All posts by didiercoeurnelle

La mort de la mort Surpopulation et longévité N° 137 Août 2020

La bataille pour nourrir toute l’humanité est terminée. Dans les années 1970, des centaines de millions de personnes mourront de faim malgré les programmes de secours lancés aujourd’hui. À cette date, rien ne pourra empêcher une augmentation substantielle du taux de mortalité dans le monde…

Voilà la chute certaine de l’espérance de vie suite à la surpopulation que Paul Ehrlich, auteur de l’ouvrage « The Population Bomb« , paru en 1968 et vendu à des millions d’exemplaires, annonçait. Un demi-siècle plus tard, la taille de la population mondiale a plus que doublé. Même si des centaines de millions de personnes souffrent encore de la faim, jamais nous n’avons eu autant de nourriture par personne. Et concernant le taux de mortalité, l’espérance de vie globale a progressé de plus de 15 ans.


Thème du mois : Surpopulation et longévité


Déclin vers 2064

Il est temps pour certains pessimistes de mettre de côté leurs images de malheur sur la surpopulation. Selon une étude récente publiée dans la revue scientifique The Lancet, la population mondiale atteindra son maximum vers 2064, à 9,7 milliards d’individus, et entamera alors un déclin pour redescendre à 8,8 milliards de terriens à la fin du siècle.

Dans les années 60, chaque femme avait encore en moyenne 4,5 enfants, aujourd’hui ce chiffre est inférieur à 2,5. Ce chiffre n’est pas beaucoup plus élevé que le taux de remplacement de 2,1 : le nombre dont vous avez besoin pour maintenir une population.

Comme l’écrit le médecin suédois Hans Rosling dans son livre Factfulness : Lorsque les parents voient que les enfants restent en vie, que les enfants ne sont plus nécessaires au travail et que les femmes reçoivent une éducation et ont accès aux contraceptifs, les deux sexes, dans toutes les cultures et religions, commencent à rêver d’enfants moins nombreux, mais bien éduqués.

En 1950, 25 bébés naissaient pour chaque personne qui soufflait 80 bougies. Aujourd’hui, ce chiffre est d’environ sept. Si l’évolution actuelle se poursuit, en 2100, pour chaque personne de plus de 80 ans, il n’y aura qu’un seul bébé. C’est une révolution invisible, une pyramide des âges inversée, jamais vue auparavant dans l’histoire. Il est temps d’y réfléchir, au lieu de se complaire avec des images désuètes ressassant une soi-disant inévitable explosion de la population mondiale.

En 2100, 183 pays n’auraient pas les taux de fécondité nécessaires pour maintenir la population actuelle

Nous sommes aujourd’hui environ 7,8 milliards d’habitants. Les démographes savaient déjà que notre population devrait diminuer d’ici quelques décennies, mais cette nouvelle étude prédit que ça se produira encore plus vite que nous ne le pensions.

Les Nations unies ont également supposé que les pays qui tombent en-dessous du taux de remplacement se stabiliseront autour de 1,75 enfant par femme, mais selon The Lancet, cette estimation est basée sur un échantillon sélectif. Dans des pays tels que la Thaïlande, la Corée du Sud et la Grèce, nous constatons que la baisse se poursuit à moins d’un enfant et demi par femme. Et cela fait une grande différence à long terme.

Bien sûr, un monde d’environ 10 milliards d’habitants reste un défi, surtout si nous voulons que tout le monde profite du niveau de prospérité occidental (un milliard de personnes n’ont même pas encore accès à l’électricité). Mais  avec la science et la technologie modernes, c’est certainement surmontable. Plus de gens signifie même, à bien des égards, une bonne nouvelle.

A priori, il semble plausible que, plus il y a de gens, moins il reste de ressources pour tout le monde. Or, d’un point de vue économique, ce n’est pas toujours vrai. Plus de personnes signifie souvent moins de pénurie. Parce que de nombreux cerveaux, regroupés de manière dense, trouvent des idées plus intelligentes et se spécialisent davantage. L’indice d’abondance Simon, du nom de l’économiste et penseur Julian Simon, montre que les matières premières deviennent plus abondantes et moins chères à mesure que la population mondiale augmente. Cela semble fou et contre-intuitif, mais c’est souvent le cas avec les connaissances scientifiques.

Attention cependant, ceci n’est envisageable, à terme, que dans un monde où les progrès technologiques permettent d’utiliser principalement des énergies et matières premières renouvelables. C’est techniquement possible, mais cela nécessite une volonté politique, sociale et économique encore insuffisante aujourd’hui.

Il faut aussi tempérer l’image d’un monde surpeuplé. La surface de la planète  fait environ 500 millions de kilomètres carrés dont 150 millions de terres émergées. Un pays comme le Bangladesh est autosuffisant en matière d’alimentation avec plus de 160 millions d’habitants (un quarantième de la population mondiale sur 1 millième de la surface des terres émergées).

Selon les projections effectuées, d’ici 2100, 183 des 195 pays n’auraient pas les taux de fécondité nécessaires pour maintenir la population actuelle, avec une projection de 2,1 naissances par femme, ont déclaré des chercheurs de l’Institut de métrologie et d’évaluation de la santé de l’École de médecine de l’Université de Washington. Quelque 23 pays – dont le Japon, la Thaïlande, l’Italie et l’Espagne – verraient leur population diminuer de plus de 50 %.

Cependant, la population de l’Afrique subsaharienne pourrait tripler, ce qui permettrait à un peu moins de la moitié de la population mondiale d’être africaine d’ici la fin du siècle.

