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La mort de la mort. Numéro 9. Novembre 2009.

La vie est courte, même pour ceux qui passent leur temps à la trouver longue. André Maurois.

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Thème du mois: Les durées extrêmes de vie chez les êtres humains ».
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Entre espèces animales même génétiquement proches, les variations d’âges maximum sont extrêmement importantes, des rapports de l’ordre de 1 à 10 . Par contre, entre êtres humains, les différences sont beaucoup plus réduites. Aujourd’hui, dans les pays du Nord, mais aussi de plus en plus dans ceux du Sud, lorsqu’un homme ou une femme meurt des suites de la vieillesse, ce n’est généralement plus avant 70 ans, mais ce n’est jamais non plus après 120 ans.

D’innombrables légendes et belles histoires ont été écrites à propos des durées extrêmes de vie. Pour des raisons de prestige, de croyances, de confusion,… Tout au long de l’histoire, des personnes et des groupes ont prétendu vivre très longtemps. Mais des patriarches de la bible, de Mathusalem qui aurait atteint 969 ans jusqu’aux innombrables supercentenaires du Caucase soviétique tout ce qui a pu être vérifié scientifiquement s’est avéré faux.

Les principaux facteurs qui influencent l’âge du décès (en dehors des maladies, accidents, …) sont par ordre d’importance:

– Le patrimoine génétique: l’enfant de centenaire aura plus de chances de devenir centenaire.
– Le sexe: les femmes vivent en moyenne environ deux ans de plus que les hommes (mais cette différence tend à s’amenuiser).
– Le mode de vie: les personnes mangeant modérément, faisant de l’exercice sans excès, ne fumant pas et buvant peu ou pas d’alcool vivent 5 à 10 années de plus que des personnes ne suivant pas ces règles de vie.
– L’origine et l’appartenance sociale: les personnes les plus aisées ont une espérance de vie de dix années environ supérieure aux personnes les plus pauvres; cette différence étant plus grande chez les hommes que chez les femmes.
– Enfin, la perception globale de la vie, les optimistes de bonne humeur vivant plus longtemps que les tristes pessimistes (mais il est possible d’être optimiste de mauvaise humeur!).

Dans une mesure importante, les circonstances favorables et les circonstances défavorables peuvent se superposer. La personne qui cumule tous les « avantages » (une femme optimiste ayant des parents morts âgés, d’un milieu aisé et ayant un mode de vie sain) aura une espérance de vie d’une bonne vingtaine d’années supérieure à l’homme dépressif enveloppé et fumeur issus de parents ouvriers morts jeunes.

A l’échelon des pays, les espérances de vie extrêmes vont de 32 ans pour les hommes au Swaziland, où le virus du Sida fait rage, jusqu’à 87 ans pour les femmes à Macau (Chine). Chaque année, l’espérance de vie moyenne dans le monde croît d’environ quatre mois.

Les centenaires sont de plus en plus nombreux, ils sont actuellement dans le monde plusieurs centaines de milliers, peut-être environ 300.000. Mais leur espérance de vie est courte. Aujourd’hui, sur les 6,7 milliards d’individus qui peuplent notre planète, il n’y a qu’une centaine de « supercentenaires », c’est-à-dire de personnes ayant dépassé l’âge de 110 ans.

La personne la plus âgée ayant jamais vécu est Jeanne Calment, morte à 122 ans en 1997. Elle restera la personne ayant vécu le plus longtemps pendant encore fort longtemps puisqu’en ce mois de novembre 2009, pas une seule personne vivante au monde n’a vécu plus de 115 printemps.

A l’autre extrémité de la longévité, il y a des maladies génétiques qui ralentissent considérablement l’espérance de vie. Avec la progéria et le syndrome de Down, beaucoup de choses se passent comme si le corps humain vieillissait d’une manière accélérée. Pour l’enfant atteint de progéria, le décès surviendra presque toujours avant 20 ans. Avec le syndrome de Werner, la personne atteint l’âge adulte, mais ensuite son vieillissement est accéléré et elle mourra généralement avant 50 ans.

La maîtrise des mécanismes génétiques pourrait permettre un jour de lutter contre ces maladies. Cela pourrait concerner les personnes déjà vivantes aujourd’hui par le biais de traitements voire de thérapies génétiques. Certains projettent aussi de traiter les maladies des supercentenaires, pour que les frontières de durées de vie actuelles laissent place à plus d’avenir.

