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Lettre mensuelle de Heales.La mort de la mort N°165. Décembre 2022. 2022 : une revue de l’actualité de la longévité.

Depuis le RAADfest de l’année dernière, en octobre 2021, il y a eu plus d’initiatives et d’avancées dans les domaines du retardement et de l’inversion du vieillissement qu’au cours de n’importe quelle autre période de 12 mois. C’est ce que beaucoup de personnes ne réalisent pas, elles sont attentives aux nouvelles, à la politique, à la guerre et ne se concentrent pas sur ce qui est vraiment important.

RAADfest 2022 Bill Faloon Inversion de l’âge : progrès de la recherche


Le thème du mois : 2022 : une revue de l’actualité de la longévité.


En 2022, nous avons assisté à de nombreux développements dans différents domaines liés à la longévité. Il s’agit notamment de nouvelles entreprises et organisations qui se consacrent au financement ou à la défense de la longévité, ainsi que du lancement de conférences mondiales. Le domaine de la recherche a également fait des progrès notables et des essais cliniques ont commencé qui, nous l’espérons, donneront des résultats prometteurs dans les années à venir. Malheureusement, les années 2020 et 2021 ont vu une baisse de l’espérance de vie en raison de la pandémie de covid qui a eu le plus grand effet sur la population âgée, mais il est bon de voir que certaines données suggèrent que l’espérance de vie augmentera à nouveau en 2022.

Ce bulletin d’information est trop court pour donner même un bref retour sur toutes les activités importantes, mais voici notre courte liste subjective.

Recherches et articles importants

Sénolytique

Les sénolytiques font partie d’une classe de médicaments qui éliminent les cellules sénescentes (CS). Le Dasatinib (un inhibiteur de tyrosine kinase), la Quercétine (un flavonoïde d’origine naturelle), la Fisétine et le Navitoclax ont été les premiers médicaments sénolytiques introduits sur le marché à la suite d’une approche fondée sur des hypothèses. Une combinaison de Dasatinib et de Quercétine a été administrée à des souris pendant plus de deux ans et les résultats ont montré une diminution des biomarqueurs liés à la sénescence ainsi qu’une moindre occurrence de la dégénérescence discale. Toutefois, ce résultat a été observé chez les souris jeunes et d’âge moyen, et non chez les plus âgées.

Proposition de nouvelles caractéristiques du vieillissement

L’instabilité génomique, l’usure des télomères, les altérations épigénétiques, le dysfonctionnement mitochondrial, la perte de protéostase, la dérégulation de la détection des nutriments, la sénescence cellulaire, l’épuisement des cellules souches et l’altération de la communication intercellulaire sont les neuf caractéristiques initiales du vieillissement proposées par López-Otín et ses collègues en 2013. Au cours des dix dernières années, notre exploration approfondie de la recherche sur le vieillissement nous a permis de formuler de nouvelles caractéristiques du vieillissement, à savoir l’autophagie compromise, la perturbation du microbiome, l’altération des propriétés mécaniques, la dérégulation de l’épissage et l’inflammation, entre autres.

CIM 11

Dans la dernière version de la classification internationale des maladies, des codes ont été introduits pour une meilleure compréhension des maladies et, dans ce cadre, le code XT9T fait référence à « lié à l’âge » et le code MG2A, défini comme « Vieillesse », qui a ensuite été remplacé par « Déclin des capacités intrinsèques lié à l’âge » après avoir été critiqué.

Mise à jour de l’étude TRIIM-X

L’essai TRIIM (visant la réjuvénation du Thymus) débuté en 2015 s’est terminé en 2017. Comme les chercheurs avaient encore beaucoup de questions, ils ont commencé une extension appelée TRIIM-X. On l’étend en incluant cette fois des femmes, une tranche d’âge plus large avec des personnes de 40  à 80 ans.

Certaines choses que l’on trouve dans TRIIM-X et que l’on n’avait pas remarquées dans TRIIM concernent les lipides sanguins.

Metformine

Elle est considérée comme un médicament miracle depuis quelques années en termes de médicaments anti-âge. Récemment, certains articles ont affirmé que les études précédentes sur la metformine avaient été biaisées lors de la collecte des données et qu’en réalité, le médicament n’avait que peu ou pas d‘effet sur le ralentissement du processus de vieillissement. L’étude TAME entièrement basée sur la réalisation d’essais cliniques avec la metformine est annoncée depuis plusieurs années. Il serait crucial de voir aussi rapidement que possible les résultats de l’étude TAME pour vérifier la crédibilité de la metformine.

Il y a eu également des articles et des recherches concernant la rapamycine, la restriction calorique, les thérapies géniques contre le vieillissement …

Entreprises / Organisations

LEV

La Fondation Longevity Escape Velocity (LEV) a été créée en 2022, avec à sa tête Aubrey de Grey, afin d’identifier et d’aborder de manière proactive les obstacles les plus difficiles sur la voie de la disponibilité généralisée de traitements réellement efficaces pour prévenir et inverser les maladies liées à l’âge chez l’homme.

Hevolution

Lancée en 2021, la Fondation Hevolution est une organisation à but non lucratif qui fournit des subventions et des investissements de démarrage pour encourager la recherche indépendante et l’entrepreneuriat dans le domaine émergent de la science de la santé. Son siège social se trouve à Riyad, avec des centres prévus en Amérique du Nord, en Europe et en Asie.

Altos Labs

Altos est conçu pour intégrer les meilleures caractéristiques du monde universitaire et de l’industrie dans le domaine de la régénération cellulaire. L’accent est mis sur une mission partagée, la capacité de favoriser des collaborations approfondies, et la passion et l’engagement de transformer les découvertes de la science en médicaments. La société travaille avec des personnalités mondiales du domaine notamment Juan Carlos Izpisúa Belmonte, Steve Horvath et Shinya Yamanaka,

Fondation Chan Zuckerberg

En décembre 2021, les co-fondateurs et co-PDG de l’initiative Chan Zuckerberg (CZI), le Dr Priscilla Chan et Mark Zuckerberg, ont annoncé un effort de 10 ans pour développer la science et les technologies permettant d’observer, de mesurer et d’analyser la biologie humaine en action. Au cours de la prochaine décennie, CZI Science se concentrera sur le développement de nouvelles recherches, d’instituts et de technologies qui mesurent la biologie humaine de manière nouvelle afin d’approfondir notre compréhension de la santé et des maladies humaines.