Le monde, depuis les années 1960, s’est vraiment focalisé sur la soi-disant explosion démographique, a déclaré le Dr Christopher Murray, qui a dirigé la recherche, à CNN. Soudain, nous assistons maintenant à ce genre de tournant où il est très clair que nous passons rapidement de la question du trop grand nombre à celle du trop petit nombre.

Les plus de 80 ans seront plus nombreux que les moins de 5 ans

L’étude prévoit également des changements majeurs dans la structure des âges au niveau mondial à mesure que la fécondité diminue et que l’espérance de vie augmente. On estime qu’en 2100, 2,37 milliards de personnes auront plus de 65 ans dans le monde, contre 1,7 milliard de moins de 20 ans.

Le nombre de personnes âgées de plus de 80 ans dans le monde pourrait être multiplié par six, passant de 141 millions à 866 millions. Dans le même temps, le nombre d’enfants de moins de cinq ans devrait diminuer de plus de 40 %, passant de 681 millions en 2017 à 401 millions en 2100. L’enfance pourrait devenir rare.

Et la longévité en bonne santé dans tout cela ?

Il faut d’abord rappeler, comme cela a été fait dès 2012 dans une lettre « la mort de la mort« , qu’il y a une corrélation forte entre l’espérance de vie et la fécondité. Dans les régions du monde ou les femmes et les hommes vivent plus longtemps (et sont mieux éduqués et plus aisés), la natalité diminue et la population tend à décroître. Lorsque l’espérance de vie croît, la natalité diminue et la croissance de la population est moindre (ou négative).

Première bonne nouvelle donc, la longévité est un facteur stabilisant pour la population. Pour le dire d’une manière qui apparaîtra provocatrice : pour être moins nombreux, vivons plus longtemps !

Deuxième bonne nouvelle : là où les gens vivent plus longtemps, ils tendent à être plus prudents. Si un jour, la durée de vie devient potentiellement beaucoup plus longue, bien au-delà du siècle, les citoyens seront naturellement bien plus prudents, investiront plus pour leur avenir et ne souhaiteront, ni pour eux-mêmes, ni pour les autres, une planète surpeuplée.

Il y a cependant une moins bonne nouvelle. Jusqu’à aujourd’hui, pour les populations au-delà de 80 ou 90 ans, nous ne parvenons toujours pas à des progrès importants en matière de santé. Comme déjà exposé dans des lettres précédentes, pour ce qui est de la durée de vie maximale, nos progrès sont insuffisants, particulièrement pour la longévité en bonne santé.

Donc, dans l’état actuel, la surpopulation, nous ne la risquons pas, au contraire. Mais bien un monde avec une population fragile nombreuse. C’est une des nombreuses raisons pour lesquelles les recherches pour une vie beaucoup plus longue en bonne santé sont fondamentales, pas seulement dans l’intérêt individuel, mais aussi dans l’intérêt collectif.


Les bonnes nouvelles du mois : La maladie d’Alzheimer recule en Europe et aux États-Unis. Du plasma et de l’albumine pour diminuer l’impact de la maladie d’Alzheimer. Une enzyme prévient la perte de mémoire chez les souris.


Le risque de développer une maladie d’Alzheimer ou une autre forme de dégénérescence neuronale à un âge donné s’est réduit de 13 % en dix ans, rapporte une importante étude menée aux États-Unis et dans plusieurs pays européens.

Attention, cette bonne nouvelle est relative. Du fait de l’augmentation de l’espérance de vie, le nombre de personnes ayant la maladie d’Alzheimer augmente quand même. En d’autres termes, le pourcentage de personnes atteintes dans une tranche d’âge diminue, le nombre absolu de personnes atteintes continue d’augmenter.

Dans le domaine de la recherche proprement dite contre la maladie d’Alzheimer,  un essai clinique pour enlever les facteurs vieillissants du sang (en injectant de l’albumine et de l’immunoglobuline), donne de bons résultats. Cette étude est randomisée et réalisée en double-aveugle. Elle reste néanmoins à confirmer d’autant qu’elle est financée par une société produisant de l’albumine et de l’immunoglobuline a des fins thérapeutiques.

Dans un article à paraître dans la revue Acta Neuropathologica, Lars et Arne Ittner, chercheurs spécialisés dans l’étude de la démence à l’Université Macquarie, détaillent comment l’activation d’une enzyme clef (p38gamma) dans le cerveau peut prévenir le type de perte de mémoire associé aux formes avancées de la maladie d’Alzheimer, et même l’inverser. Une avancée importante testée sur des souris, à confirmer sur les humains.


Pour en savoir plus :

Source de l’image.

Déclarer le vieillissement comme le principal risque mondial

Vous avez une maladie en phase terminale et tous ceux que vous aimez aussi. Le vieillissement humain tue plus de personnes (100 000 par jour), cause plus de souffrances et nuit à la société plus que toute autre chose, et ce, dans une large mesure. Les découvertes scientifiques et les progrès technologiques montrent chaque jour un peu plus clairement qu’avec des fonds et des efforts suffisants, le vieillissement humain peut être guéri. En d’autres termes, nous devrions guérir le vieillissement et nous pouvons guérir le vieillissement. Pour que cela se produise, cependant, un grand changement culturel doit avoir lieu en faveur et en soutien de cette idée – qui se heurte actuellement à une opposition et à une négligence importantes. Le rapport sur les risques mondiaux est une publication annuelle publiée par le Forum économique mondial qui classe les risques mondiaux. Il est lu par une grande partie des dirigeants mondiaux et des citoyens. Si le vieillissement de l’humanité devait figurer en tête de cette liste de risques ou, à tout le moins, y figurer, cela aiderait le monde à voir le vieillissement comme une menace urgente et pourrait sauver la vie de ceux qui le lisent. Signez cette pétition si vous voulez contribuer à déclarer le vieillissement comme le premier risque mondial.