 

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La bonne nouvelle du mois: une thérapie génique rend la vue à des enfants presque aveugles.
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Il y a plus de deux ans, des enfants atteints d’une maladie génétique les rendant pratiquement aveugles ont reçu, par injection dans les yeux, des virus portant des gènes pouvant remplacer les gènes responsables de la vision altérée. Aujourd’hui, pour certains enfants, le traitement a été si efficace qu’ils ont pu rejoindre un enseignement ordinaire.

Toute thérapie génique réussie balise la voie de traitements génétiques contre le vieillissement. Et chaque mois qui passe, les connaissances en matière de génomes humain et animaux croissent notamment ceux concernant le vieillissement. L’horloge biologique progresse inexorablement, mais la science médicale repousse constamment les limites de l’imaginable.

 

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• Pour en savoir plus: http://sens.org, http://imminst.org,http://heales.org et http://immortalite.org.

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• Image: jeune fille ou femme très âgée selon l’angle de vue.

La mort de la mort. Numéro 8. Octobre 2009.

En vieillissant, les hommes ne deviennent pas plus sages. Ils perdent leurs cheveux, c’est tout. (Francis Ford Coppola)

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Thème du mois: Les durées extrêmes de vie ———————————————————-

Il y a encore bien des mystères scientifiques. Et parmi ceux-ci, le fait que nous ne sachions toujours pas vraiment quelle est la raison évolutive du vieillissement.

Les théories sont nombreuses et ne seront pas détaillées ici. L’hypothèse la plus intéressante est peut-être celle de l’intérêt du « pool génétique ». Les êtres vivants parfaitement adaptés génétiquement à leur environnement et donc qui vieillissent peu sont aussi très dépendants d’un environnement stable. Les êtres vivants qui disparaissent plus vite en se reproduisant maintiennent une plus grande diversité génétique. Sur le long terme, l’évolution « élimine » les espèces adaptées à un environnement précis car l’environnement change.

Certains êtres vivants semblent ne pas vieillir. Ils ne mourront que suite à la prédation ou à une modification de l’environnement. Mais il s’agit d’espèces extrêmement éloignées des êtres humains. Il en va ainsi des hydres, très petits animaux à tentacules urticants vivant dans les marais. Certaines plantes et apparemment même certains êtres unicellulaires peuvent survivre des milliers d’années. Sous la forme de spores, il semble même que des organismes peuvent être conservés pendant des millions d’années et ensuite redevenir actifs s’ils retrouvent des conditions favorables.

Parmi les poissons, certaines espèces semblent pouvoir vivre plusieurs siècles. Ainsi, il semble qu’une carpe d’élevage ait vécu 226 ans et que certains poissons d’eau de mer (sébastes, en anglais « rockfish ») puissent dépasser également les deux siècles.

Chez les vertébrés terrestres, aucune durée de vie de plus de deux siècles n’a jamais été établie. Le record absolu est de 177 ou 188 ans (selon les sources) pour une tortue des Galapagos. Evidemment, pour des durées de vie aussi longues, les preuves formelles de longévité sont difficiles à établir.

La durée maximale de vie dépend notamment de:

– La taille: les animaux les plus grands vivent le plus longtemps. Ainsi, une baleine peut atteindre l’âge d’au moins 130 ans (voire 200 ans selon certains) alors que le gobie pygmée, minuscule poisson des récifs coralliens de 15 millimètres environ, ne vit pas plus de deux mois.

– Le rythme de fonctionnement du corps: les êtres au rythme le plus rapide vivent le moins longtemps. Certains ont même affirmé que le nombre total de battements de cœur au cours d’une vie était similaire selon les espèces. Ainsi, le cœur d’un colibri battra environ 600 millions de fois à 600 pulsations par minutes durant quelques années de vie tandis que le cœur d’une tortue mettra plus d’un siècle pour achever le même nombre de pulsations à environ 10 pulsations par minute. De manière générale, les environnements plus froids semblent également favorables à une vie plus longue car ils ralentissent le métabolisme.

– L’importance de la prédation ou des autres causes de mortalité rapide: les animaux les mieux « protégés » vivent le plus longtemps. En effet, chez les animaux qui sont rapidement tués, la sélection naturelle favorisera une croissance rapide et une vie courte.