Vita DAO

VitaDAO est un collectif DAO pour le développement de médicaments gouverné par la communauté et décentralisé. Sa mission principale est l’accélération de la recherche et du développement (R&D) dans l’espace de la longévité et l’extension de la vie humaine et de l’espérance de vie en bonne santé. Pour y parvenir, VitaDAO finance et numérise collectivement la recherche sous la forme d’IP-NFTs. Lisez le WhitepaperCommunity Report 2021.

Fondation des sciences de la longévité

La Longevity Science Foundation est une organisation à but non lucratif qui fait progresser le domaine de la longévité humaine en finançant la recherche et le développement de technologies médicales visant à prolonger la durée de vie des êtres humains en bonne santé.

D’autres entreprises sont très actives dans ces domaines : Calico Labs (Google), In Silico Medicine, SENS

Quelques conférences

Sommet de la longévité à Dublin en septembre

Conférence de trois jours qui reconnaît et célèbre les recherches et les développements émergents dans le secteur de la longévité au niveau mondial.

Eurosymposium en novembre sur le vieillissement en bonne santé (organisé par Heales et l’International Longevity Alliance)

L’Eurosymposium on Healthy Ageing (EHA) est une réunion biennale unique de scientifiques travaillant sur la biologie du vieillissement. A la fin de la conférence de deux jours, une Déclaration pour l’extension radicale de la durée de vie en bonne santé a été adoptée.

Réunion sur la recherche sur le vieillissement et la découverte de médicaments du 28 août au 1er septembre (ARDD)

La 10e réunion sur la recherche et la découverte de médicaments dans le domaine du vieillissement a offert un excellent programme avec des leaders d’opinion mondiaux qui ont partagé leurs dernières découvertes et idées sur le vieillissement et sur la manière de cibler le processus de vieillissement afin que chacun puisse vivre plus longtemps et en meilleure santé.

Série de webinaires hebdomadaires sur la longévité en bonne santé tout au long de l’année

La faculté de médecine Yong Loo Lin de la NUS, ainsi que les professeurs Brian Kennedy et Andrea Maier, organisent la série de webinaires Healthy Longevity. Chaque jeudi, des chercheurs, des PDG, etc. présentent des exposés sur le vieillissement.

Activisme longévitiste

Parti pour la recherche biomédicale sur le rajeunissement (Partei für schulmedizinische Verjüngungsforschung) anciennement connu sous le nom de Parti pour la recherche sur la santé (Partei für Gesundheitsforschung)

Ce Parti allemand pour la recherche biomédicale sur le rajeunissement s’engage pour un développement plus rapide de la médecine par laquelle les gens, grâce au rajeunissement, ne risqueront plus de mourir de maladies de vieillesse ou de vieillesse et pourront vivre des milliers d’années, en bonne santé physique et mentale. Le parti aura des candidats pour les élections de Berlin du 12 février 2023.

Lifespan.io

La Lifespan Extension Advocacy Foundation (LEAF) réalise de nombreuses activités dans le cadre de sa mission de soutien au développement des technologies de prolongation de la vie. Entre autres choses, ils réalisent de superbes vidéos et podcasts.

Healthspan Action Coalition (HAC)

Bernard Siegel a créé la nouvelle organisation à but non lucratif, Healthspan Action Coalition (HAC), initiant ainsi un mouvement sociétal mondial en faveur du vieillissement en bonne santé aux États-Unis. S’appuyant sur une base de connexions et de réseaux fiables et matures, le mouvement sera déployé à travers un large éventail d’efforts de collaboration visant à promouvoir une politique et un financement favorables à la recherche scientifique, aux innovations et à l’engagement des patients.

The Alliance for Longevity Initiatives (A4LI)

Cette organisation américaine a été fondée dans le but de créer une action sociale et politique autour des questions de la lutte contre les maladies chroniques liées à l’âge et de l’augmentation du nombre d’années en bonne santé et sans maladie.

Less Death

LessDeath est un organisme à but non lucratif dont la mission est de mobiliser les meilleurs talents du monde pour qu’ils travaillent à maximiser la durée de vie des êtres humains. Ses programmes sont conçus pour atteindre des scientifiques, des ingénieurs, des investisseurs et des opérateurs talentueux, passionnés et alignés sur leur mission, issus de milieux divers, et pour les aider à s’orienter, à s’impliquer, à accélérer leur impact et à travailler ensemble pour éliminer les goulots d’étranglement au progrès de la réjuvénation.

The Healthy Longevity Medicine Society (HLMS)

La Healthy Longevity Medicine Society (HLMS), basée à Singapour, a été créée en août 2022 pour mettre en place un cadre et une plateforme cliniquement crédibles pour la médecine de la longévité, qui promeut les normes les plus élevées de collaboration interdisciplinaire dans ce domaine. La HLMS est dirigée par un conseil de membres élus représentant différents lieux géographiques et secteurs. La HLMS a pour objectif d’éduquer, de favoriser la recherche et le développement professionnel, d’établir des recommandations et des lignes directrices, et de coordonner les activités dans les différents domaines de la médecine de la longévité.

Les choses à attendre en 2023

Des essais de longévité sur des souris ont été annoncés par Aubrey de Grey et la fondation Longevity Escape Velocity. Ils devraient commencer dès janvier 2023 avec 1 000 souris de 18 mois qui suivront 4 thérapies différentes. Des résultats sont attendus dès la fin de 2023.

Beaucoup plus de subventions d’Hevolution et d’autres organisations devraient être rendus disponibles pour que les scientifiques puissent mener des recherches et des essais cliniques nécessaires.

Enfin, l’ensemble des autres progrès pourraient être accélérés notamment par les rapides progrès de l’intelligence artificielle s’ils sont utilisés pour les recherches de longévité.