Description détaillée :

Chaque année, le Forum économique mondial, avec le soutien des sociétés Marsh et McLennan, publie un rapport sur les risques mondiaux. Ce rapport, comme son nom l’indique, comprend des analyses et des classements détaillés des plus grandes menaces auxquelles le monde est confronté chaque année. Chaque menace majeure est appelée un risque. La pièce maîtresse de ce rapport en deux parties consiste en un classement des cinq principaux risques en termes de probabilité, et un autre classement des cinq principaux risques en termes d’impact. On y trouve également des « tendances ». Selon le Forum économique mondial, une « tendance » est définie comme un schéma à long terme qui évolue actuellement et qui pourrait contribuer à amplifier les risques mondiaux et/ou à modifier la relation entre eux. En termes simples, les tendances ne sont pas considérées comme les principales menaces mondiales, mais plutôt comme des facteurs susceptibles de les influencer. Au cours des dernières années, le « vieillissement de la population » a parfois été reconnu comme une tendance, mais rien de plus.

L’objectif de cette pétition est d’amener le Forum économique mondial à reconnaître non seulement le vieillissement humain comme un risque mondial, mais aussi comme le risque mondial. Le vieillissement humain tue environ 100 000 personnes par jour. Dans les pays développés, 90 % de tous les décès sont dus à des maladies liées à l’âge. Comment se fait-il que la principale cause de mortalité humaine (par une immense marge) ne soit pas considérée comme le problème le plus urgent au monde ? Sans compter que la quantité de souffrance humaine causée par les maladies de la vieillesse est sans doute sans précédent. Pourquoi cette souffrance et cette mort massives sont-elles justifiées plutôt que combattues ?

En 2020, les cinq principaux risques mondiaux en termes de probabilité étaient tous environnementaux. Résoudre le problème du vieillissement réduirait considérablement ces risques. Sans le vieillissement humain, les gens ne planifieraient pas de mourir. Ils auraient un intérêt dans l’avenir à long terme de l’environnement. Ce changement sociologique radical pourrait être la poussée dont l’humanité a besoin pour commencer à prendre systématiquement des décisions bénéfiques pour l’environnement. La surpopulation ne devrait pas être une préoccupation, car nous avons plus qu’assez de terres et de ressources pour accueillir une population beaucoup plus nombreuse sur la planète Terre. Des méthodes plus efficaces d’allocation des ressources sont le remède aux problèmes actuels qui sont souvent faussement attribués à une population mondiale croissante. En outre, les nouvelles technologies agricoles telles que la culture hydroponique, qui peut multiplier jusqu’à 11 fois le rendement des cultures, et l’agriculture verticale, qui peut encore optimiser ce facteur, continueront à faciliter la tâche de nourrir davantage de personnes.

Sans le vieillissement de l’humanité, nous n’aurions plus une part aussi importante de la société qui est malade et incapable de travailler ou de profiter des activités qu’elle aimait tant dans sa jeunesse. Cela pourrait faire des merveilles pour la productivité mondiale. Sans parler du fait que les personnes qui ne sont pas accaparées par la vieillesse et qui restent sur le marché du travail beaucoup plus longtemps qu’aujourd’hui deviendraient plus expérimentées que les travailleurs d’aujourd’hui, ce qui stimulerait encore davantage la productivité mondiale.

Les gens seraient plus heureux dans un monde sans mort par vieillissement. Ils passeraient beaucoup plus de temps avec leurs proches. Ils seraient en mesure d’avoir et d’atteindre des objectifs à long terme sans que l’inévitable décès dû au vieillissement ne les en empêche. Ils auraient le temps de vivre une vie plus pleine. Les sociétés plus heureuses commettent moins de crimes, c’est donc un autre mal social que la guérison du vieillissement pourrait aider à démanteler.

Bon nombre des plus grandes menaces qui pèsent sur l’humanité sont directement ou indirectement le résultat du vieillissement de l’homme. Si nous devions résoudre le problème du vieillissement, bon nombre des risques mondiaux mentionnés dans les précédents rapports sur les risques mondiaux ne seraient plus des problèmes majeurs.

Nous avons tendance à considérer la mort par vieillissement comme une fatalité de la vie. Cependant, des scientifiques dans le domaine de la biogérontologie (étude du vieillissement biologique), des hommes d’affaires et des philanthropes milliardaires, des technologues et de nombreux autres professionnels/activistes s’efforcent de rendre la mort par vieillissement facultative. La science et la technologie ont déjà considérablement amélioré la durée de vie et la santé ces dernières années, mais elles peuvent faire plus. Les mécanismes moléculaires par lesquels nous vieillissons (les marques du vieillissement) ont été identifiés par les scientifiques. Il a déjà été prouvé que des interventions telles que les médicaments sénolytiques peuvent contrecarrer certains de ces mécanismes. Les voies cellulaires ont été génétiquement modifiées pour prolonger la durée de vie d’organismes modèles jusqu’à l’équivalent de 500 années humaines. Google a lancé et donné plus d’un milliard de dollars à sa filiale, Calico, qui effectue des recherches sur le vieillissement. De nombreuses autres entreprises et organisations à but non lucratif, dont la SENS Research Foundation et la Methuselah Foundation, s’attaquent au vieillissement ou à ses sous-parties. Le soutien et les progrès croissants montrent clairement que l’humanité finira par guérir le vieillissement, mais il y a tellement de gens qui meurent chaque jour du vieillissement que cela ne suffit pas. Nous devons guérir le vieillissement dès que possible pour nous sauver et sauver ceux que nous aimons.

