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La mort de la mort. Numéro 7. Septembre 2009.

Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brule. (Amadou Hampaté Bâ, 1900-1991)

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Thème du mois: Pourquoi vivre (longtemps)?

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Que nous le voulions ou non, nous vivons de plus en plus longtemps. Et pourquoi donc? Et bien d’abord, parce que la vie mérite d’être vécue. Parmi tous ceux qui, depuis l’invention de la médecine, se sont inquiétés d’une progression « artificielle » de la durée de vie, rares, très rares sont ceux qui ont refusé cette progression si peu naturelle de leur propre durée de vie. Lorsque le choix était entre une mort probable et des traitements aussi intégralement « antinaturels » que la pénicilline, le pontage cardiaque, la greffe de rein ou la transfusion sanguine, peu choisissaient le cimetière.

Le débat du naturel et de l’artificiel est ancien. Mais parmi les partisans contemporains de l’état de nature, quels sont ceux qui n’utilisent pas la modification chimique de la composition de leur nourriture (cuisson), des sortes de prothèse de protection thermique (vêtements) et contre les chocs (chaussures) pour ne parler que d’inventions radicalement antinaturelles mais multimillénaires?

Mais pourquoi poursuivre une vie en bonne santé? Parce que la vie humaine est notre bien le plus précieux et que refuser un traitement permettant sa prolongation se rapproche d’un homicide par négligence. Entre une personne âgée mourant sans soin dans une maison «de repos» et une personne âgée mourant du fait de progrès scientifiques non accomplis, la souffrance est très similaire. Et elle est intense.

Les religions contemporaines semblent s’opposer souvent aux avancées technologiques en matière de santé. Mais elles postulent presque partout et toujours que la vie humaine est précieuse. Les chrétiens, les musulmans, les juifs, les bouddhistes, les hindouistes, les shintoïstes rejoints d’ailleurs par les mouvements athées prônent le respect de la vie humaine. Les religions interdisent même le plus souvent le suicide. Vivre et ne pas laisser mourir. Dans la plupart des mouvements de pensée, une abstention ou un acte n’entraine pas à une considération éthique foncièrement différente. Il en va ainsi de ce qui peut provoquer la mort. Ainsi, aujourd’hui, l’immense majorité des citoyens est choquée lorsqu’une transfusion sanguine ou une transplantation d’organe est refusée alors qu’elle pourrait sauver un enfant. Or, quel acte plus artificiel que de prendre le sang ou un organe d’une personne pour le transférer à un autre être humain? Demain, nous serons pareillement scandalisés si une méthode pour prolonger la vie en bonne santé est consciemment et publiquement abandonnée.

Supposons qu’une maladie inconnue se répande de manière foudroyante et diminue l’espérance de vie de précisément 20 ans. Supposons qu’ensuite la découverte d’un médicament permette de gagner pour tous précisément 20 années et que ce médicament soit administré à tous aboutissant donc à une longueur de vie identique à avant la maladie. . Imaginons enfin qu’un beau jour la maladie disparaisse brutalement et que donc les citoyens se retrouvent avec 20 ans de vie en plus. Vous opposeriez-vous à la poursuite de la prise du médicament parce que les hommes atteignent maintenant un âge « artificiel »?

Peut-être que oui mais alors exigeriez-vous des autres qu’ils perdent 20 ans de vie?

Au cours des millénaires, la vie humaine a pris de la valeur. Petit à petit, même si l’évolution est loin d’être achevée, l’idée d’égalité s’est imposée. Un homme et une femme, un africain et un européen, une personne handicapée et un athlète, une personne âgée et un jeune, ne sont naturellement pas identiques, mais ils ont des droits de plus en plus égaux. Le jour où il sera possible de prolonger considérablement la vie, le concept d’égalité pourra gagner une dimension supplémentaire.