La bonne nouvelle de ce mois-ci : Une commission internationale sera convoquée pour évaluer les défis posés par le vieillissement de la population mondiale et démontrer comment ces défis peuvent se traduire en opportunités pour les sociétés du monde entier.


Feuille de route mondiale pour une longévité saine (sur le site de la National Academy of Medicine des USA)

Spécifiquement, la commission va notamment:

Examiner et proposer des pistes de recherche et de développement novatrices et révolutionnaires liées au vieillissement dans les domaines des sciences fondamentales, cliniques, pharmaceutiques, sociales et comportementales, de la bio-ingénierie, des technologies de l’information et des technologies d’assistance, et recommander des moyens d’accroître le financement de la recherche et d’encourager la recherche sur le vieillissement. Une attention particulière sera accordée à l’élucidation des mécanismes cellulaires et biologiques du vieillissement et de la régénération ; aux progrès dans les technologies de l’information, y compris le développement de grandes bases de données, l’apprentissage automatique et les outils d’intelligence artificielle qui éclaireront les approches en matière d’interventions thérapeutiques, mais aussi l’amélioration de la qualité de vie ; à la fusion des technologies d’ingénierie basées sur la conception logicielle et mécanique ; aux nouveaux modèles commerciaux pour l’innovation sociale et les entreprises sociales ; et aux implications pour l’investissement dans la recherche et le développement, la réglementation, la commercialisation et l’extensibilité, y compris les questions relatives à l’éthique et à l’égalité.


Pour plus d’informations

Lettre mensuelle de Heales.La mort de la mort. N°164. Novembre 2022. Questions fréquemment posées à propos de longévité en bonne santé

Les progrès médicaux, scientifiques et technologiques sont plus importants que jamais. Cependant, cela n’a pas été suffisant pour améliorer l’espérance de vie en bonne santé. En 2020 et 2021, nous avons connu la première diminution de l’espérance de vie au niveau mondial au cours des 75 dernières années. Pour surmonter cette perte d’espérance de vie, nous avons besoin d’une meilleure coopération scientifique, d’une recherche accrue et d’un plus grand engagement des gouvernements en faveur du progrès. Deuxième déclaration de Bruxelles pour une extension radicale de l’espérance de vie :  Après le temps du Covid, le temps du rajeunissement. 6e Eurosymposium sur le vieillissement en bonne santé.  Novembre 2022.


Le thème du mois : Questions fréquemment posées à propos de longévité en bonne santé


Depuis 2016, l’Organisation « Partei für Gesundheitsforschung » présente des candidats aux élections allemandes. Sur leur site internet, ils présentent un long texte avec des dizaines de questions fréquemment posées sur les moyens de vaincre le vieillissement. Ci-dessous, vous lirez une sélection de cinq de ces questions (avec de légères adaptations)

Q. Qu’entend-on par « vitesse d’évasion de la longévité » ?

Les thérapies de « première génération » pour les humains ne seront pas parfaites. Elles répareront donc très bien certains dommages liés au vieillissement, d’autres moins bien, tandis que d’autres encore pourraient ne pas fonctionner du tout. Si nous nous contentons de continuer à appliquer les mêmes thérapies – quelles que soient leur fréquence et leur intensité – les dommages moins bien ou non réparés continueront à s’accumuler. En fin de compte, nous ne connaîtrons que le déclin lié à l’âge et la mort à un âge plus avancé.

Ainsi, pour éloigner le vieillissement de façon permanente, il ne suffit pas de répéter les thérapies à intervalles réguliers. Nous devons les améliorer et appliquer la version améliorée la fois suivante. C’est là qu’intervient le concept de « vitesse d’évasion de la longévité » (abréviation LEV en anglais). Ce terme fait référence à la vitesse à laquelle nous devons améliorer la profondeur des réparations au fil du temps afin d’empêcher le niveau global de dommages dans le corps d’augmenter davantage – en d’autres termes, pour maintenir constant ou réduire notre âge biologique, défini comme la quantité de dommages dans notre corps. Si nous atteignons ce taux, nous augmenterons donc l’espérance de vie restante des personnes recevant le traitement plus rapidement que le temps ne passe pendant celui-ci (par exemple, de plus d’un an par an). Une personne de 52 ans qui a une espérance de vie de 80 ans (soit 28 ans restants) ajouterait donc plus d’une année de vie au cours de sa 53e année. Son espérance de vie passerait à plus de 81 ans, et l’année suivante à plus de 82 ans. La fin de vie prévue (liée à l’âge) s’éloignerait donc des personnes plus rapidement qu’elles ne s’en approchent.

On peut s’attendre à ce qu’une fois que nous aurons atteint cette vitesse (à l’exception des catastrophes mondiales et autres scénarios similaires), nous ne descendrons plus jamais en dessous de ce taux, car à mesure que les thérapies deviennent plus complètes, la quantité de dommages à réparer continue de diminuer (après tout, la complexité du vieillissement est finie, pas infinie). Par conséquent, les dommages restants prennent de plus en plus de temps pour atteindre un niveau critique et la vitesse nécessaire pour améliorer les thérapies diminue également.

Comparaison avec le saut d’une falaise : actuellement, l’espérance de vie restante d’un être humain diminue constamment en raison du vieillissement, tout comme la distance au sol diminue lors d’une chute en raison de la gravité. Si vous sautez avec un moteur à réaction sur le dos, la situation est comparable à des poussées régulières de « rajeunissement » : Au début, il est inactif – vous tombez donc. Si vous activez le moteur à réaction à temps (c’est-à-dire si vous n’êtes pas trop vieux lorsque les premières thérapies seront disponibles – on ne pourra pas les sauver avec les premières thérapies car ils auront déjà accumulé trop de dégâts), il vous donnera de la portance, ralentira la chute et finira par vous permettre de monter de plus en plus haut.

Q. Je ne vivrai pas pour voir ça de toute façon, n’est-ce pas ?

Des progrès encourageants sont réalisés et il n’est donc pas improbable qu’une grande partie de la population vivant aujourd’hui puisse bénéficier des thérapies de rajeunissement – ceci est vrai même pour les personnes déjà à un âge relativement avancé.

