Glycémie

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La glycémie est la concentration (par extension, le taux[1]) de glucose dans le sang, ou le plus souvent dans le plasma sanguin. Elle est mesurée en général en millimoles de glucose par litre de sang, rarement en milligrammes de glucose par décilitre de sang, ou encore en grammes de glucose par litre de sang.

La régulation de la glycémie est un système de régulation complexe, mettant en œuvre des hormones (dont les deux principaux antagonistes insuline, hypoglycémiante, et glucagon, hyperglycémiant) ainsi que divers organes (pancréas, foie, rein).

Elle varie aussi en fonction de l’âge et en cas de gestation principalement. Les valeurs normales de glycémie sont différentes d'une espèce animale à une autre.

Si la glycémie est trop élevée, on parle d’hyperglycémie. Si elle est trop basse, on parle d'hypoglycémie.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Du grec glukus, « doux », et haima = « sang ».

Selon les espèces[modifier | modifier le code]

Dans l'espèce humaine[modifier | modifier le code]

Chez l'Homme, la valeur maximale à jeun, admissible pour ne pas être considérée diabétique, qui était autrefois de 1,4 g/L a été ramenée à 1,26 g/L[2] dans les années 1990[3],[4]. C'est un seuil basé sur des analyses statistiques au-delà duquel le risque de rétinopathie, liée à la glucotoxicité, augmente.

Valeurs normales[modifier | modifier le code]

La glycémie est très finement régulée. Les valeurs de glycémie varient selon l’état nutritionnel (et le stress), en particulier la différence entre la glycémie à jeun et la glycémie post-prandiale (c'est-à-dire après un repas) est importante[5].

Évolution des standards[modifier | modifier le code]

« En 2006, une glycémie est considérée normale si elle est comprise entre 0,74 et 1,06 g/L, avec une moyenne de 0,85 g/L[6]. Une glycémie post-prandiale (après un repas) peut aller jusqu’à 1,8 g/L (soit 10 mmol/L)[6]. »

En 2010, selon l’American College of Sports Medicine (ACSM), les valeurs normales de glycémie sont[7] :

  • 3,5 à 6,1 mmol/L à jeun (soit 0,63 à 1,1 g/L) ;
  • moins de 7,8 mmol/L (soit moins de 1,4 g/L) deux heures après l'ingestion de 75 g de glucose.

Si une personne porte le diagnostic d'intolérance au glucose, les valeurs de glycémie seront :

  • 5,6 à 6,9 mmol/L à jeun (soit 1 à 1,24 g/L) ;
  • 7,8 à 11 mmol/L (soit 1,4 à 1,9 g/L) deux heures après l'ingestion de 75 g de glucose.

Si une personne porte le diagnostic de diabète, les valeurs de glycémie seront :

  • plus de 7 mmol/L à jeun (soit plus de 1,26 g/L) ;
  • plus de 11 mmol/L (soit plus de 1,9 g/L) deux heures après l'ingestion de 75 g de glucose.

Chez les autres espèces animales[modifier | modifier le code]

Chez le chien, une glycémie normale est comprise entre 0,7 et 1,2 g/L, chez le chat et le cheval c'est entre 0,6 et 1,1 g/L, chez les ruminants (vache, chèvre, mouton) une glycémie est considérée normale entre 0,4 et 0,7 g/L. Ces faibles valeurs chez les ruminants s'expliquent par le fait que chez ces animaux les glucides sont surtout dégradés en acides gras volatils, et peu en glucose (alors que c'est l'inverse chez les non-ruminants).

Techniques de mesure[modifier | modifier le code]

Presque toutes les techniques actuelles reposent sur l’utilisation de la glucose-oxydase ou la glucose deshydrogénase, couplée à une réaction colorimétrique.

Une technique non-invasive, mais indirecte, part mesures de la résistivité cutanée, en supposant que celle-ci dépend essentiellement de la natrémie, elle-même inversement corrélée à la glycémie[réf. souhaitée].

Analyse de laboratoire[modifier | modifier le code]

Les tubes de prélèvements de sang pour analyse de la glycémie en laboratoire contiennent généralement un inhibiteur de glycolyse à base de fluorure de sodium et d'oxalate de potassium ; pour éviter la dégradation des molécules de glucose par les cellules du sang[8].