Veuillez laisser cette planète dans l’état dans lequel vous l’avez trouvée pourraient dire les défenseurs de l’environnement en guise de salut à ceux qui vont mourir bientôt. Et ils ont raison. Mais il n’empêche que plus la vie qui s’annonce est longue, plus l’attention à long terme pour le monde et ses habitants sera grande. Garder un environnement en meilleur état qu’un objet jetable est plus aisé avec un corps qui ne doit pas être trop rapidement jeté lui-même aux orties.

La sagesse s’apprend avec les années et non avec la dégradation progressive du corps. Une vie plus longue, beaucoup plus longue, permettra l’accumulation des connaissances, de la sagesse, des expériences et ceci sans la fragilité de l’esprit due à la fragilité du corps.

De plus, plus la vie humaine est longue et plus, progressivement et logiquement, elle devient précieuse. Dans un monde où les hommes meurent beaucoup plus tard, les accidents sont des drames qu’il devient de plus en plus souhaitable d’éviter, pour des raisons éthiques, mais aussi pratiques. Ce sont d’ailleurs les sociétés où la vie est la plus longue qui sont celles où la vie est la plus précieuse et inversement. Ainsi, au moyen-âge, les enfants mouraient souvent en bas âge. L’investissement affectif était moindre. Les mères prenaient soin de leurs enfants et leur souhaitaient le meilleur comme aujourd’hui, mais avec un investissement matériel et affectif moindre. Après-demain, nous regarderons peut-être le monde d’aujourd’hui comme aberrant, comme un monde où les voitures et les voyages valaient souvent plus que la vie humaine. La prolongation de la vie humaine est donc un moyen de rendre celle-ci, directement, mais aussi indirectement, plus précieuse.

Il y a enfin une raison morale moins agréable à citer. Par-delà les trajectoires individuelles, l’espèce humaine affronte des territoires incertains de par les progrès technologiques incroyablement rapides. Des nanotechnologies aux mutations génétiques artificielles en passant par la maitrise toujours plus grande des armes nucléaires, chimiques et bactériologiques. Que nous le voulions ou non, cette évolution n’est guère évitable. Mais chaque pas technologique qui favorise une vie plus longue et plus résistante est préférable à d’autres recherches et diminue les risques d’anéantissement. C’est souhaitable à moins que nous considérions la disparition de l’humanité et de la conscience comme souhaitables.

En guise de conclusion provisoire, pourquoi dépasser ce que la nature a fait? Pourquoi le silex, le feu, la roue, l’avion, l’espace, l’automatisation, les récits, les films et jusqu’à cet écran informatique que vous regardez en ce moment et dont l’accès internet vous offre, toujours plus une ouverture vers l’infini? Pourquoi? Notamment, parce que l’essence de l’être humain c’est de dépasser ses limites.


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La mort de la mort. Numéro 6. Août 2009.

Au fond, personne ne croit à sa propre mort et dans son inconscient, chacun est persuadé de son immortalité.(Sigmund Freud, 1856-1939)

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Thème du mois: Les perspectives à long terme en matière de lutte contre le vieillissement

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Comme l’écrivait un humoriste, c’est extrêmement difficile de faire des prévisions surtout lorsqu’il s’agit du futur. Mais, en ce qui concerne la durée de la vie humaine, il est quand même possible d’envisager quelques évolutions.

Hypothèse pessimiste: les progrès des sciences s’essoufflent, petit à petit l’espérance de vie se stabilise. Sauf catastrophe, cette piste est peu probable. Il n’est pas certain que toutes les avancées ouvertes dans le cadre des progrès de santé produisent des effets, mais il est improbable que toutes les technologies prometteuses aboutissent à des culs-de-sac.

Hypothèse modérée: la tendance actuelle de progrès de l’espérance de vie en moyenne d’un trimestre par an dans les pays du Nord se poursuit comme elle s’est déroulée durant les trente dernières années. En l’an 2050, l’espérance de vie aura dépassé les 90 ans pour les femmes dans les pays comme le Japon ou la France. Dans les pays du Sud, la vie moyenne dépassera alors 70 ans presque partout. Mourir avant 80 ans sera un évènement perçu comme prématuré. Atteindre l’âge de 100 ans sera un évènement banal, surtout pour les femmes, mais pas majoritaire.