Cette pétition reconnaît qu’un changement culturel à tous les niveaux de la société est nécessaire pour que les dirigeants et les organisations de cet espace puissent recueillir suffisamment de soutien pour guérir le vieillissement de l’humanité au cours de notre vie. Si cette pétition aboutissait, ce changement de culture serait plus facile. Entre les grandes parties des dirigeants et des citoyens du monde qui lisent et respectent le rapport sur les risques mondiaux, beaucoup plus de personnes reconnaîtraient le vieillissement comme un problème qu’elles peuvent et devraient résoudre si le rapport désignait le vieillissement comme un risque mondial. Cela permettrait d’augmenter le financement des traitements du vieillissement, d’accueillir davantage de scientifiques et de technologues talentueux et de multiplier les possibilités de traiter le vieillissement au cours de notre vie !

Le vieillissement est objectivement le plus grand risque mondial pour l’humanité en termes de probabilité et d’impact. Nous demandons que le Forum économique mondial le reconnaisse et agisse en conséquence.

Signez cette pétition pour aider à forger une meilleure existence pour vous-même, vos proches et l’humanité tout entière.

Pour en savoir plus, consultez le site @biogérontology sur Instagram.

Voici le lien de la pétition (en anglais) https://www.change.org/p/world-economic-forum-recognize-human-aging-as-a-global-risk?utm_content=cl_sharecopy_23513134_en-US%3A0&recruiter=1135657801&recruited_by_id=e6f8b710-cfd3-11ea-b170-e705ee93f585&utm_source=share_petition&utm_medium=copylink&utm_campaign=psf_combo_share_message&utm_term=share_petition&share_bandit_exp=message-23513134-en-AU

Appel et prix pour l’activisme en faveur de la longévité et la sensibilisation du public à la recherche sur la longévité

L’International Longevity Alliance annonce le Prix de l’activisme pour la longévité. Les candidatures doivent être déposées avant le 10 novembre 2020.  

Suivant la tradition établie en 2013, à partir du 1er octobre (« Journée internationale des personnes âgées » de l’ONU), des militants de la recherche sur la longévité du monde entier organisent des événements et des promotions tout au long du mois d’octobre, dans le cadre de la campagne du « Mois de la longévité ». Tous les événements et promotions sont axés sur le soutien à la recherche biomédicale sur le vieillissement afin d’améliorer la longévité en bonne santé de la population mondiale. Au fil des ans, des centaines d’événements et de promotions ont été organisés dans le cadre de cette campagne dans des dizaines de pays. Cette tradition se poursuivra également en octobre 2020.

C’est une excellente occasion d’organiser une réunion en ligne ou en direct pour renforcer la communauté de défense de la longévité ou d’organiser une publication ou une promotion spéciale (dans différentes langues) pour sensibiliser à la cause de la longévité. Avec une démonstration commune suffisante de soutien, ces actions peuvent attirer l’attention et la sympathie du grand public et des décideurs, et contribuer à faire de la longévité en bonne santé une priorité mondiale.

Cette année, comme les rassemblements physiques sont limités dans de nombreux endroits, nous vous invitons à faire preuve de créativité quant aux moyens disponibles pour sensibiliser le public à la cause de la longévité en bonne santé. Nous vous invitons à créer des événements, du matériel et des promotions en ligne pour sensibiliser le grand public à l’importance de la recherche, du développement et des applications en matière de longévité en bonne santé.

L’International Longevity Alliance (ILA) décernera des prix aux travaux les plus créatifs et les plus percutants pour sensibiliser le public à la cause de la longévité en bonne santé, en mettant l’accent sur la promotion de la recherche scientifique sur la longévité et le développement et l’application de thérapies. Il peut s’agir de conférences sur la longévité en ligne et de podcasts, d’œuvres d’art de toutes sortes, de courtes vidéos et de médias, de textes éducatifs et inspirants, d’applications, de jeux et de mèmes, de sites web et de pages, de campagnes de sensibilisation – tout ce qui peut contribuer à sensibiliser le public et à obtenir son soutien pour la cause de la longévité.

Trois prix seront décernés pour les promotions les plus créatives et les plus efficaces : Le premier prix (3 000 $), le deuxième prix (1 000 $), le troisième prix (5 livres sur la prolongation de la vie). 

Vous pouvez à tout moment envoyer des suggestions, des idées et des plans préliminaires au conseil d’administration de l’ILA, mais les prix seront attribués pour les actions promotionnelles réelles réalisées en vue et pendant la campagne du « Mois de la longévité » d’octobre. Les œuvres présentées doivent respecter les lois sur les droits d’auteur. Les candidats doivent envoyer au conseil d’administration de l’ILA les rapports sur leurs actions promotionnelles tout au long du mois d’octobre 2020. Ces rapports doivent comporter au maximum deux pages et présenter l’action de promotion de la longévité ainsi que son impact actuel et prévu sur la sensibilisation du public. La date limite pour la soumission des rapports est le 10 novembre. La décision concernant les prix sera prise par le conseil d’administration de l’ILA après la fin des actions du Mois de la Longévité et après examen des rapports, le 15 novembre. Cette procédure encouragera les meilleures actions de promotion de la longévité et de plaidoyer.

Nous sommes impatients de vous entendre parler de vous et de vos actions, et de recevoir vos candidatures pour les prix d’activisme et de sensibilisation à la longévité. 

Contactez le conseil d’administration de l’ILA info@longevityalliance.org

http://www.longevityalliance.org/

Annonce à la page ILA : https://www.facebook.com/InternationalLongevityAlliance/posts/3022914334501526

Remarque: Vos actions peuvent être effectuées dans la langue de votre choix mais le rapport devra être rédigé en anglais.

