La mort de la mort. Numéro 16. Juin 2010.

Je n’ai pas peur de mourir, j’ai peur de ne pas avoir assez vécu.
(Némo Nobody, le héros du film « Mister Nobody », le dernier être humain à mourir de vieillesse en 2092)

 


Thème du mois : Courte approche internationale de la lutte pour une vie plus longue.


Les Etats-Unis ont toujours une génération d’avance dit-on parfois. C’est en tous cas au coeur de l’Amérique du Nord que le premier ouvrage à vocation scientifique et à forte diffusion sur ce thème fut écrit « The Prospect of Immortality » par Robert Ettinger, dès l’année 1962. Et Bill Clinton déclarait à la maison blanche, en octobre 1999, We want to live forever, and we’re getting there (Nous voulons vivre pour toujours et nous y arriverons).

Des millénaires auparavant, le premier écrivain (ou plus probablement les premiers écrivains) qui s’attaqua littérairement à la grande faucheuse était un des tous premiers auteurs de l’histoire littéraire de l’humanité. Son nom s’est perdu dans la nuit des temps. Mais l’épopée de Gilgamesh, son œuvre, est un récit de lutte sans succès pour l’immortalité qui se déroulait dans les plaines de la Mésopotamie à une époque où l’écriture venait à peine d’être inventée.

Bien plus tard, un des premiers philosophes connus qui envisagea que la science permette une vie presque sans limitation vécut en France au 18ème siècle. Il s’agissait du marquis de Condorcet qui écrivit « Serait-il absurde, maintenant, de supposer que ce perfectionnement de l’espèce humaine doit être regardé comme susceptible d’un progrès indéfini, qu’il doit arriver un temps où (…) la durée de l’intervalle moyen entre la naissance et cette destruction n’a elle-même aucun terme assignable? . Et c’est en France aussi, à Arles, que vécut jusqu’à 122 ans, Jeanne Calment, la femme qui atteint l’âge le plus élevé de l’histoire de l’humanité.

Pour des raisons de niveau économique, de traditions alimentaires mais aussi probablement de patrimoine génétique, c’est au Japon et à Hong-Kong que l’espérance de vie est actuellement la plus haute au monde. C’est aussi en Asie que les technologies progressent le plus rapidement dans les domaines de la robotique. Il s’agit d’aider les personnes âgées à pouvoir être autonomes grâce à des moyens technologiques qui n’existent pas encore.

Dans la Russie présoviétique est né un mouvement philosophique, d’inspiration partiellement chrétienne orthodoxe, le cosmisme. Un de ses plus célèbre propagateurs, Nikolaj Fedorov estimait que l’immortalité des êtres humains, d’un point de vue éthique mais même d’un point de vue scientifique (!) devait concerner non seulement les générations qui nous succéderont mais même devrait un jour permettre de faire revenir à la vie ceux déjà décédés.

C’est en Chine que les efforts les plus gigantesques ont été effectués il y a déjà des millénaires pour permettre une vie sans vieillissement. Il y a 2220 ans, Qin Shihuangd, le premier empereur mourait, probablement notamment suite à l’ingestion de mercure qui était censé lui permettre d’accéder à l’immortalité. Ce fut une tradition millénaire des alchimistes de l’empire du milieu de chercher le secret d’une vie sans limites. Et des recherches intenses se poursuivent également, notamment pas très loin en Corée afin de mieux comprendre et maîtriser les cellules-souches qui pourraient un jour diminuer considérablement les mécanismes du vieillissement.

Enfin, une des plus belles raisons d’agir pour une vie en bonne santé beaucoup plus longue a été décrite par le sénégalais Amadou Hampaté Bâ « Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ».

Mais le futur d’une vie avec un vieillissement négligeable est peut-être ailleurs. Peut-être dans la mer des Caraïbes d’où provient une étrange méduse qui se répand de par le monde. Turritopsis nutricula a un cycle de vie qui comprend une phase d’avancée en âge jusqu’à la maturité sexuelle et puis une phase de rajeunissement qui fait que cet étrange invertébré de petite taille semble ne jamais mourir de vieillesse. Peut-être, faut-il chercher dans les déserts de l’est africain où e rat-taupe-nu est un rongeur qui vit une trentaine d’années, bien plus longtemps que les rongeurs ordinaires ou encore près des côtes islandaises ou a été découvert un « quahog nordique », petit mollusque venu du froid et ayant atteint l’âge de 400 ans.

Encore que le futur d’une vie beaucoup plus longue en bonne santé se trouve le plus probablement dans ce qui n’est pas un lieu géographique mais virtuel, le lieu de la rencontre d’idées et de techniques venus de laboratoires d’origines multiples et qui n’existait pas pour la plupart d’entre nous il y a moins de 15 ans. C’est-à-dire une éternité en terme de progression technologique.

 


La bonne nouvelle du mois: Premiers poumons « régénérés » chez les rats.


Dans un laboratoire du Connecticut, dans l’Université de Yale, des scientifiques ont « décellularisé » des poumons de rats, c’est-à-dire qu’ils n’ont gardé des poumons que la structure. Ils ont ensuite « recellularisé » ces poumons avec des cellules souches et puis réalisé une greffe de ces organes sur d’autres rats. Les poumons ont permis aux animaux de respirer pendant quelques heures.

Cette expérience illustre la progression constante en matière de régénération cellulaire. Les greffes de poumons ont actuellement un taux d’échec très important. Il reste encore cependant bien des étapes avant une greffe similaire chez l’être humain notamment vu la différence de taille de l’organe respiratoire. Et plus de chemin encore pour d’autres organes.

 


 

• Pour en savoir plus :
http://sens.org
http://imminst.org
http://heales.org
http://immortalite.org

• Pour en savoir plus à propos de la régénération de poumons :
http://news.sciencemag.org/sciencenow/2010/06/rats-breathe-with-lab-grown-lung.html

• Pour réagir ou recevoir la lettre d’information :
info@heales.org

• Source de l’image :
http://www.flickr.com/photos/riot/90669495

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