Les éléments cités, et d’autres encore peu connus ou inconnus, ont pour conséquence que des animaux très proches sur le plan biologique ont des espérances de vie très différentes. Ainsi, alors qu’une fourmi ordinaire ne vivra que quelques mois ou au plus quelques années, une reine fourmi peut vivre une trentaine d’années. Ces différences ne se limitent pas aux invertébrés, un rat domestique ne vit que deux ou maximum trois étés alors que l’écureuil gris, un autre rongeur de taille similaire mais moins victime de prédation, amassera des graines pour vivre parfois jusque 15 hivers.

En ce qui concerne la durée de vie, l’être humain se situe en haut de l’échelle mais c’est un phénomène relativement logique puisqu’il s’agit d’un mammifère de grande taille. D’autres primates peuvent d’ailleurs également vivre assez longtemps. Ce qui est le plus facteur d’espoir pour ceux qui souhaitent des avancées scientifiques dans ce domaine, c’est que le patrimoine génétique d’animaux à durées de vie très différentes est très similaire. Autrement dit, pour obtenir une vie très différente, une modification génétique relativement mineure pourrait suffire.

Dans le prochain numéro, ce sont les longévités extrêmes des êtres humains qui seront abordées: de la progéria tuant les enfants par sénescence généralement avant 15 ans jusqu’à Jeanne Calmant décédée à 122 ans (Jeanne Calmant n’est-elle pas trop connue que pour « accrocher », pourquoi ne pas citer plutôt le groupe humain qui vit le plus longtemps).

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La bonne nouvelle du mois: le prix scientifique médical le plus prestigieux pour des recherches orientées vers une vie beaucoup plus longue

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Le prix Nobel de médecine et de physiologie 2009 a été attribué à trois chercheurs définis par le journal « Le monde » comme « en quête d’immortalité ». Elizabeth Blackburn, Carol Greider et Jack Szostak, ont découvert des mécanismes de fonctionnement de la télomérase. La télomérase est une enzyme qui permet de conserver les extrémités du chromosome (appelés télomères) lors de la division cellulaire. Le raccourcissement des télomères est une des causes fondamentales du vieillissement. En attribuant le prix à ces chercheurs, le comité Nobel marque l’importance de la lutte contre le vieillissement dans la médecine du 21ème siècle.

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• Source de l’image: arbre, Flickr

La mort de la mort. Numéro 7. Septembre 2009.

Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brule. (Amadou Hampaté Bâ, 1900-1991)

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Thème du mois: Pourquoi vivre (longtemps)?

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Que nous le voulions ou non, nous vivons de plus en plus longtemps. Et pourquoi donc? Et bien d’abord, parce que la vie mérite d’être vécue. Parmi tous ceux qui, depuis l’invention de la médecine, se sont inquiétés d’une progression « artificielle » de la durée de vie, rares, très rares sont ceux qui ont refusé cette progression si peu naturelle de leur propre durée de vie. Lorsque le choix était entre une mort probable et des traitements aussi intégralement « antinaturels » que la pénicilline, le pontage cardiaque, la greffe de rein ou la transfusion sanguine, peu choisissaient le cimetière.

Le débat du naturel et de l’artificiel est ancien. Mais parmi les partisans contemporains de l’état de nature, quels sont ceux qui n’utilisent pas la modification chimique de la composition de leur nourriture (cuisson), des sortes de prothèse de protection thermique (vêtements) et contre les chocs (chaussures) pour ne parler que d’inventions radicalement antinaturelles mais multimillénaires?

Mais pourquoi poursuivre une vie en bonne santé? Parce que la vie humaine est notre bien le plus précieux et que refuser un traitement permettant sa prolongation se rapproche d’un homicide par négligence. Entre une personne âgée mourant sans soin dans une maison «de repos» et une personne âgée mourant du fait de progrès scientifiques non accomplis, la souffrance est très similaire. Et elle est intense.