Mais ceci, ce sont les hypothèses en l’absence de progrès importants dans le domaine de la santé. Ce sont des hypothèses à supposer simplement que ce qui est déjà applicable aujourd’hui en matière de lutte contre les cancers, les maladies cardiovasculaires, l’obésité,… soit généralisé à tous progressivement au Nord puis au Sud.

Il est aussi possible d’envisager des progrès plus importants, notamment du fait de l’accélération des développements des connaissances scientifiques. Plusieurs voies sont envisageables:

– Les cellules souches. Aujourd’hui déjà, les capacités de régénération utilisées chez l’animal et chez l’humain sont testées. La perspective principale dans ce domaine est la possibilité pour ces cellules, issues du corps du patient, de régénérer ou remplacer les organes et les tissus sans difficulté liée au rejet puisque les cellules ont un patrimoine génétique identique. Le corps humain et plus encore le corps de l’animal ont déjà des possibilités de régénération importantes A terme, il est donc envisageable que le vieillissement en tout cas le vieillissement accéléré de certains organes s’interrompe. Des greffes ou des injections de cellules pourraient être effectuées par des procédés de moins en moins invasifs aussi aisés qu’une transfusion ou un baxter.

– Les sept sources de vieillissement selon Aubrey de Grey. Ce biogérontologue a défini ce qu’il estime être les sept causes du vieillissement. Il s’agit de 1) les mutations cancérigènes, 2) les mutations mitochondriales, 3) les déchets intracellulaires, 4) les déchets extracellulaires, 5) les pertes de cellules, 6) la sénescence cellulaire et 7) les protéines extracellulaires. Pour chacune des causes, Aubrey de Grey, considère que, si les efforts scientifiques et donc les moyens financiers sont suffisants, il sera possible d’ici 20 à 30 ans, de remédier largement au vieillissement causé et de prolonger la vie d’une vingtaine d’années. Ensuite, durant la période de temps nouvelle octroyée, il sera à nouveau possible de gagner 20 années et ainsi de suite. A ce moment, nous aurions atteintes la « vitesse d’échappement à la longévité », notre espérance de vie croîtrait aussi vite que le temps s’écoule.

– Les nanotechnologies: ici, nous sommes encore aux frontières de la science et de la science-fiction. L’élaboration de machines de plus en plus petites est réalisable techniquement. Ces machines pourront probablement un jour effectuer des tâches actuellement réalisées exclusivement par le corps humain ou par des interventions extérieures. Il est par exemple envisageable à terme de réaliser des micro-robots d’une taille d’une bactérie (1/1000ème de millimètre) détruisant sélectivement les cellules malades. Il s’agirait donc d’une machine minuscule effectuant de manière plus efficace un travail équivalent à celui des globules blancs. Petit à petit, chaque fonction du corps humain pourrait être prise en charge par un type de nanorobot.

– Le téléchargement de l’esprit. Il s’agit d’un futur à plus long terme aujourd’hui totalement hypothétique et de plus, pas nécessairement souhaitable. Imaginons qu’un jour nous arrivions à comprendre les neurones et leur fonctionnement. Puis que nous puissions remplacer un neurone par une unité informatique. Puis 1.000. Puis un million. Et puis un milliard. Un jour, les informations qui étaient dans les neurones pourraient être copiées sur un substrat informatique. Et ce jour-là, si la copie peut être complète et rapide, notre conscience pourra être sauvegardée et réutilisée. Ce domaine est actuellement encore de la pure spéculation, largement abordé dans la science-fiction, peu abordé au niveau scientifique. La réalisation un jour de ce type de copie n’est envisageable techniquement que si la conscience humaine (et d’ailleurs la conscience en soi) peut être réalisée sur un substrat non biologique.

Ce bref tour d’horizon du comment depuis le probable à l’hypothétique étant achevé, il reste la question du pourquoi. Pourquoi vivre plus longtemps? Ne serait-ce pas ennuyeux ou immoral? Ce sera le thème du prochain numéro.