L’objection selon laquelle les gens essaient en vain depuis des millénaires de trouver une fontaine de jouvence ou d’immortalité est correcte. Mais il en va de même pour l’aviation, l’accès à l’espace, la capacité de restaurer des membres paralysés et la libération de la variole, de la polio et de la tuberculose : toutes ces choses ont été impossibles pendant des centaines de milliers d’années jusqu’à ce que la technologie nécessaire soit disponible et utilisée. Aujourd’hui, elles sont déjà disponibles pour la plupart de la population humaine et sont en train d’être étendues au reste.

Supposons que nous ne fassions rien aujourd’hui pour accélérer la recherche sur le rajeunissement. Dans ce cas, nous risquons de passer nos derniers jours à nous demander si nous aurions pu nous épargner, ainsi qu’à des millions d’autres personnes, des années de souffrance inutile si seulement nous avions décidé d’agir plus tôt.

Même si ces traitements arrivent trop tard pour certains d’entre nous, il est de notre devoir moral de permettre à nos descendants de vivre sans maladies et souffrances liées à l’âge, et cela ne peut se faire que si nous nous mettons au travail aujourd’hui.

Q. À quel point sommes-nous proches ?                                                              

Selon l’inventeur et futuriste américain Ray Kurzweil, nous atteindrons la vitesse d’échappement dans dix à douze ans (à partir de 2018).

Le bioinformaticien et biogérontologue théorique Aubrey de Grey considère que nous avons 50 % de chances d’atteindre cette vitesse aux alentours de l’année 2036. Cela signifierait que les personnes qui seront en assez bonne santé à cette date et qui profiteront ensuite régulièrement des dernières thérapies de rajeunissement ne mourront jamais de causes liées à l’âge.

Ceci est fondé, entre autres, sur l’estimation de M. de Grey selon laquelle nous réaliserons le RMR (abréviation issue de la traduction de rajeunissement robuste de la souris) avec une probabilité de 50 % dans trois à cinq ans. Selon M. de Grey, cette estimation est fondée sur une évaluation des facteurs suivants :

  • la vitesse à laquelle les différents sous-domaines progressent
  • le montant des fonds de recherche qui seront disponibles à l’avenir
  • combien de fois nous découvrons quelque chose de surprenant sur le vieillissement
  • la fréquence à laquelle nous développons de nouvelles technologies qui facilitent le travail que nous devons accomplir.
  • la difficulté de combiner des thérapies alors qu’elles fonctionnent individuellement
  • combien nous devons rajeunir les gens pour donner aux scientifiques le temps de mieux les rajeunir et de garder une longueur d’avance sur les dommages.

Indépendamment de ces estimations, les thérapies de rajeunissement sont un domaine de recherche en plein essor qui, comme vous pourrez le lire à la question suivante, a déjà connu quelques avancées. Les premiers composants d’une thérapie anti-âge complète, comme les sénolytiques, sont déjà testés dans des essais cliniques. D’autres sont sur le point de l’être. Cela devrait nous conforter dans l’idée que nous allons assister à une révolution de la recherche biomédicale – et donc de la vie humaine – au cours des prochaines décennies.

Q. Y a-t-il déjà des réussites ?

Oui. La Fondation de recherche SENS, l’institution de recherche leader dans le domaine de l’approche SENS du rajeunissement, a une liste sur sa page d’accueil de toutes les publications dans les journaux scientifiques qui proviennent soit de son laboratoire interne, soit de projets de recherche financés par la fondation.

Cet article de Wikipédia est très utile pour retracer l’histoire de ce domaine de recherche jusqu’à présent.

Voici une feuille de route montrant à quels stades de développement se trouvent les différents composants des thérapies ciblées. Non seulement les progrès scientifiques, mais aussi les progrès organisationnels, publics et politiques.

Q. Que puis-je faire aujourd’hui pour vieillir plus lentement ?

Bien qu’il existe des preuves que certaines molécules peuvent retarder ou même inverser certains processus de vieillissement, il n’y a pas d’intervention actuellement disponible dont il a été démontré qu’elle ralentit le vieillissement chez l’humain. Les principaux candidats parmi les interventions actuellement disponibles sont la restriction calorique, la rapamycine, les inhibiteurs du SGLT-2 (surtout chez les hommes) et le 17-alpha-oestradiol (toujours chez les hommes). Cependant, même si elles fonctionnent, leur potentiel est beaucoup plus faible que celui des thérapies directes d’inversion des dommages de l’approche SENS, et elles ne peuvent pas être reproduites de manière similaire.

Q. Comment puis-je accélérer les progrès dans ce domaine ?

Si vous souhaitez contribuer à l’accélération du développement d’une médecine de rajeunissement plus efficace, vous pouvez commencer par de petits gestes : sensibiliser le public aux thérapies de rajeunissement en en parlant avec des amis, des collègues de classe ou de travail ou des membres de votre famille, donner des livres sur le sujet à des bibliothèques, des cabinets médicaux ou des hôpitaux, et donner de l’argent à des organisations qui se consacrent à la lutte contre le vieillissement (certaines peuvent le faire gratuitement, par exemple par le biais d’AmazonSmile).

Bien sûr, si vous êtes un milliardaire, un scientifique ou un étudiant dans des domaines potentiellement utiles pour la réjuvénation ou si vous avez plus de temps pour l’activisme, aujourd’hui est peut-être le premier jour du reste de votre vie en tant que longéviste professionnel. Vous pourriez un jour sauver de nombreuses vies, y compris la vôtre, celle de vos parents ou celle de vos enfants.


La bonne nouvelle du mois: 1 000 souris vont vivre le plus longtemps possible en bonne santé, une promesse d’engagement total pour la longévité de la part d’un scientifique.


Des essais de longévité sur des souris ont été annoncés par Aubrey de Grey et la fondation Longevity Escape Velocity. Ils devraient commencer dès janvier 2023 avec 1 000 souris de 18 mois qui suivront 4 thérapies différentes. On devrait avoir des résultats avant la fin de l’année.