Les religions contemporaines semblent s’opposer souvent aux avancées technologiques en matière de santé. Mais elles postulent presque partout et toujours que la vie humaine est précieuse. Les chrétiens, les musulmans, les juifs, les bouddhistes, les hindouistes, les shintoïstes rejoints d’ailleurs par les mouvements athées prônent le respect de la vie humaine. Les religions interdisent même le plus souvent le suicide. Vivre et ne pas laisser mourir. Dans la plupart des mouvements de pensée, une abstention ou un acte n’entraine pas à une considération éthique foncièrement différente. Il en va ainsi de ce qui peut provoquer la mort. Ainsi, aujourd’hui, l’immense majorité des citoyens est choquée lorsqu’une transfusion sanguine ou une transplantation d’organe est refusée alors qu’elle pourrait sauver un enfant. Or, quel acte plus artificiel que de prendre le sang ou un organe d’une personne pour le transférer à un autre être humain? Demain, nous serons pareillement scandalisés si une méthode pour prolonger la vie en bonne santé est consciemment et publiquement abandonnée.

Supposons qu’une maladie inconnue se répande de manière foudroyante et diminue l’espérance de vie de précisément 20 ans. Supposons qu’ensuite la découverte d’un médicament permette de gagner pour tous précisément 20 années et que ce médicament soit administré à tous aboutissant donc à une longueur de vie identique à avant la maladie. . Imaginons enfin qu’un beau jour la maladie disparaisse brutalement et que donc les citoyens se retrouvent avec 20 ans de vie en plus. Vous opposeriez-vous à la poursuite de la prise du médicament parce que les hommes atteignent maintenant un âge « artificiel »?

Peut-être que oui mais alors exigeriez-vous des autres qu’ils perdent 20 ans de vie?

Au cours des millénaires, la vie humaine a pris de la valeur. Petit à petit, même si l’évolution est loin d’être achevée, l’idée d’égalité s’est imposée. Un homme et une femme, un africain et un européen, une personne handicapée et un athlète, une personne âgée et un jeune, ne sont naturellement pas identiques, mais ils ont des droits de plus en plus égaux. Le jour où il sera possible de prolonger considérablement la vie, le concept d’égalité pourra gagner une dimension supplémentaire.

Veuillez laisser cette planète dans l’état dans lequel vous l’avez trouvée pourraient dire les défenseurs de l’environnement en guise de salut à ceux qui vont mourir bientôt. Et ils ont raison. Mais il n’empêche que plus la vie qui s’annonce est longue, plus l’attention à long terme pour le monde et ses habitants sera grande. Garder un environnement en meilleur état qu’un objet jetable est plus aisé avec un corps qui ne doit pas être trop rapidement jeté lui-même aux orties.

La sagesse s’apprend avec les années et non avec la dégradation progressive du corps. Une vie plus longue, beaucoup plus longue, permettra l’accumulation des connaissances, de la sagesse, des expériences et ceci sans la fragilité de l’esprit due à la fragilité du corps.

De plus, plus la vie humaine est longue et plus, progressivement et logiquement, elle devient précieuse. Dans un monde où les hommes meurent beaucoup plus tard, les accidents sont des drames qu’il devient de plus en plus souhaitable d’éviter, pour des raisons éthiques, mais aussi pratiques. Ce sont d’ailleurs les sociétés où la vie est la plus longue qui sont celles où la vie est la plus précieuse et inversement. Ainsi, au moyen-âge, les enfants mouraient souvent en bas âge. L’investissement affectif était moindre. Les mères prenaient soin de leurs enfants et leur souhaitaient le meilleur comme aujourd’hui, mais avec un investissement matériel et affectif moindre. Après-demain, nous regarderons peut-être le monde d’aujourd’hui comme aberrant, comme un monde où les voitures et les voyages valaient souvent plus que la vie humaine. La prolongation de la vie humaine est donc un moyen de rendre celle-ci, directement, mais aussi indirectement, plus précieuse.

Il y a enfin une raison morale moins agréable à citer. Par-delà les trajectoires individuelles, l’espèce humaine affronte des territoires incertains de par les progrès technologiques incroyablement rapides. Des nanotechnologies aux mutations génétiques artificielles en passant par la maitrise toujours plus grande des armes nucléaires, chimiques et bactériologiques. Que nous le voulions ou non, cette évolution n’est guère évitable. Mais chaque pas technologique qui favorise une vie plus longue et plus résistante est préférable à d’autres recherches et diminue les risques d’anéantissement. C’est souhaitable à moins que nous considérions la disparition de l’humanité et de la conscience comme souhaitables.