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Le conseil pratique pour vivre longtemps: soyez heureux

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Les gens heureux n’ont pas d’histoire, dit-on. Mais ils vivent plus longtemps. Evidemment, être heureux, cela ne se décide pas. Bien sûr, il y a la question de la poule et de l’oeuf. Peut-être que les gens heureux vivent plus longtemps parce qu’ils sont heureux. Mais peut-être sont-ils heureux parce qu’ils vivent dans des circonstances favorables permettant une vie plus longue. Cependant, les études semblent bien indiquer qu’une approche positive de la vie, un sentiment de bonheur permet une vie plus longue.

 

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La mort de la mort. Numéro 5. Juin – juillet 2009.

J’estime que durant les prochaines décennies, nous déchiffrerons les secrets du vieillissement humain et nous serons capables de ralentir, arrêter et finalement renverser le vieillissement. Et ce n’est pas un « si », c’est un « quand ». (Peter Diamandis, créateur du « X-Prize », juin 2009, traduction)

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Thème du mois: Les recherches en cours en ce début de 21 ème siècle

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Cette lettre d’actualité mensuelle a pour objectif de vous faire connaître les avancées scientifiques vers un monde où l’être humain ne mourra plus de vieillesse. Vos réactions sont les bienvenues.

La première décennie du troisième millénaire n’est pas encore achevée. Dans beaucoup de domaines scientifiques et technologiques, durant la centaine de mois qui ont suivi l’an 2000 les changements ont déjà été importants. Ainsi, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, depuis 2008, la majorité des humains adultes disposent d’un téléphone mobile. Ils disposent donc d’une technologie qui était inaccessible à l’immense majorité il y a 20 ans et qui était de la science-fiction il y a 40 ans.

Dans le domaine de la lutte contre le vieillissement, les changements ont été aussi importants, que ce soit du point de vue scientifique quedans celui de la vie courante et, dans une moindre mesure, au niveau social et psychologique.

Pour débuter par le socio-psychologique, c’est à la fin du 20 ème et en ce début de 21ème siècle que commencent timidement à se développer, principalement aux Etats-Unis, les premiers mouvements faisant de la lutte contre le vieillissement un objectif politique, scientifique et éthique spécifique.

Dans le domaine de la vie courante, si l’on considère que 60 ans est l’âge charnière du début de la vieillesse, c’est depuis le tournant du millénaire que presque partout dans le monde et non plus seulement dans le Nord, les hommes et les femmes atteignent maintenant le troisième âge. Ainsi, au Bangladesh, un des pays les plus pauvres du monde, l’espérance de vie atteint désormais environ 63 ans. Et dans la capitale chinoise, Pékin, l’espérance de vie dépasse désormais l’âge moyen que peut atteindre un habitant de Washington. Et ce n’est pas parce que la durée de vie d’un habitant de la capitale fédérale américaine devient plus courte. C’est parce que l’espérance de vie des citoyens chinois augmente plus rapidement.

Ce mouvement positif se poursuit, avec des rythmes différents, partout dans le monde à la seule triste exception des pays de l’Afrique subsaharienne touchés par le Sida et de la Russie. Le lecteur de ces lignes qui habite en France, en Belgique ou au Canada a ainsi déjà gagné plus de deux années de vie depuis le 1er janvier de l’an 2000. La pollution, les crises, la suralimentation croissante, les cancers, les maladies cardio-vasculaires et toutes les causes de décès continuent donc bien sûr de tuer, mais de moins en moins rapidement.