Ce texte est traduit de l’anglais http://www.longevityalliance.org/?q=call-and-prize-longevity-activism-and-raising-public-awareness-about-longevity-research

Initiative européenne pour la longévité – la santé dans son ensemble comme une question unique

Attila Csordas nous rejoint pour un éditorial sur l’Initiative européenne pour la longévité, dans lequel il affirme que le temps est venu de créer un groupe de défense de la longévité au niveau européen.

Attila Csordas est un biologiste et philosophe spécialiste de la longévité qui a des idées très larges sur le vieillissement biologique. Il est le fondateur et le directeur de la start-up britannique AgeCurve, une société spécialisée dans la mesure du vieillissement, qui prétend être la première start-up à utiliser la protéomique personnelle directe pour fournir des profils d’âge détaillés aux utilisateurs finaux. Il a également d’autres projets : l’Initiative européenne pour la longévité.

Le fondateur et directeur d’AgeCurve, Attila Csordas, est un biologiste et philosophe de la longévité qui partage ses idées sur la biologie du vieillissement.

Attila travaille actuellement sur un livre intitulé Open Lifespan, une argumentation soutenue sur la philosophie politique de la longévité, poursuivant sa thèse de philosophie, et Longevity.Technology a eu la chance d’avoir Attila comme commissaire de notre conférence sur la « Définition du vieillissement biologique » plus tôt cette année. Aujourd’hui, il nous rejoint pour un éditorial sur un sujet très actuel – l’Initiative européenne pour la longévité.


Le désir de vivre longtemps et en bonne santé transcende les frontières économiques, politiques, culturelles, géographiques, ethniques, religieuses et sexuelles, divisant l’humanité en diverses fractions, souvent opposées. La promotion d’une Longévité en bonne santé peut attirer des représentants de toutes sortes de communautés humaines ; c’est l’un de ses principaux atouts. Mais l’efficacité de la promotion de la longévité pour obtenir des résultats concrets dépend de plusieurs conditions : deux conditions cruciales sont le calendrier et le niveau d’intervention. Le présent article d’opinion voudrait faire valoir que le bon moment est celui où il faut organiser un groupe de défense de la longévité au niveau de l’Union européenne.

Pourquoi est-il nécessaire de mettre en place un groupe de défense de la longévité et des politiques de santé à thème unique au sein de l’Union européenne ?

Voici trois raisons et quelques faits correspondants.

Premièrement, une raison globale : il est amplement nécessaire de communiquer des faits, des principes et des arguments nouveaux concernant la recherche sur le vieillissement et les possibilités technologiques en matière de longévité au sein de l’Union européenne, avec le message unique que seules ces nouvelles technologies apporteront une solution à long terme aux problèmes posés par le vieillissement et la santé en général. Le message central non dilué est que le plus grand facteur de santé générale est la plus grande extension de la portée de la santé qui ne peut être atteinte qu’avec des interventions radicales et médicales en faveur de la longévité.

Ensemble de faits n° 1 : La dernière décennie a vu un changement complet de paradigme autour de la compréhension des principaux processus caractéristiques du vieillissement biologique et de la malléabilité du processus de vieillissement en général. S’appuyant sur les recherches accumulées au cours des décennies précédentes, la recherche sur le vieillissement s’est complètement généralisée, et le paradigme de la géroscience translationnelle a gagné de solides partisans qui travaillent sur des interventions ciblant directement les causes profondes du vieillissement biologique afin de prévenir – le plus grand tueur – les maladies liées à l’âge, et de prolonger de manière significative la durée de vie en bonne santé, aussi appelée durée de vie en bonne santé.


« … il existe maintenant une nouvelle industrie mondiale de la longévité, encore à ses débuts, mais avec un potentiel énorme ».


Fait n° 2 : Suite à la science et à une forte poussée financière de la part de sociétés technologiques et d’investisseurs, principalement dans le domaine des TI, il existe maintenant une nouvelle industrie mondiale de la longévité, qui en est encore à ses débuts, mais qui a un énorme potentiel.

Deuxièmement, il n’existe actuellement aucune organisation spécialisée, avec des représentants de la plupart des pays de l’UE, qui défende de manière ciblée et efficace la longévité en bonne santé au niveau de l’UE. Il existe une ouverture évidente et importante pour la défense de la longévité, la politique et les politiques.

Fait n° 3 : La politique de longévité paneuropéenne à thème unique a une date de naissance réelle, ou plutôt une période, les élections européennes de 2019. C’est à cette date que de nombreux acteurs de différents pays se sont présentés aux élections en se concentrant sur la question de la prévention des maladies liées à l’âge à l’aide de technologies de longévité saines. Permettez-moi de mettre en évidence un parti politique qui s’est consacré à une seule question, unique en son genre, le Parti allemand pour la recherche en santé et moi-même qui nous sommes présentés en tant que candidat indépendant dans la région de l’est de l’Angleterre. Nous avons obtenu 0,2 % des voix avec un budget presque nul, pratiquement inconnu, ce qui signifie qu’un électeur sur 500 a estimé que la mission et le programme valaient leurs votes.

Troisièmement, la crise de santé publique déclenchée par la pandémie de Coronavirus est actuellement l’argument pratique le plus important pour développer des technologies robustes de longévité saine protégeant les personnes de tous âges, prévenant la sensibilité aux maladies infectieuses et non transmissibles liées à l’âge et pour placer cet engagement au centre de la société humaine et de la politique.