Alex Zhavoronkov a exprimé une belle promesse de longévité : (…) À mon avis, il n’y a pas de cause plus urgente, plus altruiste, plus impactante, plus importante et plus ambitieuse que de permettre aux humains de s’améliorer continuellement. (…) Par conséquent, j’aimerais m’engager à donner tout ce que j’ai maintenant, et ce que j’obtiendrai à l’avenir, à une seule cause : l’allongement de la longévité productive et saine de tous les êtres humains. Au lieu de ne donner qu’une partie de ma richesse et de mon énergie à cette cause, je voudrais faire plus. Je m’engage à consacrer 100 % de mon temps et de mes ressources personnelles à l’accélération de la recherche et du déploiement clinique des technologies de la longévité. (…) 


Pour plus d’informations

LETTRE MENSUELLE DE HEALES. LA MORT DE LA MORT. N°163. Octobre 2022. le vieillissement dans La Classification Internationale des Maladies (CIM)

J’ai grandi en Nouvelle-Zélande et j’y ai vécu jusqu’à l’âge de 12 ans. Je me souviens qu’une fois, ma grand-mère est venue nous rendre visite et je n’avais jamais traîné avec quelqu’un de plus de 60 ans auparavant. Quand elle est arrivée, je me souviens avoir réalisé pour la première fois que lorsque je jouais avec mon frère, je pouvais courir partout et faire des cabrioles, mais que pour ma grand-mère, le simple fait de se lever d’une chaise était vraiment douloureux pour elle et cela m’a fait comprendre qu’elle avait une maladie et que nous devrions essayer de trouver un moyen de la guérir pour qu’elle puisse venir jouer avec nous, « Ils m’ont répondu « tu ne comprends pas que c’est un processus naturel » et quand j’étais enfant, j’ai pensé que c’était stupide. Pourquoi est-ce un processus naturel que nous devions tous avoir cette maladie? Laura Deming, chercheuse en biologie, Sommet HT 2017 (traduction).


Le thème du mois : Le vieillissement dans la Classification Internationale des Maladies (CIM)


Qu’est-ce qu’une maladie et qu’est-ce que la classification internationale des maladies ?

On appelle maladie un effet négatif sur le fonctionnement du corps d’un organisme et sur sa structure pendant une période prolongée. Les maladies s’accompagnent d’un ensemble de signes et de symptômes et peuvent avoir une cause externe (due à un agent pathogène) ou interne (dysfonctionnement du système immunitaire). Ce qui est considéré comme une maladie change avec les connaissances médicales, mais aussi avec les évolutions sociales et culturelles. Historiquement, certaines régions pauvres considéraient l’obésité comme un signe de richesse mais, dans le monde d’aujourd’hui, nous la considérons comme une maladie complexe. Dans un contexte similaire, l’homosexualité était également considérée comme une « maladie mentale ». Mais, en 1973, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) a supprimé « l’homosexualité égo-syntonique ».

En 1893, la classification de Bertillon des causes de décès a été présentée au congrès de l’Institut international de statistique à Chicago par le médecin français Jacques Bertillon, puis adoptée par plusieurs autres pays. Ce système reposait sur le principe de la « distinction entre les maladies générales et celles localisées à un organe ou à un site anatomique particulier ». La première édition a été publiée en 1900 et, jusqu’à la sixième version, très peu de changements ont été apportés. Dans la 6e édition, qui est parue en 1949, le titre a été modifié pour refléter les changements : Classification statistique internationale des maladies, traumatismes et causes de décès (CIM, en anglais ICD). À partir de ce moment, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a commencé à préparer et à publier les versions révisées de la CIM tous les 10 à 15 ans.

Le vieillissement est-il une maladie pour la CIM ?

La question de savoir si le vieillissement est une maladie ou non est controversée.

Le vieillissement tue lentement tous les humains du monde (qui ne meurent pas d’autres causes). Savoir si c’est une maladie ou non est en fait une question sémantique. Ce qui est sûr, c’est qu’il est la cause commune de toutes les maladies liées à l’âge et un facteur aggravant de presque toutes les maladies.

La CIM-10 (en 1990) comprenait déjà le code R54 pour la débilité physique liée à l’âge, R41.81 pour le déclin cognitif lié à l’âge et F03 pour la psychose sénile.

Dans la onzième et dernière version de la CIM, des codes ont été introduits pour une meilleure compréhension des maladies. Dans ce cadre, le code XT9T se référait à « lié à l’âge » et le code MG2A, au « Vieillissement », qui a ensuite été remplacé par « Déclin des capacités intrinsèques lié à l’âge » après avoir été critiqué.

Un groupe de scientifiques d’Amérique latine s’est en effet opposé à l’idée d’inclure le terme général de « vieillesse » en tant que maladie, craignant de renforcer les croyances « âgistes » largement répandues dans la société ainsi que chez les professionnels de la santé mentale et de la médecine. Ils soutiennent que le vieillissement peut conduire à certaines affections médicales ou mentales chroniques, mais que d’autres facteurs jouent un rôle beaucoup plus important dans la causalité de la maladie que l’âge lui-même. Selon eux, la fragilité est une entité clinique beaucoup plus homogène et mieux définie.

L’âgisme peut effectivement être un problème dans de nombreuses sociétés, mais l’immense majorité des souffrances dues au vieillissement proviennent de maladies et d’infirmités dues à la sénescence auxquelles nous ne pouvons pas encore échapper.

D’un autre côté, un grand groupe de scientifiques a ainsi fait valoir que le fait de classer le vieillissement comme une maladie avec un ensemble de codes « sans déchets » donnera lieu à de nouvelles approches et à de nouveaux modèles commerciaux pour aborder le vieillissement comme une condition traitable, ce qui entraînera des avantages à la fois économiques et sanitaires pour tous. Cela facilitera également la réalisation d’essais cliniques pour les chercheurs, car de nombreux pays suivent strictement la liste de la CIM pour les autorisations. Une fois qu’une maladie est reconnue dans cette classification, il est plus facile pour les scientifiques de faire financer leurs recherches. 

Le terme « vieillesse » peut être un terme âgiste, mais les processus pathologiques du vieillissement sont un facteur de risque majeur. Il est donc important de travailler sur le développement de thérapies nouvelles et améliorées, dans le but de ralentir et d’inverser les dommages causés par le vieillissement.