Dans le domaine purement scientifique, le décryptage complet du patrimoine génétique du vivant se poursuit comme à la fin du vingtième siècle, mais à un rythme de plus en plus rapide et à un coût qui va diminuant. Bien des explications du vieillissement et des causes génétiques des différences de longévité entre espèces sont petit à petit dévoilées. Dans le domaine des recherches appliquées, la piste la plus prometteuse est probablement celle du remplacement ou du renforcement des tissus et des organes par des cellules-souches. Il y a 10 ans, ces cellules-souches ne pouvaient provenir que d’embryons ce qui posait des problèmes éthiques à beaucoup de scientifiques et ànombre de responsables politiques. Aujourd’hui, il est possible de transformer des cellules adultes en cellules souches et des expériences se déroulent afin de créer des organes « in vitro », d’injecter des cellules souches dans des tissus malades, de lutter contre la maladie d’Alzheimer.

Parmi les mouvements participant à ces avancées, le gérontologue Aubrey de Grey a fait connaître aux médias qu’il estime vaincre le vieillissement humain en traitant sept types de formes biologiques de vieillissement: les mutations au sein de l’ADN, les mutations au sein des mitochondries, les déchets intracellulaires, les déchets extra-cellulaires, la perte non remplacée de cellules, la sénescence des cellules et enfin les liaisons défectueuses de protéines. Il affirme que, sous réserve de recherches suffisantes, il sera possible d’ici 20 à 30 ans de prolonger ainsi de deux ou trois décennies notre espérance de vie.

Par ailleurs, les premières années du troisième millénaire ont apporté tout récemment deux preuves de prolongation de la vie de mammifères par voie orale. La restriction calorique était connue depuis des décennies comme permettant d’allonger la vie des souris. Il est maintenant prouvé que la vie de primates à savoir des macaques est plus longue avec un régime alimentaire restreignant la quantité de nourriture. Ceci grâce à une expérience qui avait commencé il y a 20 ans, mais dont les résultats intermédiaires viennent d’être communiqués,. Par ailleurs, des chercheurs ont découvert que l’absorption de rapamycine, une substance à effet immunosuppresseur (utilisée chez l’homme pour empêcher les rejets de greffes) prolongeait la vie de souris d’âge mur (des souris de deux ans soit l’équivalent de soixante ans pour les êtres humains). C’est la première fois qu’il est indiscutablement prouvé (par plusieurs équipes scientifiques) que l’ingestion d’une substance permet la prolongation sensible de l’espérance de vie d’un mammifère. Mais les effets secondaires de la rapamycine sur l’homme sont importants, aussi la recherche de composés proches est en cours

Les scientifiques poursuivent leurs recherches. Et ils nous préparent, sauf accident, des lendemains et des surlendemains qui chantent. Mais les questions politiques, sociale et éthiques qui se poseront seront-ellesplus ardues que l’obtention d’une vie plus longue? Les perspectives seront le thème de la prochaine lettre.

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Le Conseil pratique pour vivre longtemps: faites de l’exercice, mais sans excès

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Ce conseil n’est certainement pas le plus original. L’activité physique, si elle n’est pas poussée à l’extrême, est indispensable à la santé. Un membre ou un organe qui ne fonctionne pas ou pas assez se détériore. Et il en va de même pour un membre ou un organe qui est poussé dans ses derniers retranchements. Par exemple, la marche à pied combinée à l’utilisation des transports peut être un moyen idéal, physiquement, écologiquement et aussi psychologiquement vu le stress lié à l’utilisation d’un véhicule individuel.

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La mort de la mort. Numéro 4. Mai – juin 2009.

Je ne veux pas atteindre l’immortalité grâce à mon œuvre. Je veux atteindre l’immortalité en ne mourant pas. (Woody Allen, cité dansWoody Allen and his Comedy par Edward Lax)

———————————————————-Thème du mois: Les précurseurs. Le 20ème siècle.

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Cette lettre d’actualité mensuelle a pour objectif de vous faire connaître les avancées scientifiques vers un monde où l’être humain ne mourra plus de vieillesse. Vos réactions sont les bienvenues.

Lorsque nait le 20ème siècle, un philosophe russe, Nikolai Fyodorov, vit ses dernières années. Il croyait au progrès et faisait partie d’un mouvement appelé « cosmisme ». Il estimait qu’un jour, l’homme ne mourrait plus de vieillesse. Et même, optimisme suprême, il pensait qu’un jour, il pourrait être possible de faire revivre ceux qui ne sont plus.