Il existe différents protocoles de mesure de la glycémie, dont l'hyperglycémie provoquée per os. On utilise le dosage de l'hémoglobine glyquée comme technique indirecte d'évaluation de la glycémie moyenne sur plusieurs semaines

Glucomètre[modifier | modifier le code]

Des appareils portatifs à électrode jetable (glucomètres ou lecteurs de glycémie) permettent de la mesurer de façon indolore et peu coûteuse. Aux États-Unis, ceux-ci sont entre autres en vente dans les supermarchés[réf. souhaitée].

Régulation de la glycémie[modifier | modifier le code]

Celle-ci met en œuvre des hormones, principalement l'insuline et le glucagon, ainsi que de nombreuses cellules (du pancréas et des organes effecteurs).

Variabilité glycémique[modifier | modifier le code]

Variabilité au cours du temps[modifier | modifier le code]

La variabilité glycémique au cours du temps chez un individu est définie par une modification du taux de glucose dans le sang sur une période de plusieurs heures ou de quelques jours. Cette modification du niveau de glycémie, aussi appelée « réponse glycémique », survient après une prise alimentaire qui révèle une réponse métabolique postprandiale.

Différents facteurs influent sur la modification du taux de glucose sanguin après un repas. Il est question de facteurs propres aux aliments ingérés, tels que leurs contenus en sucres ou en graisses[9] et la quantité de nourriture ingurgitée mais aussi d’éléments liés au style de vie[10] comme le moment de la journée auquel sont ingérés les aliments, le contenu du repas précédent ainsi que l’effort physique effectué dans les heures précédentes.

La mesure de la variabilité glycémique se fait par un holter glycémique (petit moniteur posé au niveau du bras ou au niveau du ventre du patient) qui mesure la glycémie en continu et permet ainsi d'obtenir le profil glycémique du patient en temps réel ou a posteriori[11].

Variabilité entre individus[modifier | modifier le code]

La variabilité glycémique entre individus fait référence à la variabilité de la réponse glycémique entre différentes personnes pour un même apport alimentaire. Un aliment donné peut provoquer une réponse glycémique différente selon l’individu[12],[13],[9]. Des facteurs personnels tels que le sexe, l’âge, la taille, le poids, la pression artérielle, le taux de cholestérol, la présence de maladies ainsi que la composition du microbiote intestinal[9] ont une influence sur la réponse glycémique. Un rôle des facteurs génétiques n’est pas à exclure[14].

Prédiction de la réponse glycémique après un repas[modifier | modifier le code]