En guise de conclusion provisoire, pourquoi dépasser ce que la nature a fait? Pourquoi le silex, le feu, la roue, l’avion, l’espace, l’automatisation, les récits, les films et jusqu’à cet écran informatique que vous regardez en ce moment et dont l’accès internet vous offre, toujours plus une ouverture vers l’infini? Pourquoi? Notamment, parce que l’essence de l’être humain c’est de dépasser ses limites.


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La mort de la mort. Numéro 6. Août 2009.

Au fond, personne ne croit à sa propre mort et dans son inconscient, chacun est persuadé de son immortalité.(Sigmund Freud, 1856-1939)

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Thème du mois: Les perspectives à long terme en matière de lutte contre le vieillissement

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Comme l’écrivait un humoriste, c’est extrêmement difficile de faire des prévisions surtout lorsqu’il s’agit du futur. Mais, en ce qui concerne la durée de la vie humaine, il est quand même possible d’envisager quelques évolutions.

Hypothèse pessimiste: les progrès des sciences s’essoufflent, petit à petit l’espérance de vie se stabilise. Sauf catastrophe, cette piste est peu probable. Il n’est pas certain que toutes les avancées ouvertes dans le cadre des progrès de santé produisent des effets, mais il est improbable que toutes les technologies prometteuses aboutissent à des culs-de-sac.

Hypothèse modérée: la tendance actuelle de progrès de l’espérance de vie en moyenne d’un trimestre par an dans les pays du Nord se poursuit comme elle s’est déroulée durant les trente dernières années. En l’an 2050, l’espérance de vie aura dépassé les 90 ans pour les femmes dans les pays comme le Japon ou la France. Dans les pays du Sud, la vie moyenne dépassera alors 70 ans presque partout. Mourir avant 80 ans sera un évènement perçu comme prématuré. Atteindre l’âge de 100 ans sera un évènement banal, surtout pour les femmes, mais pas majoritaire.

Mais ceci, ce sont les hypothèses en l’absence de progrès importants dans le domaine de la santé. Ce sont des hypothèses à supposer simplement que ce qui est déjà applicable aujourd’hui en matière de lutte contre les cancers, les maladies cardiovasculaires, l’obésité,… soit généralisé à tous progressivement au Nord puis au Sud.

Il est aussi possible d’envisager des progrès plus importants, notamment du fait de l’accélération des développements des connaissances scientifiques. Plusieurs voies sont envisageables:

– Les cellules souches. Aujourd’hui déjà, les capacités de régénération utilisées chez l’animal et chez l’humain sont testées. La perspective principale dans ce domaine est la possibilité pour ces cellules, issues du corps du patient, de régénérer ou remplacer les organes et les tissus sans difficulté liée au rejet puisque les cellules ont un patrimoine génétique identique. Le corps humain et plus encore le corps de l’animal ont déjà des possibilités de régénération importantes A terme, il est donc envisageable que le vieillissement en tout cas le vieillissement accéléré de certains organes s’interrompe. Des greffes ou des injections de cellules pourraient être effectuées par des procédés de moins en moins invasifs aussi aisés qu’une transfusion ou un baxter.

– Les sept sources de vieillissement selon Aubrey de Grey. Ce biogérontologue a défini ce qu’il estime être les sept causes du vieillissement. Il s’agit de 1) les mutations cancérigènes, 2) les mutations mitochondriales, 3) les déchets intracellulaires, 4) les déchets extracellulaires, 5) les pertes de cellules, 6) la sénescence cellulaire et 7) les protéines extracellulaires. Pour chacune des causes, Aubrey de Grey, considère que, si les efforts scientifiques et donc les moyens financiers sont suffisants, il sera possible d’ici 20 à 30 ans, de remédier largement au vieillissement causé et de prolonger la vie d’une vingtaine d’années. Ensuite, durant la période de temps nouvelle octroyée, il sera à nouveau possible de gagner 20 années et ainsi de suite. A ce moment, nous aurions atteintes la « vitesse d’échappement à la longévité », notre espérance de vie croîtrait aussi vite que le temps s’écoule.