Au cours du 20ème siècle, l’espérance de vie, dans les pays les plus développés, va doubler. Petit à petit, à l’échelle d’une vie humaine, mais à une vitesse extraordinaire à l’échelle historique, les causes majeures de mortalité qu’étaient la mortalité infantile, les accidents et la violence, les maladies infectieuses et la malnutrition vont devenir de moins en moins fréquentes. A la fin du 20ème siècle, l’homme et la femme d’un état industrialisé meurt, dans la grande majorité des cas, d’une maladie liée à la vieillesse, le plus souvent avec des causes cardio-vasculaires ou en rapport avec la dégénérescence cellulaire (cancer, maladie d’Alzheimer…).

L’écoulement du temps, l’usure des corps, deviennent la première cause de mortalité pour tous. Et certains s’attaquent aux causes connues de l’usure dès les années 20 du siècle passé. Ainsi, le biologiste français Alexis Carrel avec l’aide du célèbre aviateur Charles Lindbergh accomplira notamment nombre d’expériences de transplantation. Il réussit à faire battre in vitro un cœur de poulet pendant des décennies. Il imaginait à terme par ces transplantations pouvoir assurer une jeunesse renouvelée. Malheureusement, Alexis Carrel se distinguera aussi par sa collaboration idéologique et scientifique avec l’Allemagne nazie durant la seconde guerre mondiale.

Dans la seconde moitié du 20ème siècle, ce sont les briques ultimes de la vie, l’acide désoxyribonucléique et les fondements de la génétique qui sont, petit à petit, explorés. Le processus des découvertes se poursuivra encore au 21ème siècle.

En 1965, un chercheur américain, Leonard Hayflick, découvre que les cellules humaines ne se divisent pas à l’infini. Ainsi, la « limite de Hayflick » pour les cellules humaines est d’environ 70. Après, du fait du raccourcissement excessif des télomères (une partie des chromosomes), la cellule ne se divise plus ou mal. Cette cause de vieillissement ainsi que d’autres causes de détérioration de l’organisme, qui ne peuvent être abordées en quelques lignes, font comprendre que le vieillissement est encore inévitable à court et moyen terme.

Que faire en attendant? Une piste qui s’ouvre durant les « Golden sixties » c’est la cryogénisation. Durant ces années de conquêtes spatiales et technologiques rapides, certains sont convaincus que les progrès du savoir permettront un jour de guérir toutes les maladies.
Mais ils savent aussi que ces avancées ne seront probablement pas possibles avant leur propre décès et celui de leurs proches. En attendant des progrès suffisants, il est possible de conserver le corps de personnes qui viennent de mourir à une température très basse de – 180 degrés dans de l’azote liquide.

En 1962, un physicien et mathématicien américain, Robert Ettinger, propose dans son livre « The prospect of immortality » de permettre systématiquement cette conservation par le froid. Quarante ans plus tard, cependant, malgré les progrès dans ce domaine, il n’est pas encore possible de « ranimer » un être humain ou même un mammifère de petite taille. Le nombre de personnes « cryogénisées » reste peu élevé.

Dans un cadre plus pragmatique, tout au long du 20ème siècle, les recherches, expérimentations et analyses statistiques se multiplieront. Elles permettront, d’une part, de mieux comprendre les aspects multiples du vieillissement et, d’autre part, de ralentir quelque peu son processus. C’est ainsi que la connaissance progressera pour ce qui concerne tant les substances et comportements diminuant l’espérance de vie (tabagisme, consommation d’alcool, alimentation trop riche, stress important, radiations,…) que pour ce qui allonge la durée potentielle de l’existence (restriction calorique de l’alimentation, vie équilibrée et heureuse, exercices réguliers, absorption suffisante de certaines substances et compléments alimentaires…).