Il existe plusieurs prédicteurs permettant d’estimer la réponse glycémique qui survient après un repas. Le contenu en glucide des aliments ingérés[15],[16] en est un, cependant il a été déclaré comme étant faible par des chercheurs de l'université de Michigan[17] en 1936. Un autre prédicteur est l’indice glycémique. Mais il a été critiqué en 2011[18] pour sa faible applicabilité aux repas de tous les jours, car il est calculé pour chaque aliment individuellement et ne tient donc pas compte du fait que la composition des repas est variable. En 2015, une technique de prédiction basée sur un grand nombre de prédicteurs a été élaborée[9]. Cette méthode tient compte de facteurs liés au repas comme le contenu en sucres et la taille du plat mais elle prend également en considération des paramètres personnels tels que l’âge, la taille et la composition du microbiote intestinal, ainsi que des facteurs liés au style de vie comme la pratique de sport et l’heure à laquelle le repas est pris. Cette technique se veut donc plus précise.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Informations lexicographiques et étymologiques de « glycémie » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  2. « Glycémie à jeun : quand parle-t-on de diabète? », sur notrefamille.com, (consulté le ).
  3. Yoann boim, « Diabète : non, les labos n'ont pas baissé le seuil de glycémie pour vendre plus de médicaments », Libération,‎ (lire en ligne).
  4. D. Chevenne et F. Trivin, « Le diabète sucré : propositions de nouvelles normes de diagnostic et de classification », Annales de Biologie Clinique, vol. 56, no 4,‎ (ISSN 0003-3898, lire en ligne, consulté le ).
  5. « La glycémie », sur Diabète - Association Française des Diabétiques - AFD (consulté le ).
  6. a et b Lire p. 2 [PDF], sur sordalab.com, (consulté le ).
  7. (en) Colberg SR, Sigal RJ, Fernhall B, Regensteiner JG, Blissmer BJ, Rubin RR, Chasan-Taber L, Albright AL, Braun B; American College of Sports Medicine; American Diabetes Association, « Exercise and type 2 diabetes: the American College of Sports Medicine and the American Diabetes Association: joint position statement », Diabetes Care, vol. 33, no 12,‎ , e147-67 (PMID 21115758, PMCID PMC2992225, DOI 10.2337/dc10-9990, lire en ligne) modifier.
  8. Les différents tubes utilisés, sur unibionor.fr, (consulté le ).
  9. a b c et d (en) David Zeevi, Tal Korem, Niv Zmora et David Israeli, « Personalized Nutrition by Prediction of Glycemic Responses », Cell, vol. 163,‎ , p. 1079–1094 (ISSN 0092-8674 et 1097-4172, PMID 26590418, DOI 10.1016/j.cell.2015.11.001, lire en ligne, consulté le ).
  10. (en) David W. Dunstan, Bronwyn A. Kingwell, Robyn Larsen et Genevieve N. Healy, « Breaking Up Prolonged Sitting Reduces Postprandial Glucose and Insulin Responses », Diabetes Care, vol. 35,‎ , p. 976–983 (ISSN 0149-5992 et 1935-5548, PMID 22374636, PMCID 3329818, DOI 10.2337/dc11-1931, lire en ligne, consulté le ).
  11. « La variabilité glycémique asymptomatique : comment l'évaluer et quelle est son incidence clinique ? », sur EM-Consulte (consulté le ).
  12. (en) Sonia Vega-López, Lynne M. Ausman, John L. Griffith et Alice H. Lichtenstein, « Interindividual Variability and Intra-Individual Reproducibility of Glycemic Index Values for Commercial White Bread », Diabetes Care, vol. 30,‎ , p. 1412–1417 (ISSN 0149-5992 et 1935-5548, PMID 17384339, DOI 10.2337/dc06-1598, lire en ligne, consulté le ).
  13. (en) Ruth Vrolix et Ronald P. Mensink, « Variability of the glycemic response to single food products in healthy subjects », Contemporary Clinical Trials, vol. 31,‎ , p. 5–11 (ISSN 1551-7144 et 1559-2030, DOI 10.1016/j.cct.2009.08.001, lire en ligne, consulté le ).
  14. (en) Danielle Carpenter, Sugandha Dhar, Laura M. Mitchell et Beiyuan Fu, « Obesity, starch digestion and amylase: association between copy number variants at human salivary (AMY1) and pancreatic (AMY2) amylase genes », Human Molecular Genetics, vol. 24,‎ , p. 3472–3480 (ISSN 0964-6906 et 1460-2083, PMID 25788522, PMCID 4498156, DOI 10.1093/hmg/ddv098, lire en ligne, consulté le ).
  15. (en) American Diabetes Association, « 4. Foundations of Care: Education, Nutrition, Physical Activity, Smoking Cessation, Psychosocial Care, and Immunization », Diabetes Care, vol. 38,‎ , S20–S30 (ISSN 0149-5992 et 1935-5548, PMID 25537702, DOI 10.2337/dc15-S007, lire en ligne, consulté le ).
  16. (en) Jiansong Bao, Heather R. Gilbertson, Robyn Gray et Diane Munns, « Improving the Estimation of Mealtime Insulin Dose in Adults With Type 1 Diabetes », Diabetes Care, vol. 34,‎ , p. 2146–2151 (ISSN 0149-5992 et 1935-5548, PMID 21949219, PMCID 3177729, DOI 10.2337/dc11-0567, lire en ligne, consulté le ).
  17. (en) Jerome W. Conn et L. H. Newburgh, « The Glycemic Response to Isoglucogenic Quantities of Protein and Carbohydrate », Journal of Clinical Investigation, vol. 15,‎ , p. 665–671 (ISSN 0021-9738, DOI 10.1172/jci100818, lire en ligne, consulté le ).
  18. (en) Hayley Dodd, Sheila Williams, Rachel Brown et Bernard Venn, « Calculating meal glycemic index by using measured and published food values compared with directly measured meal glycemic index », The American Journal of Clinical Nutrition, vol. 94,‎ , p. 992–996 (ISSN 0002-9165 et 1938-3207, PMID 21831990, DOI 10.3945/ajcn.111.012138, lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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