pas encore en avancée des durées maximales de vie, les recherches progressent. Le corps humain vieillit, notamment parce que nos cellules vieillissent. Des chercheurs britanniques de l’Université d’Exeter tentent d’inverser la sénescence cellulaire. Selon l’article scientifique publié, ils ont réussi, en laboratoire, en utilisant des molécules à base de resvératrol à inverser une partie du vieillissement de certaines cellules humaines (des fibroblastes).

A noter qu’il y a quelques années, en France le professeur Jean-Marc Lemaitre et son équipe avaient déjà réussi à transformer des cellules de centenaires en cellules-souches.


Pour en savoir plus:

Photo: un hippocampe cérébral et un hippocampe marin