Mais ces progrès ne sont que relatifs. Quelles que soient les promesses de spécialistes parfois auto-désignés et pas toujours honnêtes, seul est possible un allongement limité de la durée de vie en bonne santé, de l’ordre de quelques années, 10 ou 20 ans au maximum. Avec toutes les méthodes classiques pour vivre plus longtemps, inévitablement, in fine, l’organisme se dégrade notamment du fait des limites de division cellulaire déjà citées..

Cependant les limites de division ne s’appliquent pas à toutes les cellules. Les cellules d’un ovule fécondé se divisent sans limite. Il en va de même pour les premières cellules issues de cet ovule fécondé.
Il en va -malheureusement- également de même pour les cellules cancéreuses qui ont pour caractéristique fondamentale de se multiplier anarchiquement et sans limite.

L’espoir de certains scientifiques était -et est encore- que, grâce aux cellules souches, il soit un jour possible de reconstituer tout organe déficient du corps. Pour cela, les chercheurs du 20ème siècle pensaient que les seules cellules utilisables étaient les cellules de l’embryon. C’étaient en effet les seules cellules « omnipotentes », c’est-à-dire les seules cellules pouvant donner naissance à tout type de cellule du corps (cellule de la peau, des os,…).

Or, l’utilisation de ces embryons posait des problèmes éthiques.

Mais depuis, nous sommes entrés dans le 3ème millénaire, de nouvelles perspectives se sont ouvertes. La prochaine lettre fournira des informations à ce sujet.

 

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Le conseil (non) pratique pour vivre longtemps: choisissez bien vos parents

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Votre espérance de vie dépend largement de celle de vos parents. Les enfants de parents et grands-parents vivant longtemps, vivent en moyenne plus longtemps. Evidemment, il est trop tard pour choisir vos parents mais par contre connaître les risques de santé de vos ascendants peut contribuer à limiter les vôtres.

 

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La mort de la mort. Numéro 3. Avril 2009.

Nous voulons vivre pour toujours et nous y arriverons (We want to live forever, and we’re getting there). Bill Clinton, lorsqu’il était président des Etats-Unis, 8th Annual Millennium Evening, Maison blanche, octobre 1999.
Ceci est le troisième numéro d’une lettre d’actualité mensuelle dont l’objectif est de vous faire connaître les avancées scientifiques vers un monde où l’être humain ne mourra plus de vieillesse. Vos réactions sont les bienvenues.

 

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Thème du mois: Les précurseurs. Avant le 20ème siècle. ———————————————————-

 

Il y a près de 4.000 ans, un auteur inconnu écrivait, en langue cunéiforme akkadienne, un des premiers récits de l’histoire de l’humanité « l’épopée de Gilgamesh ». Dans ce récit, le héros cherchait sans succès l’immortalité. Il faillit d’ailleurs la découvrir, sous la forme d’une plante qui se trouvait au fond de la mer. Mais le végétal fut mangé par un serpent.

L’idée d’une vie sans vieillissement date donc d’il y à des milliers d’années. Elle est même probablement antérieure à l’écriture. Au début, il s’agissait d’un rêve éveillé ou encore de croyances religieuses. Mais tôt dans l’histoire, les premières recherches à connotation (très) partiellement scientifique furent réalisées. Il s’agissait de découvrir une boisson, un « élixir de vie ». Les recherches relatives à la composition furent longues et innombrables. Le mercure, seul métal liquide à la température ambiante, fut l’ingrédient principal de boissons qui étaient en fait des poisons. Il y a 23 siècles, Qin Shihuangdi, le premier empereur chinois, fut un de ceux qui chercha à vaincre la vieillesse. Il mourut à l’âge de 50 ans, probablement notamment suite à l’ingestion de cette substance.

Ces recherches, ces récits, ces croyances illustrent une conviction. Aujourd’hui, nous dirions que les anciens savaient qu’une alimentation adéquate était un facteur de longévité.