Ce qui est maintenant reconnu

La liste suivante des codes relatifs au vieillissement qui sont inclus dans la CIM-11 a été réalisée par Daria Khaltourina. XT9T est codé pour le vieillissement et est en combinaison avec les codes d’autres maladies. Cette longue liste peut être utile aux chercheurs qui souhaitent lancer des essais cliniques dans un domaine spécifique du vieillissement.

  • 3C0Y/Z&XT9T- Autres maladies spécifiées/non spécifiées du sang ou des organes hématopoïétiques liées au vieillissement
  • 4A20.Y/Z&XT9T- Autres immunodéficiences acquises spécifiées/non spécifiées liées au vieillissement (probablement le plus utile pour les essais cliniques)
  • 9E1Y/Z&XT9T- Autres maladies du système visuel spécifiées/non spécifiées liées au vieillissement
  • AC0Y/Z&XT9T- Autres maladies précisées/non précisées de l’oreille ou de l’apophyse mastoïde liées au vieillissement
  • BA00&XT9T- Hypertension essentielle liée au vieillissement
  • BA01&XT9T- Cardiopathie hypertensive liée au vieillissement
  • BA02&XT9T- Maladie rénale hypertensive liée au vieillissement
  • DE2Y/Z&XT9T- Autres maladies spécifiées/non spécifiées de l’appareil digestif liées au vieillissement
  • CB7Z&XT9T- Maladies du système respiratoire liées au vieillissement
  • BA80&XT9T- Athérosclérose coronaire liée au vieillissement
  • GA31.1&XT9T- Infertilité féminine secondaire liée au vieillissement
  • 8A00.2&XT9T- Syndrome de type parkinsonien lié au vieillissement/parkinsonisme secondaire
  • 8A03.3&XT9T- Ataxie acquise liée au vieillissement, non spécifiée
  • FA01&XT9T- Arthrose du genou liée au vieillissement
  • 2F34&XT9T- Tumeur bénigne des organes génitaux masculins liée au vieillissement
  • GB04.Z&XT9T- Infertilité masculine liée au vieillissement, non spécifiée.
  • EE40.31- Fragilité de la peau liée à l’âge 
  • EJ20-  Photovieillissement de la peau
  • MB21.0- Déclin cognitif associé à l’âge
  • EE40.Y- Autre atrophie ou dégénérescence spécifiée du tissu conjonctif dermique ou sous-cutané
  • 9B10.0- ataracte liée à l’âge
  • 9B75.0- Dégénérescence maculaire liée à l’âge
  • MG2A- Vieillissement – Diminution de la capacité intrinsèque liée au vieillissement

Conclusion

La CIM est importante car elle fournit un cadre commun pour l’enregistrement et le suivi des maladies de manière universelle entre différents pays, régions et hôpitaux. Cela facilite le partage et l’analyse de ces données à l’échelle mondiale.

L’OMS a estimé que « le dialogue a permis de trouver une voie à suivre dans ce domaine » et a affecté un processus spécifique à l’examen du terme « vieillesse ». Cet examen a conduit au retrait du terme « vieillesse » en tant que titre de catégorie et liste d’index de la CIM-11. Il a été remplacé par « déclin des capacités intrinsèques associé au vieillissement ». De plus, l’utilisation du terme « pathologique » comme code d’extension (XT9T) pour décrire le processus normal du « vieillissement » a été remplacé par le terme « biologique », beaucoup plus approprié.

Cette inclusion a été réalisée dans une large mesure grâce à la défense de la longévité, en particulier grâce à l’action menée depuis des années par l’International Longevity Alliance et ses principaux militants.

Ainsi, le vieillissement fait désormais partie de la CIM et peut être traité officiellement comme une condition médicale.


La bonne nouvelle du mois: Aubrey de Grey annonce  des « essais de rajeunissement » sur des souris


Le célèbre biogérontologue Aubrey de Grey’s a été interviewé par Phil Newman, rédacteur en chef de Longevity.Technology. Il a annoncé sa nouvelle fondation qui va commencer des « essais de rajeunissement » sur des rats.

Des interventions combinées et innovantes sur des souris âgées de 18 mois devraient être lancées. L’objectif est de doubler la durée de vie restante.

C’est une excellente nouvelle. En cas de succès, ce type d’expérimentation offre la preuve parfaite de l’efficacité d’une thérapie de longévité sur un modèle animal.


Pour plus d’informations

LETTRE MENSUELLE DE HEALES. LA MORT DE LA MORT. N°162. Septembre 2022. Les jumeaux numériques pour la résilience et la longévité.

Il est tout à fait envisageable que certaines personnes vivant aujourd’hui ne voient aucune limite supérieure (de durée de vie). Et il est tout à fait possible que certains d’entre nous dans cette conversation aujourd’hui voient 150, 200 ans. Et à ce moment-là (…) notre technologie sera si avancée qu’elle continuera simplement à progresser. George Church. Généticien. Longevity Mindset: Proof of Age Reversal (Traduction). Octobre 2020.


Thème du mois:  Les jumeaux numériques pour la résilience et la longévité.


Un jumeau numérique est défini comme un ensemble de constructions d’informations virtuelles qui imitent la structure, le contexte et le comportement d’un actif physique individuel ou unique, qui est dynamiquement mis à jour avec les données de son jumeau physique tout au long de son cycle de vie, et qui, en fin de compte, informe pour les décisions. C’est une représentation virtuelle d’un bien physique connecté et englobe l’ensemble du cycle de vie du produit.

Sa valeur découle de la capacité à déplacer le travail d’un environnement physique vers un environnement virtuel ou numérique et de la possibilité de prévoir l’état à l’avenir, ou lorsque cela n’est pas souhaitable physiquement, en exploitant le modèle numérique.

Dans les recherches de santé, pour qu’un double virtuel soit utile, il est nécessaire que suffisamment de données de la personne physique soient disponibles. Outre tous les marqueurs changeant peu ou pas (taille, poids, groupe sanguin…) ainsi que tous les indicateurs sociaux et de comportement (travail, alimentation,…), des dispositifs portables (« wearables« ) sont extrêmement utiles. À moyen terme, des capteurs nouveaux peu invasifs, internes et externes, pourraient être envisagés pour mesurer par exemple la digestion, la respiration, les excrétions…

Une modélisation tridimensionnelle peut être utilisée pour visualiser les compagnons numériques. Lorsque le système a été vérifié, des simulations informatiques de situation de santé et des comparaisons sont possibles.