– Les nanotechnologies: ici, nous sommes encore aux frontières de la science et de la science-fiction. L’élaboration de machines de plus en plus petites est réalisable techniquement. Ces machines pourront probablement un jour effectuer des tâches actuellement réalisées exclusivement par le corps humain ou par des interventions extérieures. Il est par exemple envisageable à terme de réaliser des micro-robots d’une taille d’une bactérie (1/1000ème de millimètre) détruisant sélectivement les cellules malades. Il s’agirait donc d’une machine minuscule effectuant de manière plus efficace un travail équivalent à celui des globules blancs. Petit à petit, chaque fonction du corps humain pourrait être prise en charge par un type de nanorobot.

– Le téléchargement de l’esprit. Il s’agit d’un futur à plus long terme aujourd’hui totalement hypothétique et de plus, pas nécessairement souhaitable. Imaginons qu’un jour nous arrivions à comprendre les neurones et leur fonctionnement. Puis que nous puissions remplacer un neurone par une unité informatique. Puis 1.000. Puis un million. Et puis un milliard. Un jour, les informations qui étaient dans les neurones pourraient être copiées sur un substrat informatique. Et ce jour-là, si la copie peut être complète et rapide, notre conscience pourra être sauvegardée et réutilisée. Ce domaine est actuellement encore de la pure spéculation, largement abordé dans la science-fiction, peu abordé au niveau scientifique. La réalisation un jour de ce type de copie n’est envisageable techniquement que si la conscience humaine (et d’ailleurs la conscience en soi) peut être réalisée sur un substrat non biologique.

Ce bref tour d’horizon du comment depuis le probable à l’hypothétique étant achevé, il reste la question du pourquoi. Pourquoi vivre plus longtemps? Ne serait-ce pas ennuyeux ou immoral? Ce sera le thème du prochain numéro.

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Le conseil pratique pour vivre longtemps: soyez heureux

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Les gens heureux n’ont pas d’histoire, dit-on. Mais ils vivent plus longtemps. Evidemment, être heureux, cela ne se décide pas. Bien sûr, il y a la question de la poule et de l’oeuf. Peut-être que les gens heureux vivent plus longtemps parce qu’ils sont heureux. Mais peut-être sont-ils heureux parce qu’ils vivent dans des circonstances favorables permettant une vie plus longue. Cependant, les études semblent bien indiquer qu’une approche positive de la vie, un sentiment de bonheur permet une vie plus longue.

 

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La mort de la mort. Numéro 5. Juin – juillet 2009.

J’estime que durant les prochaines décennies, nous déchiffrerons les secrets du vieillissement humain et nous serons capables de ralentir, arrêter et finalement renverser le vieillissement. Et ce n’est pas un « si », c’est un « quand ». (Peter Diamandis, créateur du « X-Prize », juin 2009, traduction)

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Thème du mois: Les recherches en cours en ce début de 21 ème siècle

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Cette lettre d’actualité mensuelle a pour objectif de vous faire connaître les avancées scientifiques vers un monde où l’être humain ne mourra plus de vieillesse. Vos réactions sont les bienvenues.

La première décennie du troisième millénaire n’est pas encore achevée. Dans beaucoup de domaines scientifiques et technologiques, durant la centaine de mois qui ont suivi l’an 2000 les changements ont déjà été importants. Ainsi, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, depuis 2008, la majorité des humains adultes disposent d’un téléphone mobile. Ils disposent donc d’une technologie qui était inaccessible à l’immense majorité il y a 20 ans et qui était de la science-fiction il y a 40 ans.

Dans le domaine de la lutte contre le vieillissement, les changements ont été aussi importants, que ce soit du point de vue scientifique quedans celui de la vie courante et, dans une moindre mesure, au niveau social et psychologique.

Pour débuter par le socio-psychologique, c’est à la fin du 20 ème et en ce début de 21ème siècle que commencent timidement à se développer, principalement aux Etats-Unis, les premiers mouvements faisant de la lutte contre le vieillissement un objectif politique, scientifique et éthique spécifique.

Dans le domaine de la vie courante, si l’on considère que 60 ans est l’âge charnière du début de la vieillesse, c’est depuis le tournant du millénaire que presque partout dans le monde et non plus seulement dans le Nord, les hommes et les femmes atteignent maintenant le troisième âge. Ainsi, au Bangladesh, un des pays les plus pauvres du monde, l’espérance de vie atteint désormais environ 63 ans. Et dans la capitale chinoise, Pékin, l’espérance de vie dépasse désormais l’âge moyen que peut atteindre un habitant de Washington. Et ce n’est pas parce que la durée de vie d’un habitant de la capitale fédérale américaine devient plus courte. C’est parce que l’espérance de vie des citoyens chinois augmente plus rapidement.