Point n°1 : L’âge chronologique, y compris les processus de vieillissement biologique accéléré, est le plus grand facteur de risque dans la gravité de l’infection COVID-19.

Point n° 2 : Le budget sans précédent de 1,82 milliard d’euros consacré au plan de relance de la lutte contre le coronavirus, approuvé par les dirigeants européens la semaine dernière, a montré que seule une crise de santé publique de cette ampleur peut déclencher une telle avancée historique et offre à l’UE un nouveau mécanisme de gestion de crise.

Toutes ces raisons sont opportunes et montrent qu’une fenêtre d’opportunité est ouverte. Qui est prêt à relever ces défis ?

Qu’est-ce que l’initiative européenne en faveur de la longévité ?

L’ELI est une association informelle de citoyens et de résidents de l’UE qui se rassemblent pour former un groupe de défense de la longévité en bonne santé, ciblant en particulier la législation européenne et le public européen.

Ses associés couvrent actuellement les pays de l’UE suivants Allemagne, Slovénie, France, République tchèque, Belgique, Hongrie, Grèce, Autriche, Pologne.

En outre, les associés actuels de l’ELI sont des représentants d’au moins six groupes européens de défense de la longévité existants.

1. Le parti allemand déjà mentionné, le Partei für Gesundheitsforschung – le parti pour la recherche en santé.
2. LongevityForum.eu, financé par les partisans de la longévité en République tchèque
3. Longevity International, basé au Royaume-Uni, dirige le groupe parlementaire multipartite (APPG) pionnier pour la longévité au Royaume-Uni
4. Institut international de la longévité basé en Pologne et au Liechtenstein
5. Društvo za vitalno podaljševanje življenja Slovenije – La société slovène pour une prolongation vitale de la vie
6. Heales Société pour l’Extension de la Vie – The Healthy Life Extension Society, basée en Belgique.
Les associés sont, d’une part, issus d’horizons professionnels divers, scientifiques biomédicaux, ingénieurs, spécialistes des sciences sociales, entrepreneurs, investisseurs de l’industrie de la longévité, entre autres. D’autre part, l’objectif de ces personnes est clair et bien défini.

Objectif actuel : L’initiative citoyenne européenne

L’initiative citoyenne européenne est un moyen unique de contribuer à l’élaboration des politiques et de la législation de l’UE. La proposition d’initiative particulière doit recueillir un million de signatures pour que la Commission puisse décider des actions à entreprendre.

Cette initiative est parfaitement adaptée à l’état actuel de la politique de la longévité en bonne santé pour trois raisons, qui peuvent être rapprochées des trois raisons ci-dessus.

  1. La portée de l’initiative est générale, descendante, et peut être utilisée de manière appropriée pour sensibiliser le monde politique à la cause de la recherche sur le vieillissement et de la longévité en bonne santé. Comme elle vise à contribuer à l’élaboration de la législation européenne, elle offre la possibilité d’intégrer l’accent mis sur la longévité en bonne santé dans l’ADN législatif de l’UE. Le message non dilué concernant la malléabilité médicale du vieillissement biologique est encore nouveau et devrait trouver sa place dans la structure juridique la plus élevée de l’UE, même si, au départ, il s’agit de constructions juridiques non contraignantes.

« … un formidable outil stratégique pour faire progresser l’éducation et la formation de la prochaine génération de défenseurs de la longévité en bonne santé … la longévité ne sera plus reconnue comme une niche ou une question marginale ».


  1. Une telle initiative nécessite l’assemblage d’un groupe d’organisateurs d’au moins sept pays de l’UE. C’est un outil stratégique formidable pour faire avancer notre cause et notre mission et peut contribuer à l’éducation et à la formation de la prochaine génération de défenseurs de la santé et de la longévité, pour qui la longévité ne sera plus reconnue comme un créneau ou une question marginale. En outre, une initiative est une étape logique qui s’appuie sur les candidatures aux élections européennes de l’année dernière et qui permet de créer un mouvement paneuropéen en faveur de la longévité. Une initiative réussie, et je dirais que même une initiative non réussie, offre d’autres avantages tactiques du fait qu’il s’agit d’une tentative à l’échelle de l’UE.
  2. Le cas du million de signatures. En raison de la pandémie, le public est de plus en plus sensible à la santé publique et la situation sans précédent me donne l’espoir qu’une proposition législative raisonnable, mais aussi non diluée et exécutée avec rigueur, sur la longévité en bonne santé, puisse effectivement atteindre le million de signatures. Cela pourrait être le plus grand résultat politique que le mouvement pour la longévité ait obtenu à ce jour dans la politique internationale.

Projets futurs

Outre l’accent mis sur l’initiative, il existe plusieurs autres outils dans la boîte à outils de l’UE pour la défense de la longévité ; l’un d’entre eux serait les pétitions spécifiques, détaillées et localisées. Les pétitions sont soumises au Parlement européen, à titre de comparaison, les initiatives à la Commission européenne, et elles doivent être liées aux activités existantes de l’UE. Il s’agit ici de trouver des causes qui peuvent être pleinement acceptées et d’une manière particulière avec notre engagement.

Une stratégie prometteuse serait de considérer l’Agence européenne des médicaments, l’EMA. L’EMA est traditionnellement considérée comme fortement alignée sur la FDA américaine dans ses décisions, mais il existe également des divergences notoires. Alors que la FDA est une agence fédérale, l’EMA est une agence scientifique décentralisée, et non une autorité réglementaire. Je pense que l’EMA devrait jouer un rôle beaucoup plus important en tant que promoteur des opportunités de longévité médicale et saine à venir.