Applications envisageables pour les personnes elles-mêmes

  • Aide à la décision en matière de diagnostic et de traitement
  • Surveillance des patients par les dispositifs portables avec « projection » des conséquences futures, par exemple, des battements de coeur anormaux prédicteurs d’un arrêt cardiaque.
  • Simulation de chirurgie – évaluation du risque chirurgical
  • Simulation des effets de modification de prise médicamenteuse, d’exercice, …

Application envisageables dans les domaines de la recherche

Une des raisons majeures pour lesquelles nous ne comprenons que très imparfaitement les mécanismes biologiques humains, dont ceux de la sénescence, c’est le manque de données accessibles aux chercheurs. Attention, ce n’est pas le manque de données lui-même qui rend l’observation difficile, c’est le manque de données partagées.

L’analyse comparative des données issues de jumeaux numériques permettrait de sauver de nombreux patients. Cependant, cette amélioration ne pourrait se faire sans changement d’attitude en matière de partage de données.

Le premier défi est celui de la vie privée. En théorie, les réglementations et les principes généraux du droit dans l’Union européenne et dans bien d’autres pays, permettent l’utilisation de données de santé des individus pour des motifs de santé publique. En pratique, ce n’est que rarement le cas. Il est aberrant et contraire au droit fondamental à une vie en bonne santé que l’accès aux données de santé soit, en droit ou en fait, impossible. À noter d’ailleurs que presque personne ne conteste que les données permettant l’établissement de ressources fiscales doivent être accessibles aux agents des administrations fiscales.

Les conditions « idéales » pour rendre utiles les données des jumeaux numériques seraient :

  1. Un enregistrement des données selon des méthodes qui autorisent la comparaison. Idéalement, au moins une partie des paramètres devraient être mesurés partout selon des méthodes donnant des résultats rigoureusement identiques.

  2. Une bonne « curation des données ». Il s’agit du « nettoyage » ou de la correction des données incorrectes. C’est un mécanisme complexe, car tant les « signaux faibles » que les « signaux anormaux » peuvent résulter d’une erreur de mesure ou annoncer un phénomène de santé imprévu.

  3. Les données des jumeaux numériques sont juridiquement un bien commun. Elles ne peuvent être consultées que  par des personnes accréditées et uniquement dans un but médical et de recherche. L’utilisation à des fins autres que scientifiques pourrait être réprimée pénalement.

  4. Pour les recherches scientifiques, un système de sécurisation, d’anonymisation ou de pseudonymisation serait institué chaque fois que c’est techniquement possible. Par exemple, les données pourraient n’être accessibles que pour des scientifiques garantissant de manière stricte que les résultats des recherches seront publiés et ne feront pas l’objet de brevets. Il est à noter que, par certains côtés, un système où l’accès aux données se fait presque exclusivement via votre jumeau numérique est plus sécurisé contre des usages illégitimes qu’un dossier chez un médecin. En effet, toute « entrée » dans le système pourra être retrouvée sans possibilité de « regarder discrètement en cachette ».

  5. Évidemment, la protection contre la cybercriminalité est un problème fondamental. Même s’il est un petit peu moins sensible que celui de la protection bancaire (moins de gens s’intéressent à votre diabète qu’à votre portefeuille!), votre santé est plus précieuse que votre portefeuille.

L’étude des jumeaux numériques permettrait de :

  1. Choisir des traitements plus adéquats en fonction de situations spécifiques, c’est-à-dire en tenant compte de « jumeaux numériques » ayant des conditions similaires pour de nombreux paramètres âge, sexe, passé et présent médical, alimentation, exercice, environnement géographique, social, exposition à des substances toxiques,…

  2. Déterminer avec plus de finesse les tests cliniques qui devraient être démarrés prioritairement et vers quels publics.

  3. Déterminer à partir de signaux faibles et d’éléments « surprenants » (sérendipité), des pistes de recherche pas suffisamment explorées.

  4. Effectuer les premiers tests sur des modèles informatiques (des « jumeaux numériques » de personnes existantes) remplaçant en grande partie tant les tests animaux que les tests cliniques.

Conclusion

A ce jour, sauf lors de graves détériorations de l’état de santé, peu de citoyens sont suivis constamment pour leur santé. Alors que, de plus en plus systématiquement, nous sommes suivis par de nombreux dispositifs électroniques, un jumeau numérique pourrait devenir à la fois un ange gardien pour chacun d’entre nous et une contribution aux progrès de santé de tous.


La bonne nouvelle du mois : objectif de 5 ans de vie en bonne santé de plus à Singapour


C’est un des États du monde où l’espérance de vie est la plus élevée. Les autorités publiques y sont attentives aux améliorations possibles  Le  NUHS Centre for Healthy Longevity singapourien où travaillent notamment deux brillants chercheurs Andrea Maier et Brian Kennedy a pour objectif de permettre une augmentation de cinq années de la durée de vie en bonne santé, les premières améliorations apparaissant dans 3 à cinq ans.


Pour plus d’information

Lettre mensuelle de Heales. La mort de la mort. N°161. Août 2022. Les effets du vieillissement sur le système osseux

J’ai décidé très tôt que le vieillissement était mauvais pour vous. Il rendait les gens malades et ensuite ils mouraient ». Cela semble si simple et si vrai. Pourquoi pensez-vous que beaucoup de gens ne prennent toujours pas au sérieux l’idée que le vieillissement peut et doit être combattu ?

Les gens se laissent facilement intimider par les informations scientifiques. Ils en reçoivent beaucoup, et la plupart de ces informations proviennent de personnes qui pensent au vieillissement d’une manière qui fait appel à la fantaisie et à la réalisation des souhaits. Les personnalités publiques qui parlent du vieillissement inventent généralement des choses et en font grand cas, sans que leurs propos soient étayés par des preuves détaillées. Cela rend les personnes intelligentes sceptiques, et il est plus difficile pour les personnes qui disposent réellement d’informations de s’élever au-dessus de cela en termes de clarté. Richard Miller, gérontologue. Mai 2022 (traduction).