Ce mouvement positif se poursuit, avec des rythmes différents, partout dans le monde à la seule triste exception des pays de l’Afrique subsaharienne touchés par le Sida et de la Russie. Le lecteur de ces lignes qui habite en France, en Belgique ou au Canada a ainsi déjà gagné plus de deux années de vie depuis le 1er janvier de l’an 2000. La pollution, les crises, la suralimentation croissante, les cancers, les maladies cardio-vasculaires et toutes les causes de décès continuent donc bien sûr de tuer, mais de moins en moins rapidement.

Dans le domaine purement scientifique, le décryptage complet du patrimoine génétique du vivant se poursuit comme à la fin du vingtième siècle, mais à un rythme de plus en plus rapide et à un coût qui va diminuant. Bien des explications du vieillissement et des causes génétiques des différences de longévité entre espèces sont petit à petit dévoilées. Dans le domaine des recherches appliquées, la piste la plus prometteuse est probablement celle du remplacement ou du renforcement des tissus et des organes par des cellules-souches. Il y a 10 ans, ces cellules-souches ne pouvaient provenir que d’embryons ce qui posait des problèmes éthiques à beaucoup de scientifiques et ànombre de responsables politiques. Aujourd’hui, il est possible de transformer des cellules adultes en cellules souches et des expériences se déroulent afin de créer des organes « in vitro », d’injecter des cellules souches dans des tissus malades, de lutter contre la maladie d’Alzheimer.

Parmi les mouvements participant à ces avancées, le gérontologue Aubrey de Grey a fait connaître aux médias qu’il estime vaincre le vieillissement humain en traitant sept types de formes biologiques de vieillissement: les mutations au sein de l’ADN, les mutations au sein des mitochondries, les déchets intracellulaires, les déchets extra-cellulaires, la perte non remplacée de cellules, la sénescence des cellules et enfin les liaisons défectueuses de protéines. Il affirme que, sous réserve de recherches suffisantes, il sera possible d’ici 20 à 30 ans de prolonger ainsi de deux ou trois décennies notre espérance de vie.

Par ailleurs, les premières années du troisième millénaire ont apporté tout récemment deux preuves de prolongation de la vie de mammifères par voie orale. La restriction calorique était connue depuis des décennies comme permettant d’allonger la vie des souris. Il est maintenant prouvé que la vie de primates à savoir des macaques est plus longue avec un régime alimentaire restreignant la quantité de nourriture. Ceci grâce à une expérience qui avait commencé il y a 20 ans, mais dont les résultats intermédiaires viennent d’être communiqués,. Par ailleurs, des chercheurs ont découvert que l’absorption de rapamycine, une substance à effet immunosuppresseur (utilisée chez l’homme pour empêcher les rejets de greffes) prolongeait la vie de souris d’âge mur (des souris de deux ans soit l’équivalent de soixante ans pour les êtres humains). C’est la première fois qu’il est indiscutablement prouvé (par plusieurs équipes scientifiques) que l’ingestion d’une substance permet la prolongation sensible de l’espérance de vie d’un mammifère. Mais les effets secondaires de la rapamycine sur l’homme sont importants, aussi la recherche de composés proches est en cours

Les scientifiques poursuivent leurs recherches. Et ils nous préparent, sauf accident, des lendemains et des surlendemains qui chantent. Mais les questions politiques, sociale et éthiques qui se poseront seront-ellesplus ardues que l’obtention d’une vie plus longue? Les perspectives seront le thème de la prochaine lettre.

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Le Conseil pratique pour vivre longtemps: faites de l’exercice, mais sans excès

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Ce conseil n’est certainement pas le plus original. L’activité physique, si elle n’est pas poussée à l’extrême, est indispensable à la santé. Un membre ou un organe qui ne fonctionne pas ou pas assez se détériore. Et il en va de même pour un membre ou un organe qui est poussé dans ses derniers retranchements. Par exemple, la marche à pied combinée à l’utilisation des transports peut être un moyen idéal, physiquement, écologiquement et aussi psychologiquement vu le stress lié à l’utilisation d’un véhicule individuel.

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