Enfin, pour revenir au point 2 ci-dessus, l’ELI offre une chance d’éduquer et de former les premiers véritables politiciens professionnels de la longévité dans le contexte de l’Union européenne. Actuellement, notre principal vecteur est un espace de travail relâché. Si vous avez envie de nous rejoindre, envoyez un courriel à longevitypolitics@gmail.com et envisagez de devenir un agent actif du changement de la longévité.

Le moment est venu. Le moment est venu.

Connectez-vous avec Attila sur Twitter sur @attilacsordas.

Crédit image : Par MattLphotography / Shutterstock

Ce texte est traduit de l’anglais https://www.longevity.technology/european-longevity-initiative-single-issue-healthy-longevity/

Sang et réjuvénation. N°136 Juillet 2020.

L’homme a surmonté le pouvoir de la sélection naturelle. Il ne s’adapte plus aux conditions de l’environnement extérieur, mais crée autour de lui un environnement artificiel et bénéfique, en remodelant la nature. Il n’a pas besoin de la mort comme facteur accélérant l’amélioration de l’humanité de génération en génération (…). 

Il n’y a aucune interdiction théorique à soulever la possibilité de l’immortalité. Je suis profondément convaincu que, tôt ou tard, l’ère de la longévité arrivera. (…) Comme dans toute tâche, il faut des enthousiastes pour cela, malheureusement ils sont très peu nombreux. Nous sommes gênés par la conviction profonde que la mort est inévitable et que la lutte contre elle est futile. C’est une sorte de barrière psychologique qu’il faut surmonter.

Vasily Feofilovich Kuprevich, microbiologiste (1897-1969). Cité par Ilia Stambler dans A History of Life-Extensionism In Twentieth Century. 2014.


Thème du mois : Sang et réjuvénation


Un peu d’histoire

Depuis des millénaires, le sang est un des éléments du corps avec la plus forte représentation symbolique, représentant notamment la vie, l’hérédité (liens du sang), la fidélité (échange de sang) et les mécanismes de réjuvénation.

Considéré comme l’un des gestes les plus anciens de la médecine, la saignée provient probablement de l’Égypte ancienne, mais aussi des plus anciennes traditions de l’Inde et du monde arabe.

En Grèce, Érasistrate, au troisième siècle avant JC, enseignait que les maladies découlent d’une surabondance de sang : la pléthore.

Au deuxième siècle de notre ère, Galien professait que la bonne santé nécessite un équilibre parfait des quatre «humeurs» : le sang, le flegme, la bile jaune et la bile noire. Ses écrits et ses enseignements ont fait de la saignée une technique courante dans tout l’empire romain.

Dans l’Europe médiévale, la saignée est devenue le traitement de base pour toutes les maladies, en particulier, la peste,  la variole, l’épilepsie et la goutte.

La technique était alors d’entailler les veines ou des artères dans l’avant-bras ou du cou, en utilisant un outil spécial avec une lame aiguë.

La saignée, comme procédure médicale, est devenue un peu moins angoissante au 18ème siècle : les médecins utilisaient des lancettes à ressort et un instrument appelé scarificateur, comportant plusieurs lames faisant des coupes parallèles.

Sang jeune 

Et si l’élixir de jouvence coulait dans nos veines ? Du moins chez ceux d’entre nous qui n’en ont pas encore asséché la source : les jeunes. L’hypothèse, qui semble tout droit sortie d’un film de vampires, est étudiée de plus en plus sérieusement depuis que des expériences ont montré que le sang extrait d’un organisme dans la force de l’âge peut régénérer les corps affaiblis par le poids des années. Au point que, pour lutter contre les nombreuses maladies associées à la vieillesse, de premiers essais de transfusion de patients viennent de démarrer.

Un article récent signé notamment par Harold Katcher et Steve Horvath concerne des rats âgés de 2 ans qui ont reçu un plasma sanguin de jeunes rats. Leurs indicateurs physiologiques durant le test étaient quasiment devenus ceux de rats de 6 mois. Cela semble prometteur mais cette étude est controversée du fait notamment qu’il ne teste pas la longévité et que l’échantillon de rats n’est pas suffisant pour en tirer des conclusions fiables. Cette étude n’a d’ailleurs pas encore été validée par la communauté scientifique.

Il y a 15 ans déjà, cette piste surprenante dans la quête de la jeunesse éternelle ou du moins prolongée s’est ouverte avec les expériences réalisées par Irina et Michael Conboy et leurs collègues de l’université de Stanford. Nous nous demandions pourquoi les organes vieillissent tous plus ou moins à la même vitesse, et nous avons pensé que le sang qui les relie pouvait être une explication, raconte Michael Conboy.

Pour le vérifier, son équipe a relié temporairement le réseau vasculaire de souris jeunes à celui de souris âgées, comme s’il s’agissait de siamois, une opération chirurgicale complexe, nommée parabiose. Et ils ont constaté que les muscles et le foie des plus vieilles se régénéraient plus efficacement, tandis que l’inverse se produisait chez les souris jeunes.

Selon les résultats publiés par une équipe internationale dirigée par Tony Wyss-Coray, de l’université de Stanford, le sang jeune pourrait stimuler la fabrication de nouveaux neurones chez les souris âgées. Tandis qu’une équipe anglo-américaine, codirigée par Amy Wagers observait un effet régénérant au niveau de la moelle épinière.

Mais d’où viendraient ces pouvoirs « alchimiques » du sang des jeunes ? Les scientifiques tentent depuis plusieurs années d’identifier les molécules favorisant cette régénération. Des expériences d’injection de quelques-unes d’entre elles ont déjà donné des résultats prometteurs, et les pistes de recherche ne manquent pas.