En Europe, au moyen-âge, pendant des siècles, les recherches que nous qualifierions aujourd’hui de scientifiques, sont souvent accomplies par les alchimistes. Les connaissances et les croyances astrologiques et religieuses se mêlent. Les deux recherches les plus fondamentales étaient la transmutation des métaux, notamment la transmutation du plomb en or, et le secret de l’immortalité. Ainsi, au 13ème siècle, le philosophe et alchimiste anglais Roger Bacon tente de créer un « or potable » qui permettrait de maintenir l’équilibre incorruptible du corps. Il est à noter que la science contemporaine a vaincu bien des mystères et que notamment la physique nucléaire rend la transmutation possible (mais à un prix gigantesque). Ainsi, vaincre le vieillesse est la dernière grande avancée rêvée à l’aube de la science et impossible à ce jour.

Au Moyen-âge, le vieillissement est connu, mais son inéluctabilité relativement rapide l’est moins. La Bible regorge de personnages qui sont supposés avoir atteint des âges extraordinaires (« bibliques » ou « canoniques » comme nous l’écrivons encore). Beaucoup sont donc convaincus que la vie des temps bibliques pouvait durer des siècles et qu’un comportement sain permettrait de retrouver ces durées bibliques. De plus, l’état civil n’existant pas, bien souvent des vieillards prétendent avoir vécu des siècles et ces affirmations sont peu contestées.

A partir des 17ème et 18ème siècles, les progrès de la biologie et de la médecine s’accélèrent, mais aussi les progrès en matière de recensement. Petit à petit, on s’aperçoit que ceux qui prétendent avoir dépassé largement le siècle ne disent pas la vérité. Dépasser le siècle est un phénomène exceptionnel. Les chercheurs prennent conscience progressivement de la complexité des corps des animaux et des humains et des différences physiologiques entre sujets jeunes et âgés.

C’est donc durant cette période que la conviction de l’inéluctabilité de la vieillesse et de la mort est la plus forte. En dehors des éventuelles convictions religieuses, seul le progrès technique pourra peut-être vaincre la mort. Mais il est encore lointain ce progrès. Certains se mettent à rêver de voir ce futur. Benjamin Franklin, extraordinaire scientifique et un des « pères fondateurs » des Etats-Unis, écrivit en 1773,Je souhaiterais qu’il soit possible d’inventer une période d’embaumement de personnes noyées de telle manière qu’elles puissent être rappelées à la vie » (…) (mais) nous visons dans un siècle insuffisamment avancé et trop proche de l’enfance de la science pour voir un tel art porté à sa perfection durant notre temps. Les vertus conservatrices du froid permettent aussi d’imaginer le froid pour conserver, ce qui deviendra beaucoup plus tard la cryogénisation..

Lorsque le 20ème siècle parait, l’espérance de vie n’a jamais été aussi longue dans l’histoire de l’humanité. Elle est environ de 40 ans! Et si on ne tient pas compte des décès d’enfants, elle est probablement de près de 60 ans. Les progrès concrets et les progrès théoriques pour une vie plus longue au cours des 100 qui vont suivre seront gigantesques. Ils seront abordés dans la prochaine lettre.

 

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Le conseil pratique pour vivre longtemps: allez vivre dans les Pyrénées!

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Vérité en deçà des Pyrénées, mensonge au-delà. écrivait Pascal. Et bien le secret de la vie la plus longue n’est ni en deçà ni au-delà des Pyrénées, mais au dedans. C’est en effet dans la Principauté d’Andorre que l’espérance de vie est la plus longue à savoir à savoir 86 ans pour les femmes et 80 ans pour les hommes. Si vous n’aimez pas ce petit pays coincé entre la France et l’Espagne, c’est le Japon qui a la deuxième place. Dans les deux cas, c’est la combinaison d’un niveau de vie élevé et d’une alimentation saine qui permet d’atteindre ces sommets, dépassant de quelques années les âges atteint dans les autres pays les plus industrialisés.

 

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  • Pour en savoir plus: http://sens.org, http://imminst.org, http://heales.org et http://immortalite.org.
  • Pour réagir ou recevoir la lettre d’information:info@heales.org
  • Photo: matériel d’alchimiste (source Flickr)