Thème du mois: Les effets du vieillissement sur le système osseux


Introduction

Les os formant le squelette, surtout le crâne,  sont un symbole de mort dans de nombreuses cultures. Ce sont également les dernières parties de nous-mêmes qui subsistent, en cas d’enterrement, pendant des décennies, des siècles, des millénaires… Enfin, la dégradation de nos os est aussi une des nombreuses causes de mortalité suite au vieillissement.

Définition

Le système osseux assure la protection des organes internes ainsi que leur maintien. Il sert aussi de levier aux muscles pour permettre de nombreux mouvements.

Le squelette humain est composé de 206 os à l’âge adulte. Le système squelettique est constitué, outre les os, de cartilage, d’articulations et de ligaments. Il représente en moyenne 20 % de la masse corporelle. Les os sont rigides, mais le squelette, lui, est d’une grande flexibilité.

L’os est principalement constitué de fibres de collagène et d’un minéral osseux inorganique sous forme de petits cristaux et entre 10% et 20% d’eau.

Changements avec l’âge

Le vieillissement de l’appareil locomoteur est important car il touche l’un des facteurs majeurs de l’indépendance fonctionnelle. Il représente 75 % des problèmes de santé majeurs des plus de 75 ans.

Avec l’âge, la densité minérale des os commence à diminuer, c’est l’’ostéoporose. Les os perdent du calcium et d’autres minéraux. Cette perte de densité osseuse s’accélère avec l’âge, principalement chez la femme après la ménopause.

La colonne vertébrale se raccourcit à mesure que les disques vertébraux perdent progressivement du liquide et s’amincissent. Elle devient incurvée et comprimée.

Les os longs des bras et des jambes sont plus fragiles à cause de la perte minérale, mais ils ne changent pas de longueur. Cela rend les bras et les jambes plus longs par rapport au tronc raccourci.

De plus, lors du vieillissement, le cartilage à l’intérieur des articulations s’affine et les constituants s’altèrent, rendant celles-ci moins résistantes et plus vulnérables aux lésions. Le vieillissement du cartilage articulaire est dépendant de multiples facteurs morpho-génétiques, mais aussi de l’obésité et des microtraumatismes répétés engendrés par le travail ou le sport. Malheureusement, le cartilage articulaire ne se régénère pas et c’est pourquoi la chirurgie de remplacement articulaire prothétique est devenue si fréquente aussi bien au niveau de la hanche que du genou.

Le vieillissement touche également les muscles. On observe une perte musculaire, appelée sarcopénie (sujet de notre lettre mensuelle du mois de janvier 2022). Au cours de ce processus, la masse de tissu musculaire ainsi que le nombre et la taille des fibres musculaires diminuent progressivement.

Les effets de ces changements

Les os deviennent plus fragiles, plus petits et plus cassants.

La dégradation des articulations peut entraîner des inflammations, des douleurs, des raideurs, voire des déformations. Les changements articulaires affectent presque toutes les personnes âgées.

Le résultat de la sarcopénie est une perte progressive de la masse et de la force musculaires. Les mouvements ralentissent et peuvent devenir limités. Cette perte de force musculaire augmente la contrainte sur certaines articulations (comme par exemple les genoux) et peut prédisposer la personne à l’arthrite ou à une chute.

Pathologies fréquentes

L’ostéoporose est un problème courant, en particulier chez les femmes âgées. Les os se cassent plus facilement. Les fractures par compression des vertèbres peuvent provoquer des douleurs et réduire la mobilité.

La faiblesse musculaire contribue à la fatigue, au manque de dynamisme et à une tolérance réduite à l’activité. Les problèmes articulaires, allant d’une légère raideur à une arthrite débilitante (arthrose), sont très fréquents.

Le risque de blessure augmente car les changements de démarche, l’instabilité et la perte d’équilibre peuvent entraîner des chutes. Les chutes entraînent souvent des fractures et la probabilité de décès des personnes âgées. La fracture du col du fémur est particulièrement fréquente comme cause de décès.

Les mouvements involontaires (tremblements musculaires et mouvements fins appelés fasciculations) sont plus fréquents chez les personnes âgées. Les personnes âgées qui ne sont pas actives peuvent avoir des sensations anormales (paresthésies).

Les solutions pour prévenir les conséquences du vieillissement osseux
L’exercice physique est l’une des meilleures solutions pour freiner ou pour prévenir les problèmes musculaires, articulaires et osseux. L’exercice aide les os à rester solides.

Une alimentation équilibrée joue également un rôle important. Notamment pour les femmes qui doivent tout spécialement veiller à consommer suffisamment de calcium et de vitamine D à mesure qu’elles vieillissent.

Les solutions curatives

Les thérapies nouvelles visant une plus grande longévité du système osseux sont peu nombreuses. Des traitements médicaux existent néanmoins. Ils agissent sur les cellules osseuses en stimulant leur reconstruction par les ostéoblastes. Une alternative pourrait être l’emploi de cellules-souches.

Ces questions sont cependant rarement abordées, même dans la communauté longévitiste. Nous avons encore bien des possibilités de recherche et de réjuvénation dans ce domaine.


La bonne nouvelle du mois : La mort des mammifères est un phénomène partiellement réversible


Des scientifiques de l’université allemande de Bochum ont constaté que des marqueurs sanguins de la maladie d’Alzheimer étaient visibles jusque 17 années avant le déclenchement de la maladie. Il s’agit de biomarqueurs de la protéine  amyloïde-bêta indiquant un mauvais repliement.

Si cette étude est confirmée, elle est doublement positive. Cela signifie que la période disponible pour contrer ce qui déclenche la maladie, avant qu’elle ne soit invalidante, est longue. Cela confirme aussi l’hypothèse traditionnelle de l’origine de la maladie. 

Dans ce cas, il restera bien sûr à établir la thérapie qui parviendra à stopper le développement de protéines « nuisibles » et, par réaction en cascade, à arrêter la maladie.


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