D’où viendraient, à l’inverse, les molécules à l’action opposée qui, avec les années, les remplacent progressivement dans le sang ? On peut imaginer que certains tissus ou organes, en vieillissant, « infectent » les autres en produisant de plus en plus de molécules néfastes, qui vont voyager dans le sang, avance le neurologue Tony Wyss-Coray. Reste à identifier lesquels.

Le chercheur partage l’espoir, avec de nombreux confrères, qu’inhiber l’action de ces molécules liées au vieillissement, et renforcer celle des molécules régénératrices présentes dans le sang jeune, pourra ralentir le vieillissement.

En attendant ce Graal du prolongement de la vie, l’objectif est déjà de prévenir ou de soigner les nombreuses maladies chroniques favorisées par l’âge (pathologies cardio-vasculaires ou neurodégénératives, fragilité osseuse et musculaire…), mais aussi de favoriser la régénération des organes après un accident ou une opération chirurgicale.

Et les premiers essais sur l’homme ont déjà commencé. Dès 2014, Tony Wyss-Coray a fondé une start-up, Alkahest, qui a depuis procédé à des transfusions hebdomadaires de quelques décilitres de plasma, donné par des individus de moins de 30 ans, et acheté aux banques de sang lorsqu’elles avaient du surplus, à 18 patients atteints d’Alzheimer.

En 2019, l’équipe de Wyss-Coray a publié dans Nature medecine à propos d’une protéine, la VCAM1, qui augmente avec le vieillissement et semble avoir un impact important sur le cerveau. Les mesures biologiques et cognitives ont indiqué que bloquer la VCAM1 empêchait non seulement le vieux plasma d’endommager le cerveau des jeunes souris, mais pourrait même inverser les déficits chez les souris âgées.

Du plasma sanguin dilué

Une nouvelle étude, menée par  Irina et Michael Conboy de l’université Berkeley, a révélé une nouvelle voie intéressante dans les efforts pour lutter contre les effets du vieillissement. Les recherches de l’équipe ont montré comment la dilution du plasma sanguin de souris plus âgées peut avoir un fort effet de rajeunissement sur les tissus et les organes, en réduisant la concentration de protéines inflammatoires qui augmentent avec l’âge.

La moitié du plasma des souris a été échangée contre une solution composée d’eau salée et d’albumine. Ceci a amélioré considérablement la santé des souris âgées. Les effets de rajeunissement sur le cerveau, le foie et les muscles étaient les mêmes ou plus importants que lors des premières expériences en 2005. La procédure n’a eu aucun effet néfaste ou positif sur la santé des jeunes souris.

En utilisant l’analyse protéomique pour étudier le plasma sanguin et son contenu en protéines, l’équipe a découvert que le processus agit comme un « bouton de réinitialisation moléculaire ». Après l’échange, l’équipe a observé des concentrations plus faibles de protéines pro-inflammatoires tandis que les protéines bénéfiques, notamment celles qui favorisent la vascularisation, étaient capables de prospérer.

Il y a deux interprétations principales de nos expériences originales (de 2005), explique Irina Conboy. La première est que, dans les expériences de jonction des souris, le rajeunissement était dû à du sang jeune et à des protéines jeunes ou à des facteurs qui diminuent avec l’âge, mais une alternative tout aussi possible est que, avec l’âge, vous avez une augmentation de certaines protéines dans le sang qui deviennent nuisibles, et celles-ci ont été supprimées ou neutralisées par les jeunes partenaires. Comme le montre notre expérience (récente), la deuxième interprétation s’avère exacte. Le sang jeune ou les facteurs correspondants ne sont pas nécessaires pour l’effet de rajeunissement ; la dilution du vieux sang est suffisante (source).

Des candidats médicamenteux

Certaines de ces protéines présentent un intérêt particulier et, à l’avenir, nous pourrions les considérer comme des candidats thérapeutiques et médicamenteux supplémentaires, déclare Michael Conboy. Mais je mettrais en garde les gens trop optimistes. Il est très peu probable que le vieillissement puisse être inversé par des modifications d’une seule protéine. Dans notre expérience, nous avons découvert que nous pouvions faire une procédure relativement simple et approuvée par la FDA, et qu’elle modifiait simultanément les niveaux de nombreuses protéines dans le bon sens (source).

Voici donc qui est extrêmement prometteur. Malheureusement, seuls des marqueurs de vieillissement ont été mesurés. Aucune vérification de progrès pour la longévité n’a été effectuée puisque les souris étaient sacrifiées une fois l’expérience terminée. Il se pourrait très bien que les effets soient seulement temporaires voire négatifs sur le long terme.

Une expérimentation sur des humains et en double-aveugle serait cependant déjà prévue. C’est très positif si cela se passe rapidement et avec des volontaires bien informés. Nous saurions ainsi rapidement s’il y a un effet aussi positif pour les humains que pour les souris. Nous saurions après quelques mois si l’effet positif est durable. Si c’est le cas, cela sera une avancée énorme pour la longévité.


La bonne nouvelle du mois : De plus en plus de conférences internationales pour la longévité en ligne


Suite à la pandémie de Covid-19, un effet collatéral positif est une diffusion plus large, plus rapide et souvent gratuite, d’évènements concernant la longévité. Ainsi la Life Extension Advocacy Foundation (LEAF – Lifespan.io) diffuse de nombreuses conférences, notamment par sa chaîne YouTube.

À noter pour les non-anglophones qu’il est possible d’utiliser la traduction automatisée pour le sous-titrage. C’est encore imparfait, mais, généralement, déjà compréhensible. Un progrès technologique utile pour bien des usages dont le partage d’informations pour une vie plus longue.


Pour en savoir plus :